31

194 14 2
                                    

Face au froid extérieur et à sa difficulté à pouvoir rester longtemps dehors sans se faire alpaguer, Ken m'avait proposé d'aller prendre un café. Chez lui. Dans son appartement. Bon.

Alors qu'il glissait sa clé dans la serrure de sa porte, ne me laissant que le dos de son hoodie à observer, les doutes revenaient.

- Mais, j'ai le droit d'être là ? Je demandais, incertaine.

Il me lançait un regard furtif avant de pouffer de rire en ouvrant sa porte.

- Pourquoi t'aurais pas le droit, c'est mon appart'.

Justement Ken.

- Je sais pas, je suivais ses gestes en enlevant mes baskets et lui donnait mon manteau quand il me tendait la main, on se connaît pas trop, je pourrais publier ton adresse ou alors voler un-

- On se fait confiance, non ? Il me coupait la parole pour me répondre nonchalamment en quittant la pièce alors que je restait prosternée contre la porte.

Oula Ken, confiance est un bien grand mot qui peine à entrer dans mon vocabulaire ces derniers temps.
Mon regard balayait chaque espace de la grande pièce de vie, sans que je ne bouge du paillasson. Des centaines de vinyles qui ornaient l'immense bibliothèque du salon au parquet ciré, en passant par les baies vitrées donnant sur la ville, la décoration ne laissait pas de doutes sur le niveau de vie de Ken.
Le bruit de la cafetière me sortait de mes pensées et la voix de Ken résonnait par dessus.

- Tu veux un chocolat chaud ? Il criait. J'ai de quoi faire, avance en attendant.

Je ne répondais pas, me contentant de hausser les épaules, comme s'il pouvait me voir, de là où il était.
Je m'approchais d'une étagère ornée de cadres photos, et ma curiosité malsaine me faisait me mettre sur la pointe des pieds pour les détailler.
Des photos de lui et de ses amis avec des disques d'or et de platines, des photos de lui avec ses amis tout court, parfois bourrés, d'autres avec ses parents, et plusieurs avec une jeune femme. Belle, rayonnante même. Et surtout, il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer leurs similitudes physiques.

- Tiens, ton chocolat chaud, murmurait Ken dans mon dos, me faisant sursauter et sortir de ma contemplation.

Je ne l'avais pas entendu arriver, et je ne pouvais pas dire depuis combien de temps il était là, dans mon dos, tout prêt, à fixer comme moi la photo de sa sœur.
J'attrapais la tasse fumante et reportais mon regard, comme lui, sur la photo.

- Elle était très belle, je murmurais.

Il ne répondait rien pendant un long moment, et je n'osais pas briser ce silence.

- Elle s'appelle Anaïde, il marquait une pose et buvait une gorgée de son café, je crois que je te l'ai jamais dis avant en fait.

Je haussais les épaules, confirmant silencieusement.
Il s'installait face à la baie vitrée et sa vue panoramique sur Paris, son café à la main, il m'invitait à le rejoindre en un mouvement de tête.

- Tu vis chez ton pote, maintenant, c'est ça ? Il demandait, toujours de sa voix grave et douce, maintenant son regard sur l'horizon.

- Ouais, j'avouais, gênée en comprenant qu'il avait rapidement capté certaines choses.

- T'inquiètes, il pouffait, j'avais déjà compris au resto' que tu me mitonnais. Tu remercieras encore ton pote pour m'avoir balancé l'info de ton rendez-vous avec ta prof, il a bien fait.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Aug 17, 2024 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

ODRAZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant