Perdue au milieu des couloirs de métros, de la foule désagréable, je tournais sur moi même à la recherche d'un simple signe pour me montrer le bon chemin, la bonne voie, pour rentrer chez ma sœur, qui n'était visiblement pas venue m'accueillir Gare Montparnasse.Alors me voilà.
Seule dans cette ville inconnue, entourée d'un inconnu encore plus vaste. Il était déjà tard, plus de 20 heures, et les agents en capacités et normalement là pour m'aider, ne l'étaient plus. Je sentais le métro gronder sous mes pieds et je décidais de prendre le premier couloir, et de monter dans le premier métro.
Juste pour partir. Pour avancer.Assise, dans mes pensées, sur un banc, en plein milieu d'un parc, juste à coté de la bouche de métro, j'attendais que ma sœur s'inquiète ou au moins, qu'elle réponde à mes messages. C'est elle qui devait venir. Elle l'avait promis à mes parents.
Sans elle, et à ce moment précis, je ne savais pas comment rentrer.Mais sur ce banc, je trouvais l'air nécessaire, et je me sentais bien, alors j'attendais. Il était 21h27, nous étions en juillet, il faisait bon. Un couple de quadragénaire passait devant moi, j'aurais pu leur demander mon chemin, mais je ne le faisais pas.
J'aimais attendre, observer, réfléchir. Ce soir, je n'avais pas vraiment le choix, c'est vrai, on m'imposait de dépendre de ma sœur, je ne connaissais ni la ville de Paris ni le fonctionnement de ses métros. Pourtant, j'aurais pu demander de l'aide ou chercher à m'en sortir seule, et je ne le faisais pas.Des échos de voix bruyantes sortaient de la bouche de métro et arrivaient jusqu'à moi. Une dizaine de garçons en sortaient en se bousculant et en rigolant, je les observais, assise sur mon banc, avec ma grosse valise. L'un d'eux croisait mon regard. Il avait l'air bien plus vieux que moi, et avec sa dégaine et son regard sombre, j'aurais du avoir peur, mais je maintenais son regard. Les autres autour de lui se rendaient compte que je les fixaient, et suivaient le premier garçon, qui s'avancait vers mon banc pour se planter devant. Ils étaient 6, pouvant faire peur à n'importe qui, surtout à moi avec leurs corps imposants et leurs airs matures. Pourtant je n'avais pas peur, ils ne me regardaient pas d'un œil mauvais. Juste curieux. Le premier que j'avais aperçu, rasé, avec une grosse barbe, commençait la conversation d'une voix rauque, complètement flippante, alors qu'ils me surplombaient tous, debout devant moi, assise.
- Salut.
Je restais de marbre, n'arrivant pas à sortir un mot, impressionnée et vulnérable. Je les regardais un par un, en silence, comme pour chercher de l'aide. Ils étaient tous aussi impressionnant les uns que les autres. Certains avec des regards ténébreux, d"autres des casquettes, capuches ou bonnet, il y en avait même un, immense et qui fumait quelque chose que je n'avais jamais vu avant.
- Laisse moi faire, Mek.
Sortant de derrière les autres, un garçon plus petit s'approchait. Ses cheveux longs aux épaules, et surtout sa voix douce me faisant penser à Léo, et me rassuraient. Il venait se poster devant mon banc et s'agenouillait pour être à ma hauteur. Son regard tentait de se planter dans le mien.
- Je m'appelle Ken. Et toi ?
- Odraz.
- D'accord Odraz. Il jetait un coup d'œil à ma valise. T'es toute seule ici ? Qu'est ce que tu fais ?
- J'attends.
Silence.
- T'attends quoi ?
Tous me regardaient, attendant une réponse que moi même je ne connaissais pas. Certains soufflaient même d'impatiente, seul Ken semblait s'intéresser à mon cas. Je ne voyais pas quoi répondre de plus, car j'étais réellement perdue, ma sœur travaillait, mon téléphone était presque vide de batterie, et je n'y connaissais rien en transport en commun parisien.
Alors, je répondais de la plus simple des façons, haussant simplement les épaules.J'aimais bien hausser les épaules, ça me permettait de ne pas me positionner sur une réponse claire.
- Laisse tomber Nek, elle est trop jeune pour toi, intervenait un autre, avant que les autres garçons rigolent.
- Réponds moi clairement, on va rien te faire, qu'est ce que tu fais là ? T'es qu'une gamine seule en plein Paris avec sa valise, et c'est pas super fréquent ça.
- Je suis perdue, je connais pas ici, personne est venu me chercher à la gare, alors j'ai pris un métro au hasard, je suis sortie et me suis assise ici.
Tous se taisaient et se regardaient entre eux. Ils se parlaient presque avec leurs yeux. Ken se levait, et, sans cette présence rassurante à ma hauteur, je me sentais de nouveau seule et vulnérable. Ken se frottait la nuque, soufflait puis semblait demander l'accord de ses amis en les regardant d'un coup de tête.
- Alors Odraz, nous on allait manger, alors je te propose que tu viennes avec nous et qu'ensuite, on te ramène chez toi. Y'a quelqu'un qui t'attends là où tu vas ?
- Je sais pas, je baissais la tête.
Et c'était vrai. Qui sait si, quand je rentrerai, ma sœur serait présente ou alors, si je me retrouverai seule pour mon premier soir dans la capitale. Et j'avais faim.
- Je peux venir avec vous manger du coup ?
Un des garçons, celui qui me paraissait être le plus vieux, souriait et acquiesçait. Me voilà à suivre une bande de mecs, de peut être dix ans mes aînés, traînant ma valise. Ma nouvelle vie à Paris me plaisait déjà.

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ODRAZ
أدب الهواة« - Qu'est ce que tu me veux Ken ? - Qu'est ce que je te veux Odraz ? Tu dors à droite à gauche, tu fumes de la weed, tu lâches les cours et tu me demandes ça ? - Mais tu te prends pour qui ? - Pour quelqu'un qui s'inquiète un minimum pour toi ? P...