Chapitre 11

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Lovée contre le torse chaud de Ash, je tente de prolonger cette sieste au maximum. D'une part parce que je suis exténuée, mais surtout parce qu'ainsi notre relation me semble plus simple. Pas de conflits, pas de doutes, juste la certitude de sa présence à mes côtés.

Sa main glisse le long de mon visage avec douceur.

− Au cas où tu aurais un doute, je sais très bien que tu ne dors plus.

− Je sais, je sais, on ne peut rien cacher à un vampire qui n'a rien d'autre à faire que d'espionner le rythme de ma respiration.

Ses doigts s'immobilisent. Il inspire assez fort pour faire bouger ma tête et soupire bruyamment.

− Tu es encore en colère.

Je me redresse, m'étire le cou et contemple le vampire avachi sur le siège arrière. Ses cils longs et noirs, ses yeux faits d'un mélange de miel et d'or qui me rendent mon regard avec leur intensité naturelle. Ses cheveux noirs comme la nuit qui se chamaillent sur son crâne et me supplient d'y glisser mes doigts et ce maudit corps tout en muscles secs sur lequel j'étais vautrée une minute plus tôt. La pâleur de sa peau m'indique qu'il faudra bientôt qu'il se nourrisse. 

Très bientôt.

− Non. Je ne suis pas en colère. Où sont les autres ?

− Partis faire un tour, tu ronfles trop fort pour eux.

J'écarquille les yeux, vexée, avant de comprendre qu'il se paye ma tête.

− C'est méchant.

Ses lèvres se fendent d'un sourire moqueur.

− Pour ta gouverne, je pourrais faire tout un tas d'autres choses au lieu de servir d'oreiller à une gamine ingrate.

Je lui décoche un regard noir. Voilà, c'est exactement pour ça que notre relation se détériore depuis notre sortie d'Osen. Là-bas il me traitait comme une petite chose fragile et naïve, trop jeune et trop faible pour comprendre le monde dans lequel elle avait atterrit. Mais il avait raison, d'une certaine manière. J'étais une pauvre humaine terrifiée qu'il pouvait manipuler à sa guise. Sauf que les choses ont changé, mon humanité en a pris un coup. Mais surtout, notre relation est... différente. Il l'a nié, il est parti et finalement il est revenu, il m'a sauvé des chasseurs, il m'a soigné, consolé, embrassé ! Pourtant il continue de me traiter comme si j'étais une petite fille capricieuse dont il aurait, par inadvertance, obtenu la garde.

− Ash, qu'est-ce que tu ressens pour moi ? Je veux dire pour de vrai, qu'est-ce qu'il y a entre nous ?

On a suffisamment tourné autour du pot. Je n'en peux plus de me demander si ce qu'on partage signifie la même chose pour lui que pour moi.

J'y suis peut-être allée un peu fort pour une entrée en matière. Il hausse les sourcils, une franche expression de surprise vient remplacer son petit sourire agaçant.

− N'ai pas peur de me vexée, sois juste honnête. Parce que moi, je suis amoureuse de toi tu vois, je le sais, Melanthe s'est arrangée pour que je le comprenne. Il n'y a jamais eu de lien, de magie ou je ne sais quoi. Mais toi... toi tu... Je ne sais pas ce que je suis pour toi. Je sais que tu tiens à moi, je sais que tu aimes mon sang, que ton espèce d'instinct vampirique te rend possessif envers moi. Mais... Je veux plus Ash.

− C'est le « gamine » qui t'as vexé ?

− Arrête de dévier le sujet ! Évidemment que ça m'a blessé espèce de crétin. Tu es vieux bon sang, au moins dix fois plus que moi si ce n'est pas plus et j'ai constamment l'impression de ne pas être à la hauteur de ce que tu pourrais vouloir. Alors oui, quand tu me traites de gamine je me vexe, quand tu me dis que je te fais pitié, je me vexe, quand tu me surprotèges ça m'agace ! Je ne veux pas être inférieur à toi. Pas s'il doit y avoir quelque chose entre nous.

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