~ Chapitre 7 Partie II ~

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 Il savait que la cour n'était que complot, conspiration. Soit l'on se défendait, soit l'on périssait. Cependant, il devait enquêter sur ce nouvel adversaire. Il n'avait aucun plaisir à se penser épié par une personne de plus. L'épée de Damoclès s'éternisait au sommet de son crane.

 N'ayant pas la tête à se rendre aux festivités de l'après midi, Edouard rejoignit sa chambre. Il s'y enferma quelques heures afin de réfléchir sur sa situation délicate. Mais il fut surpris d'entendre la porte d'Agnès Ducoroy s'ouvrir. Le bois grinça d'une façon cinglante jusqu'à sa propre pièce à dormir. Alors une pulsion le saisit. Il vint cogner à la porte d'entrée de la chambre d'Agnès, entendant sa voix douce s'écrier d'un « Entrez ! ». Il ouvrit calmement pour la trouver à son bureau, organisant un atelier d'écriture. Elle s'empara d'une plume et d'un parchemin, puis traça de fines lettres comme si elle devait se hâter d'exprimer ses pensées sur papier. Il resta un instant immobile devant la grâce de ses mouvements. Elle balbutia en continuant ses écrits complexes :

- Puis-je vous aider ?

Edouard lui attribua un regard perdu. Elle paraissait si lointaine alors qu'elle était ici, devant lui. Manifestement, il avait besoin de se changer les idées. Il s'approcha d'elle précipitamment et lui saisit le poignet, l'emportant hors de sa chambre. Elle se retira d'un geste brusque. Alors Edouard la saisit à la taille et la fit basculer sur son épaule. Tout en se débattant, la belle s'exclamait :

- Lâchez-moi ! Lâchez-moi, ai-je dit !

Il transporta Agnès dans les couloirs du château sous les regards inquisiteurs de la noblesse. C'était inconvenant, remarqua Agnès. Mais indéniablement, une joie délicieuse l'envahit. Le Duc de Vendôme rejoignit les écuries où il prépara son cheval. Il le fit d'une façon si habituelle, si efficace, qu'Agnès ne put se retirer. Lorsqu'il se hissa sur sa monture, il l'avait déjà agrippée et positionnée devant lui. D'un coup de rêne, le cheval s'emporta au galop, ce qui la plaqua contre le corps du Duc. Elle pouvait percevoir les muscles de son torse, sa chaleur corporelle, son souffle... Elle était encadrée de ses bras et elle pouvait contempler les mains robustes d'un homme. Elles tenaient fermement les lanières de cuir... Agnès se mit à imaginer cette chair blessée lui effleurer la peau. Un frisson la submergea.

Ce fut en essayant de penser à autre chose que le Duc immobilisa le cheval. Il fit descendre la belle délicatement, non sans éterniser sa prise à ses hanches. Quand il la libéra, elle se glissa hors de sa silhouette pour s'extasier devant le fleuve. Edouard l'avait menée jusqu'à la rive droite de la Loire. À analyser sa réaction, il vit qu'elle semblait émerveillée. Elle courut pour y plonger ses chevilles tandis qu'une vague de souvenirs chaleureux la fit sourire. Elle n'avait cessé de se rendre au fleuve dans le passé, avant son arrivée à la cour. Elle était transportée par l'odeur d'humus, et cette impression d'être en pleine sécurité. La végétation dense recouvrait les alentours et créait un cocon dans lequel seuls Edouard et Agnès pouvaient s'enfermer.

Subitement, sous le regard surpris d'Edouard, la femme qu'il paraissait avoir enlevée se déshabilla. Elle fit glisser le tissu de sa robe, dénouer les lacets de son corset, lacher le ruban de sa longue chevelure... Ce fut en jupon qu'elle se précipita à l'eau. Le soleil apportait une chaleur suffisante pour s'offrir une baignade. Edouard ne put s'empêcher de réfréner son hilarité. Agnès, déjà à nager dans l'étendue des flots, s'écria :

- Rejoignez-moi ! Elle est d'une parfaite température, je vous l'assure !

Il ne se fit pas prier. Sous les yeux curieux d' Agnès, Edouard se libéra de sa cape, son collet et ses basques. Il ne fut bientôt qu'en chemise et pantalon de lingerie. Elle se laissa porter par la tentation de le contempler... Elle pouvait apercevoir les courbes de l'anatomie masculine, tellement plus puissantes et creusées. Mais ce qui retenait ses pupilles était cet appareil, cet interdit, ce non-dit par tabou à la cour. Malgré la fraicheur de l'eau, Agnès brûlait sous la virilité du Duc de Vendôme. Elle n'avait jamais pensé qu'elle puisse en être aussi captivée.

L'AgnèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant