Nous étions vendredi et cela faisait 1 semaine que j'avais rencontré Nathan et Lisa. Alors que je n'avais jamais été à l'aise en société et surtout avec les gens de mon âge, avec eux c'était différent. Nathan et Lisa étaient opposés à moi. Ils étaient fous, souvent à chercher comment faire passer une chose banale pour une expérience exceptionnelle et inversement. Lisa était passionnée d'histoire et de natation, elle avait une tignasse blonde qui m'impressionnait et son caractère impulsif me faisait même parfois peur. Nathan lui, aimait également l'art, mais plus sous sa forme musical, et il était également passionnée de danse. Il était le cliché pur de l'ami gay, par excellence. Lorsque j'étais entrée dans "le Temple", ils avaient tout de suite compris que j'étais nouvelle mais surtout que d'après eux, ils manquaient le troisième œil à leur groupe. Après cela, j'étais restée à chaque pause et à chaque sortie de lycée avec eux, et pendant toute la semaine, à aucun moment je ne m'étais sentie de trop, exclue ou incomprise. Je commençais même à me demander si nous n'étions pas devenue amis. Mais la chose que je ne comprenais pas, c'était que je n'étais à Paris que depuis une vingtaine de jours, et je m'étais déjà rapproché de plus de personnes que dans toute ma vie à Bordeaux. D'abord Ken et les garçons, puis Nathan et Lisa. J'en venais à me demander si ce n'était pas moi qui avait changé, si finalement,avant, ce n'était pas les autres, mais moi-même le problème.
Ce vendredi, j'étais d'autant plus excitée puisque j'avais reçu un message de Ken qui me prévenait qu'il venait me chercher après le lycée. Je ne savais même pas pourquoi mais je continuais à être surprise par le côté avenant et gentil de Ken.
Je sortais alors de ma dernière heure de maths et me dépêchais de passer chercher mes amis devant leurs classes pour sortir du lycée avec eux, comme d'habitude depuis notre rencontre.
Nous marchions tout les trois, Nathan et Lisa débattant encore sur la façon dont ils allaient passer leur weekend, alors que moi je cherchais Ken du regard. Je le trouvais enfin alors qu'il nous regardait déjà, et je disais rapidement au revoir à mes deux acolytes.- Salut.
Il se penchait en avant pour me faire la bise et pour une fois face à ce geste, je ne ressentais pas l'envie de partir en courant face à ma gêne. Il me souriait alors que nous commencions à marcher.
- C'était tes amis ?
- Amis je sais pas, je les connais que depuis mardi, mais, je pense qu'ils peuvent le devenir. Ils aiment l'art aussi tu sais.
Il haussait les sourcils en baissant rapidement le regard vers moi.
- Tu es quelqu'un de passionnée Odraz, c'est bien ça, ils t'aimerons.
- En parlant de ça, tu voudras bien venir me donner ton avis sur un truc à la maison ? Il me regarde de toute sa hauteur, surpris et avec un sourire en coin. Oui je sais c'est bizarre, parce qu'on se connaît depuis pas longtemps, mais voilà, je voyais que toi...en qui je peux avoir, confiance ?
- Eh, je t'ai pas demandé de m'expliquer pourquoi. Et puis je serai super fier d'être celui à qui tu fais confiance au point de me montrer tes travaux.
Je lui souriais en levant la tête vers lui et nous continions à marcher un bon moment, pourtant je ne savais toujours pas vers où il m'amenait.
- On va où en fait ?
- Déjà on va aller manger un truc, pour le goûter...je le coupais en pouffant de rire
- Un goûter ? Tu me prends pour une enfant ou quoi ?
Il me lançait un sourire en coin en baissant la tête vers moi.
- Il est 18h, tu viens de sortir des cours, tu as faim non ?
En plus il avait raison, et ça m'énervait presque. En guise de réponse, j'haussais les épaules, tandis que nous nous dirigions vers une rue adjacente au lycée, nous éloignant de la foule d'élèves, et nous engouffrant dans un espace moins bruyant.
Le trajet fut silencieux. J'avais déjà remarqué que Ken aimait le silence. Comme moi. Contrairement à d'autres, nous n'étions pas dérangé ni gêné par ce dernier, cependant, Ken, de part son charisme et sa figure d'adulte comparé à moi, me faisait parfois me sentir de trop. J'aimais donc ses deux penchants de nos interactions, les silencieux lorsque je rien d'interessant n'est à dire, et que je dois me retrouver seule avec mon esprit, et les réassurances des Ken, lorsque ma jeunesse d'esprit nécessitait un accompagnement.
Après un passage à la Mie Câline, ou je m'achetais un cookie, nous nous dirigions vers l'appartement d'Armelle. Je voulais vraiment avoir l'avis de Ken sur ma peinture au plafond, ma soeur ayant été radicale à propos de cette dernière, j'avais comme besoin d'un autre avis, sûrement plus objectif car venant d'un artiste en personne.Nous franchissions les portes du bel immeuble haussmanien, puis celle de l'appartement aux moulures au plafond de ma soeur. Ken replaçait sa casquette, enlevait sa veste, tandis que je me débarrassais de mon lourd sac de cours.
Continuant à croquer dans mon cookie, je m'affalais dans le canapé en cuir place au centre de la pièce, profitant du plaisir de cette fin de journée.
Ken, debout, appuyé contre l'encadrement de la porte, les mains dans les poches, observait les alentours, posant quelques fois son regard sur moi.- Tu veux un truc à manger ? Je lui demandais, la bouche pleine de cookie.
- T'as du café ?
Mes yeux s'écarquillaient devant cette question pour laquelle je n'avais aucunes réponses, presque encore inconnue à cet appartement. Je ne m'étais surtout pas intéressé à la présence ou non de café, puisque je n'en consommais pas.
- Ah ouais, t'es vieux à ce point ? Du café à 18 heures ?
Ken levait les yeux au ciel et je l'invitais à me suivre dans la cuisine, à la recherche de son met.
Face à la cafetière, je tentais par tous les moyens d'insérer la capsule rouge, mais rien y faisait, et j'entendais Ken se moquer silencieusement de ma méconnaissance.- Vas y, laisse moi faire, il me m'écartait doucement du plan de travail, et lançait enfin la machine à café.
Quelques minutes plus tard, son café à la main et la brique de jus d'orange dans la mienne, nous nous dirigions vers la porte de ma chambre.
N'importe quelle personne censée m'aurait hurler de ne pas m'aventurer dans ma chambre avec un homme de plus de dix ans mon aîné, que je ne connais que depuis quelques semaines.
Mais je n'étais pas une personne censée, dommage. Ken n'avais jamais eu une attitude déplacée envers moi, malgré que je ne me connaisse que peu, je ne l'imaginais pas être de mauvaise influence. Je me trompais peut être, mais pour le peu que j'ai vu le lui, ça vaut le coup de rester, car je me sens bien avec Ken.
Devant ma porte de chambre, une certaine pression m'envahissait, consciente du risque que je prenais de montrer mon plafond à Ken. J'étais plus que fière de cette peinture, j'aimais la regarder chaque fois que je m'allongeais dans mon lit, et si ce dernier venait à me dire qu'elle n'était pas si exceptionnelle, je me rangerai du côté de l'avis d'Armelle et repeindrais mon plafond en blanc cassé.
Je me retournais vers Ken, me mordant la lèvre, qui observait les alentours, n'ayant jamais été plus loin que le séjour.- Je flippe de te la montrer.
Je baissais ma tête, jouant avec mes doigts, honteuse d'avoir l'air d'une gamine.
Mais c'est ce que j'étais aux yeux de Ken, une gamine.
Ce dernier déposait sa tasse de café sur le buffet trônant contre le mur du couloir, près de ma porte de chambre, et plaçait son doigt sous mon menton, relevant ma tête, croisant mon regard, m'accordant ce même sourire encourageant qu'arborait souvent Leo.- Arrête de douter. Si à tes yeux cette peinture est belle, elle le sera forcément à travers les miens. Il relâchait mon menton et se redressait. Et puis je te rappelle que j'y connais rien en peinture, je suis pas apte à te juger.
Désormais confiante, je me retournais, et enclenchait la poignée, faisant pénétrer Ken dans ma chambre.

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ODRAZ
Fanfiction« - Qu'est ce que tu me veux Ken ? - Qu'est ce que je te veux Odraz ? Tu dors à droite à gauche, tu fumes de la weed, tu lâches les cours et tu me demandes ça ? - Mais tu te prends pour qui ? - Pour quelqu'un qui s'inquiète un minimum pour toi ? P...