Tremblant de froid en trempant mes orteils dans l'eau glacée de la Manche, Adam m'attrapait la main pour qu'on fasse le chemin ensemble.
J'avais laissé mon costume sur le sable, j'avais eu honte d'abord, quand j'avais vu ma culotte petit bateau et mon soutien gorge push up qui essayait de révéler un tant soit peu de poitrine.
Mais le regard soutenant et rieur d'Adam m'avait rassuré.- Putain c'est froid, il disait.
Il lâchait ma main, pour plonger d'un seul coup dans l'eau glacée, m'éclaboussant par la même occasion.
En ressortant, éclairé par la pleine lune, il se retournait vers moi.- Tu viens, Daphné ?
- J'ai trop froid, j'y arrive pas.
Il se levait, sortant une partie de son buste musclé de l'eau, se rapprochant de moi dangereusement, jusqu'à me surplomber de plus d'une tête de haut.
C'est dingue comme on peut se sentir proche, en connexion, avec une personne qu'on ne connaît pas. Ça ne m'était jamais arrivé. Ce soir je ne pense à rien d'autre qu'à moi et à Adam. Je ne pense pas à ma colère pour Armelle, à mon manque de Léo et de mes parents, à ma déception pour Ken.
Je pense à Adam, qui m'attrape les mains, qui me tire plus loin dans l'eau, à son corps chaud, collé au mien, qui me réchauffe.
Je pense à ses mains, qui caressent mes épaules lorsqu'elles rentrent sous l'eau, pour les réchauffer.
Je pense à son sourire qui grandit lorsque je lui jette un bout d'algue dans les cheveux.(...)
- Tu aimes l'art, donc ?
Allongée dans l'eau, en étoile de mer, Adam est assis derrière moi, il tient ma nuque et garde ma tête hors de l'eau, promenant mon corps.
- Oui. Et toi tu aimes les gens, donc ?
J'avais appris qu'Adam était en études de psychologie depuis peu. Ça m'avait encore plus charmé.
- Si je te dis que j'aime encore plus la souffrance des gens, tu continues de passer la soirée avec moi ou je passe pour un gros psychopathe ?
Je me rasseyais dans l'eau pour garder mes épaules à la même hauteur que les siennes, me rapprochant de lui.
- Si je te dis que ça me plaît encore plus, est ce que je passe pour une grosse psychopathe ?
Il entourait doucement mon corps de ses bras, assez lentement pour que j'ai l'impression que silencieusement, il me demandait mon accord.
- Tu t'appelles comment, Daphné ?
- Odraz.
Son visage se rapprochait du mien, l'une de ses mains se plaçait sur ma joue et l'autre restait sur ma hanche. Mon coeur battait à mille à l'heure alors que mille questions se battaient en duel dans ma tête.
- Et tu n'as pas 18 ans Odraz, pas vrai ? Il chuchotait.
Je souriais timidement, lui donnant réponse, alors que ses lèvres avaient fini par rencontrer les miennes dans un mouvement délicat.
C'était la première fois que j'embrassais un garçon. Finalement, c'était pas si dur que ce que j'imaginais, je n'ai pas dû réfléchir au sens dans lequel ma langue devait tourner, ou si j'avais bonne haleine. Déjà parce qu'Adam est resté très correct et que sa langue n'a pas touché la mienne, mais aussi parce que comme l'intégralité de la soirée, ce baiser est resté hors du temps et inqualifiable.Est ce qu'on peut tomber amoureuse de quelqu'un après 3 heures de rencontre ?
Nous étions retourner sur la plage quelques instants après, puis à la soirée.
J'ai été frustrée lorsque la soirée s'est terminée et que je me suis rendue compte que ce n'était qu'une éclipse, qu'un brin de temps mais que des le lendemain, et des mon retour à Paris, tout serait comme avant. Frustrée de savoir que je ne serai plus jamais Daphné. Frustrée de ne pas savoir si Adam avait ressenti la même chose que moi, si ça lui avait semblé aussi unique, à lui aussi.J'étais rentrée avec Nathan qui avait partagé sa fin de joint, pour calmer mes maux.
Je lui avais raconté et il m'avait donné le numéro d'Adam. C'est à ce moment là que je m'étais rendu compte que j'avais perdu mon téléphone, sûrement resté sur le sable, à côté de ma perruque.On s'était couché côte à côte avec Nathan, bien que l'espace d'une seconde j'ai rêvé me coucher à côté d'un autre garçon, pour la première fois de ma vie.
Nos visages en face à face, j'avais demandé à Nathan de me parler d'Adam. J'étais devenue accro en quelques heures, ça ne me ressemblait pas. Je me promettais que le lendemain, je tenterai de l'oublier.J'avais essayé. Le lendemain, le sûr-lendemain et toute la semaine a Deauville qui avait suivie. Pourtant, à chaque fois qu'on sortait se promener, j'espérais le revoir. Nathan m'avait bien proposé de lui donner rendez vous avec son téléphone, mais j'avais décliné, trop peureuse. Non, comme une bonne sadomasochiste, je souhaitais rester dans le flou de l'attente.
On avait fini par rentrer à Paris. Déjà, ça m'avait permis de mettre de la distance avec ce qu'il s'était passé en Normandie. J'avais tout raconté à Lisa qui, avec toute sa distance à l'amour, m'avait remis les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Nathan, lui, gardait l'espoir d'une romance possible avec Adam, il imaginait que ce dernier quitterai Le Havre pour venir faire ses études à Paris, pour moi, et qu'on vivrait une belle histoire d'amour.
Sauf qu'il a oublié quelques instants que ma vie à moi, en ce moment, elle est plus catastrophique que digne d'un film romantique.
Parce que pour couronner la fin des vacances et la déprime environnante, j'avais dû m'acheter un nouveau téléphone avec le peu d'argent qu'il me restait et en demandant une avance à mes parents. Ça voulait aussi dire que je ne m'achèterai plus de peinture avant un bout de temps.
Mais c'est en reconnectant mon nouveau téléphone à ma nouvelle carte SIM, en transmettant mon numéro à Nathan et à ses mères que je me rendais compte du numéro que j'avais perdu.
Je n'avais plus le numéro de Ken, et lui, n'avait plus le mien.
Désormais nous étions séparés par toute l'immensité de Paris et de ses deux millions d'habitants.
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ODRAZ
Fanfiction« - Qu'est ce que tu me veux Ken ? - Qu'est ce que je te veux ? Tu dors à droite à gauche, tu fumes de la weed, tu lâches les cours et tu me demandes ça ? - Mais tu te prends pour qui ? - Pour quelqu'un qui s'inquiète un minimum pour toi ? Putain...