Chapitre 21

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Sans surprise, une escorte de dix sorciers à tendance à repousser la majorité des nuisibles à crocs. Ils sont apparus, ont jaugé la menace et sont repartis un à un sans un mot. Même l'attrait au combien incroyable de notre sang humain ne peut pas pousser un vampire au suicide. J'ai manqué de faire une petite crise de panique lorsqu'un loup est apparu au coin d'une rue, mais il n'a pas paru plus motivé que les autres à se frotter à nous. Tant mieux. Je ne crois pas être prête à affronter ce genre de créature. Même en sachant tout ce que je sais sur eux désormais, il y a toujours une part de moi qui les craint plus encore qu'un démon. J'imagine qu'on n'efface pas si aisément le souvenir de sa première mort. Il faudrait que je demande à Ash le souvenir qu'il en a. Ou peut-être pas... Je n'ai pas particulièrement envie de lui rappeler la moindre chose en rapport avec Antonia.

− Tu es bien silencieuse, me fait remarquer Anya.

Je dois dire que mettre un nom sur le visage de celle qui a tenté de nous tuer m'a d'abord un peu perturbée. Elle était une sorcière. Un obstacle, petit certes en comparaison des autres menaces auxquelles nous avons eu affaire ces derniers temps, mais tout de même. Un obstacle dont on peut se débarrasser au besoin. Désormais elle a un nom, un âge et même un humour déplorable. C'est une personne. Et je ne sais pas si je serais en mesure de faire le nécessaire s'il lui prenait l'envie de redevenir une menace. Trig n'hésiterait pas. Ash non plus. Declan peut-être sous sa forme humaine, mais face au danger, il le reste rarement longtemps. Même Camille en serait capable, elle l'a fait toute sa vie. Alors pourquoi je me sens si mal à l'idée de faire ce que tous feraient à ma place ?

Parce que je ne suis pas Tryg. Ni Ash, ni aucun d'entre eux. Du moins j'essaye de m'en convaincre. Je suis capable du pire, mais pas toujours, pas en toutes circonstances.

− Qu'est-ce que tu comptais faire de nous ? Je veux dire, après que Beti nous ait pendue au plafond, qu'est-ce que tu avais prévu ?

− Généralement j'attends un peu que la proie se calme ou abandonne, puis je m'approche en silence et je lui tranche la gorge. Une fois qu'il n'y a plus de danger je me charge du cœur et je le ramène à la maison.

− Charmant... grimacé-je.

Elle hausse les épaules.

− C'est la Purge. Ce sont les règles du jeu. Tuer, être tué, ramener un preuve.

Les rues s'élargissent à mesure que nous nous éloignons du centre-ville. La vue se dégage ce qui nous laisse apercevoir quelques groupes d'ennemis qui zonent à la recherche d'une cible facile. Quelques lampadaires ont survécu à cet enfer et éclairent partiellement la route. Loin devant nous, des voitures ont été alignées, leurs feux allumés et braqués droit sur nous.

− Pourquoi auriez-vous besoin d'une preuve ? Qui vous le demande ?

Elle me lance un regard de travers.

− Les démons. Pour jouer il faut tuer, et pour vivre, il faut jouer. D'où tu sors toi ?

C'est donc pour cette raison qu'ils se sont empressés de récupérer les organes atrophié des vampires que j'ai tué juste avant notre départ. Il leur faut une preuve du meurtre.

La curiosité avec laquelle elle me détaille depuis la « mort » de Beti ne cesse de croître. Ses compagnons sont bien plus réservés, ils osent à peine poser un regard sur moi. La seule exception à cette règle s'appelle Darin et il y a tant de mépris dans ses yeux qu'il me donne l'impression de m'être récemment roulé dans la merde. Une chance qu'il soit trop préoccupé à me détester pour accorder la moindre importance à la jeune chasseuse qu'il tient dans ses bras.

− C'est compliqué...

− Ton clan t'a mis dehors ? C'est vrai que c'est risqué d'avoir une sorcière si peu... enfin... te vexe pas, mais tu sens vraiment l'humain, ta lignée a dû être diluée des dizaines de fois ! C'est incroyable que tu puisses encore utiliser la magie. Elle aussi elle est comme toi ?

Let's BiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant