Chapitre 19

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Je serre les dents, ferme les yeux et j'attends. J'attends ce moment où l'air manquera et où l'instinct me poussera à accepter cette chose dans mes poumons. Mais cet instant ne vient pas. Quelque chose qui ressemble fort à la gravité me fait chavirer et alors que la glace liquide qui m'entoure disparaît, mon corps tombe. J'ouvre grand les yeux, terrifiée au moment où mon dos heurte une surface dure et humide.

− Mave !

Ma tête cogne à son tour. Face à moi, un trou de nuit liquide recrache le corps ensanglanté de Barik. Je roule pour éviter qu'il ne me tombe dessus et tombe nez à nez avec Camille.

− J'ai bien cru qu'on allait y passer ! s'écrie-t-elle en m'aidant à me relever.

La seule chose qui empêche le soulagement de transformer mon visage en chute d'eau est l'homme ou plutôt la chose qui se redresse dans mon dos.

− Pitié dis-moi qu'il te reste des armes, supplié-je en reculant d'un pas.

Elle se penche et récupère une fine lame à l'arrière de ses bottes.

− La dernière, confirme-t-elle en se positionnant, prête à se battre malgré son poignet cassé et sa cuisse labourée par les griffes de notre adversaire.

Mais Darik ne fait pas mine de s'approcher. Il lève les mains désormais redevenues humaines en signe de paix et désigne le mur d'un bref signe de tête. Ses yeux ont eux aussi repris leur couleur brune.

− Si j'étais toi l'ange, j'effacerais ce portail avant que le démon qui l'a traversé ne vienne chercher sa revanche. Ça guérit vite un démon, ajoute-t-il devant mon immobilité.

Camille me jette un regard et hausse les épaules. Dans tous les cas, il est hors de question de repasser par là pour retourner d'où nous venons. J'approche du mur de brique et passe une main sur les symboles incandescents. Tout disparaît pour ne laisser qu'un mur profondément fissuré dont les briques tombent en morceaux.

− Je vous ai fais gagner un peu de temps, mais honnêtement je vois mal ce que je pourrais faire de plus à ce stade.

− C'est marrant ce n'est pas l'impression que j'ai eue lorsque tu m'étranglais, répliqué-je.

− Si j'avais cherché à t'étrangler tu n'aurais pas eu l'occasion de me mordre.

− Pourquoi est-ce que tu ne l'as pas fait alors ? intervient Camille.

Je jette un œil vers elle. Son corps tremble à l'image du mien, mais ses plaies à elles semblent plus profondes.

− Ton petit ange m'a libéré de l'emprise de mon maître et je ne me bats pas gratuitement. Même pas contre des furies dans votre genre.

Je ne peux pas m'empêcher de tiquer face à ce surnom qui n'a pas l'air d'en être un.

− Je ne suis pas un ange.

− Non, mais c'est tout comme tant que tu auras son pouvoir. Hagrial est un beau salaud, mais on peut dire qu'il est particulièrement doué pour faire chier les démons. Tu lui ressembles pas mal sur ce point j'imagine.

− Hagrial ? répété-je sans comprendre.

− Ton maître, explique-t-il. L'ange qui t'a choisi.

J'échange un regard avec Camille sans trop savoir ce que je suis supposée faire de cette information. Ce n'est pas de son nom dont j'ai besoin, mais plutôt d'un moyen de lui mettre la main dessus.

− Tu sais où il est ?

− Non, je suis une raclure, on ne donne pas ce genre de détails aux démons dans mon genre.

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