Flic, milliardaire et ennemi

Kyle

Evy nous laisse seuls pour regarder la vidéo. Je comprends qu'elle n'a pas envie de revivre ça ou même juste d'entendre le son. Lorsqu'on la regarde, une vision d'horreur me saute aux yeux. Une telle violence. Evy prend énormément de coups dans le ventre ainsi que dans le dos. Et le geste avec le couteau me rend fou. Evy tombe à terre le visage en sang. Elle tient son visage ainsi que ses côtes. Elle est en position fœtale pendant que Stuart continue de la frapper. Il la tire par les cheveux pour qu'elle se lève et nettoie tout le désordre. Comment a-t-elle fait pour se relever après tous les coups qu'il lui avait mis ? Si je tenais cet enfoiré entre mes doigts, je crois que je pourrais le buter sans une once de remords.

Lorsqu'elle revient dans le bureau, je ne peux m'empêcher d'aller la serrer contre moi. Elle joue parfois les fortes têtes, mais intérieurement, elle est fragile. Je comprends maintenant pourquoi elle était tendue lorsque je la touchais au début de notre relation.

Nous allons à la banque pour récupérer ces carnets. Pourquoi Evy m'a mis sur ses papiers de banque sans même m'en parler ? Que peut-il y avoir dedans ? Le banquier nous conduit jusqu'à la chambre des coffres et une fois qu'Evy à son casier en main, il nous conduit à une pièce à part. Evy ouvre son casier et ce que je vois dedans me déconcerte. Il y a un tas de billets ainsi que six carnets et... « Quoi ?! Une arme ! ». Je dévisage Evy qui recule d'un pas.

- Evy, est-ce que tu as un permis pour cette arme ?

- Non.

- Tu n'as pas le droit d'en avoir une sans permis. Tu le sais ?

- Oui, je sais, mais j'avais tellement peur et je ne pouvais pas attendre qu'on m'autorise à en obtenir une. J'avais peur qu'il arrive à tout moment.

- Tu sais que dans un coffre, elle ne pourra pas te défendre ?

- Je sais. Je l'ai mise ici lorsqu'on a emménagé ensemble.

- Donc, tout le temps qu'on était ensemble avant notre emménagement, tu l'avais chez toi ?

- Oui, mais j'étais toute seule. En plus, tu es parti pendant cinq mois. Je ne me sentais plus en sécurité.

- Je veux bien essayer de te comprendre. Et cet argent ? D'où sort-il ? Tu l'a pris à Stuart ?

- Pas vraiment. J'ai revendu tous les bijoux qu'il m'a offerts pour se faire pardonner d'avoir levé la main sur moi. Donc, trois ans de bijoux.

- Pourquoi travailler si tu as autant d'argent ?

- Je le trouve sale. Cet argent me rappelle chaque coup que j'ai reçu. Je ne veux m'en servir qu'en cas d'extrême urgence au cas où j'aurais dû à nouveau fuir.

- Et tu sais combien il y a ?

- À peu près deux cent mille dollars, je crois.

- OK. Alors premièrement, je reprends cette arme. Je vais la déposer au poste pour qu'elle soit enregistrée et détruite. Et on va prendre tes carnets pour les amener à John. Et le reste va rester ici.

- Tu m'en veux ?

- Non.

- Si. Je vois bien que quelque chose ne va pas.

- Evy !! Une arme. Tu te rends compte.

- Je sais ! Mais quand il m'a frappé la dernière fois, j'ai cru y passer. Je ne savais plus quoi faire. Je croyais que toi, tu m'aurais comprise. Il faut croire que j'avais tort.

- Je suis désolé ma puce. L'homme qui est en moi le comprend très bien, mais le flic est énervé. Mais je te comprends.

- Alors, tu ne m'en veux pas ?

- Non ma puce. Viens là.

Je l'attire vers moi, la prend dans mes bras et la serre pour la rassurer. Elle se blottit, mais je la sens aussi très tendue. Je prends l'arme et les carnets. Elle remet le casier dans le coffre et le banquier vient refermer son coffre devant nous. Nous retournons au poste. Je fais enregistrer l'arme pour qu'elle soit détruite. J'explique la situation à John et lui tend les six carnets. Il fait défiler les pages rapidement et se rend compte qu'Evy a beaucoup écrit. Lui et moi la regardons, mais elle évite notre regard. Là, on se dit qu'elle a dû subir un plus gros calvaire que l'on ne pensait. Je comprends mieux pour l'arme.

Mon téléphone bip. Je le regarde et c'est mon ordinateur qui m'envoie un message par rapport à une alerte que j'ai créée. Je vais vers celui-ci en laissant Evy avec John. Je regarde et découvre que Stuart a pris un vol pour le Nevada. Je retourne dans le bureau de John pour le leur annoncer. Evy semble un peu soulagée, mais pour John et moi, rien ne change. On peut le faire arrêter n'importe où.

Une semaine plus tard, ils ont fini de lire tous les carnets et me faire part de tout ce qu'ils ont pu relever. Je sens que je vais exploser. Déjà après la vidéo, j'ai pété un câble, mais avec tout ce qu'ils me racontent, je suis plus que énervé. Dans ces moments-là, c'est dommage qu'on ne puisse pas tuer juste pour faire justice soi-même. Sans représailles. En fait, tous ces carnets vont servir de preuve lors du procès. Mais l'homme de Clifford, ne veut toujours pas parler. Ils ont beau continuer d'aller en prison pour l'interroger, il ne lâche rien.

Je retourne à l'appartement dans lequel Evy reste enfermée quand je ne suis pas là. J'ai trouvé de quoi l'occuper. Vu ces connaissances en informatique, je lui donne des petits boulots pour mon entreprise. Et des fois, elle me donne son avis sur les bijoux que nos dessinateurs ont faits. Et cela marche plutôt bien.

Deux mois passent, mais on n'a toujours pas la version de l'homme de Clifford et Stuart est toujours au Nevada. Nous sommes mi-avril et un grand soleil est prévu pour ce week-end. Alors, je propose à Evy d'aller à Coney Island pour se détendre et peut-être s'y baigner. Elle accepte, mais veut emmener aussi son amie Kelly. Kelly devait venir ce week-end tenir compagnie à Evy pendant que j'étais dans la paperasse. Je connais Kelly. Elle est très sympa et elle fait rire Evy, ce qui me réjouit encore plus. Elle lui change les idées. J'accepte et appelle Steven pour qu'il vienne avec nous. Je sais qu'on devait travailler, mais un week-end de détente ne nous tuera pas pour une fois.

Nous arrivons à Coney Island et lorsqu'on fait les présentations, je vois Steven lorgné au plus au point sur Kelly. Je crois qu'il a flashé sur elle. Nous nous installons et aussitôt, il vient s'installer à côté d'elle. Ouais, mon pote a craqué pour Kelly. Au bout d'un moment, avec Steven, nous allons leur chercher des glaces et lorsqu'on revient elles ne sont plus là. Avec Steven, on regarde du côté de l'eau, et je vois Kelly qui tient Evy par les épaules. Je sens qu'il s'est passé quelque chose. Je cours vers elles et quand Evy me voit, elle fonce dans mes bras. Kelly nous dit que Stuart était là. Une boule de nerf dans mon estomac se forme. Je croyais qu'il était parti. Il s'est approché d'elle et je n'étais pas là.