Deux semaines étaient passées depuis mon arrivée à Paris, et depuis; l'habitude m'avait pris dans cette ville bien plus grande, même si je n'étais que très peu sortie. Ma sœur travaillait beaucoup, du haut de ses 28 ans, c'était déjà une vraie femme. Le soir, lorsqu'elle ouvrait la porte de notre salon et qu'elle venait déposer un baiser sur mon front, habillée de son éternel tailleur noir; de ses escarpins et de son chignon encore parfait, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle était le modèle par excellence de la vraie femme. Son travail était sa vie, elle n'avait ni mari ni enfant, et pourtant elle semblait épanouie.Moi, au vue de mon absence de connaissance de Paris, d'amis et d'audace, je passais mes journées à dessiner, photographier ou appeler Léo. Et je m'en ennuyais.
Depuis la toute première soirée, et sur une pulsion irresponsable, j'avais peins tout au long de la semaine mon plafond de chambre d'une grande galaxie, avec des étoiles, des planètes et des trous noirs. Et forcément, quand ma sœur l'avait découvert en rentrant plus tôt un soir et en entrant dans la pièce, je m'étais fais incendier.
D'après moi, elle s'empêchait de voir les jolies choses, car oui même avec de la modestie, cette peinture me fascinait au point de passer des heures dans mon lit, allongée, à l'observer. Et c'est ce soir là, au bout milieu de cette chambre de 11m2, blanche de murs mais bleutée de plafond, que je su que je voulais faire de la peinture mon art et ma vie, peu importe l'avis de ma sœur. Elle avait toujours été déçue que Léo se lance dans une école d'art, mais moi je trouvais son travail fascinant.
Alors, le lendemain matin, je me levais plus tôt pour aller chercher des toiles, de la peinture, et tout le nécessaire. Habillée d'un legging, d'un sweat et de basket, la caissière de la boutique m'analysait d'un mauvais œil alors que je lui donnais la totalité de l'argent liquide que Léo m'avait laissé. Je ressortais, bataillant, les bras chargés de nombreuses toiles de différentes tailles, et de sacs remplis de peintures et de pinceaux.
- Hey ! Attends !
Peureuse de l'inconnu et des mauvaises rencontres j'avançais alors plus vite, mais dans ma fuite, je laissais tomber un pot de bleu cobalt, et clairement, on ne laisse jamais un cobalt derrière nous. Règle d'artiste, même si je suis loin de ce statut. Seulement, avant que je ne puisse ne puisse attraper le pot et me relever, la personne, que je reconnus directement, me devançait.
- Odraz. J'hochais la tête, surprise que Ken se souvienne de mon prénom, pourtant je me rappelais du sien tout naturellement. Ça a été ta première semaine ici ? j'hochais de nouveau la tête. Putain t'es vraiment pas bavarde.
- Désolée, je m'attendais pas à te voir.
Je baissais les yeux sur ma tenue. Super l'impression. Il me détaillait et ricanait.
- T'inquiètes je juge pas. Tu m'en passe ?
Il tendait la main vers mes toiles et mes pots de peinture et je reculais en fronçant les sourcils.
J'avais quand même pas claqué tout mon argent pour lui donner gratos mon matériel. Il me prit de force quelques toiles et un sac de pots et commençait avancer.
- Je te les voles pas, je t'aide à les porter jusqu'à chez toi, ok ?
Je me mis à avancer avec lui, maintenant confiante.
- Dis Ken ? Il grognait pour me dire de continuer, pourquoi t'es gentil avec moi ?
- T'as tapé dans la main pour dire que t'étais notre pote, alors c'est comme ça. Et je peux pas être méchant avec les gamines.
- Je suis pas une gamine, je grognais et il haussait un sourcil en me regardant de toute sa hauteur, alors qu'on continuait à marcher, vas y ta gueule, je soufflais.
Il rigolait et tout de suite, en le regardant, je me disais qu'il avait l'air bienveillant comme mec, et marrant.
- Au fait, t'as quel âge ? Tu vas à l'école ?
- Bah oui, tout le monde va à l'école, t'es bête ! Il baissait les yeux vers moi, et j'ai 16 ans.
- Je t'avais dis que t'étais une gamine.
La conversation semblait alors finit. Nous marchions vers chez moi, tout les deux respectant nos pensées respectives, les bras chargés. Devant la façade de mon immeuble, il me fallut un quart de secondes de réflexion pour comprendre que j'avais besoin de son aide pour tout monter chez moi. Dans l'ascenseur, je prenais le temps de l'observer de mon mètre cinquante cinq.
Physiquement, il était vraiment différent de Léo, avec sa casquette, ses cheveux bruns et son teint basané.
Alors que je l'analysais, il baissait la tête et plongeait ses iris dans les miennes. Il me souriait et je faisais de même, car malgré notre faible connaissance d'autrui, je ne pouvais qu'avoir confiance en lui.
Lorsqu'on entra enfin dans le grand salon, nous déposions chacun nos toiles par terre et pour le remercier, je l'invitais rester un peu et lui proposais à boire. Revenant dans le salon avec les canettes dans les mains, je trouvais Ken, face au mur de photos de famille que j'avais installé à mon arrivée.
- C'est beau. T'aime bien la photo ?
J'hochais la tête et me plaçais à ses côtés, avant de caresser d'un doigt une photo de ma mère, rigolant aux éclats sur du sable.
- C'est ma mère, sur celle-ci. Tu sais, la dernière fois tu m'as demande si je leur en voulait de m'avoir abandonné ? Il asquiescait. Bah... je crois qu'ils me manquent plus que je leur en veux.
- T'as d'autres frères et soeurs que celle chez qui tu vis ?
Je baissais la tête, attristée du manque que me procurait Leo. Nous n'avions jamais autant été séparés, et les facetime n'arrangaient pas grand chose. Nous nous dirigions tout les deux vers le canapé, et l'un face à l'autre, nous nous regardions.
-J'ai un grand frère, Léo. Tu vas peut être trouver ça bête, mais tu vois, lui, c'est ma personne, mon âme soeur. Il haussait les sourcils, sûrement surpris de l'amour si fort que je portais à mon frère. Les gens disent parfois qu'on est jumeaux, car quand l'un va mal, l'autre c'est pareil. Il a pas réussi à convaincre mes parents pour que je reste avec lui, à Bordeaux, alors il me manque.
Il semblait touché par cet aveu, et je me dirigeais vers ma chambre, décrochais une photo d'un mur, et lui tendais, tandis qu'il était resté dans le canapé.
- Vous vous ressemblez. Ça se voit qu'il y a un lien fort entre vous. Je suis désolé, j'ai plus l'habitude que ce soit les gens qui m'aide plutôt que l'inverse, donc je sais pas trop quoi te dire, mais je sais que je pourrais t'aider simplement en te faisant oublier ta solitude ici.
Nous nous sourions de nouveau mutuellement, et c'est lors de cet échange de regard et de sourire, que chacun de notre côté, nous savions que tout avait commencé.
VOUS LISEZ
ODRAZ
Fanfiction« - Qu'est ce que tu me veux Ken ? - Qu'est ce que je te veux ? Tu dors à droite à gauche, tu fumes de la weed, tu lâches les cours et tu me demandes ça ? - Mais tu te prends pour qui ? - Pour quelqu'un qui s'inquiète un minimum pour toi ? Putain...