Agnès cherchait du regard le Marquis de Savoie. Elle devait en avoir le cœur net... Mais cet homme était introuvable dans les agitations de la cour. Les nobles buvaient, dansaient, s'exclamaient... Elle se conforta dans l'idée que le Marquis devait assister aux divertissements. Elle rejoignit les festivités tandis que le devoir de plonger ses yeux émeraude dans ceux d'azur de son promis devenait impératif. Trouver ce regard attendrissant et enquêter sur la véritable passion.
Elle bouscula quelques personnes sur son passage alors qu'une musique entraînait la foule au centre de la pièce, et débutait une nouvelle danse. Elle se protégea de leur soudaine fougue, et dans ce mouvement précipité, Agnès put découvrir le Marquis dont le visage était masqué. Son cœur n'était pas emporté dans une émotion tambourinante, mais elle se résignait à croire que c'était parce que leurs regards ne s'étaient pas encore croisés. Elle se dépêcha de prendre un masque auprès des serviteurs et rejoignit la danse. Deux lignes s'organisèrent, l'une pour les femmes et l'autre pour les hommes.
Agnès essaya de se positionner face au Marquis, mais fut devancée par une femme. Elle recula donc vers une place vacante, embarrassée par son comportement. Pourquoi était-elle si hâtive ? Ce n'était pas comme si les souhaits de mariage avec le Marquis de Savoie avaient été engagés. Ce fut pensive qu'elle s'emporta dans la danse sans offrir le moindre intérêt à son cavalier. Pourtant, quand elle leva le regard pour joindre sa main à la sienne, une impression d'attirance réciproque la saisit. De la paume de l'inconnu émanait une chaleur corporelle à l'étourdir. Ils tournèrent une première fois... Et les doigts de l'homme vinrent s'enrouler autour de ses hanches. La danse n'étaient pas censée être une volte. Il prit ensuite son autre main et la fit tournoyer, inlassablement, la guidant hors du champ de la danse linéaire. Juste à côté du groupe, ils étaient tout deux emportés à une danse de proximité. Le regard de l'homme sondait le sien...
- Laissez-vous aller – murmura-t-il -
Elle arqua un sourcil et répondit dans un chuchotement :
- Vous êtes plein de désinvolture à m'enlever pour vos plaisirs de volte.
- Est-ce que cela vous déplaît ?
Leur souffle se perdait l'un dans l'autre. Leur visage était si proche qu'il était possible d'en apprendre toutes ses caractéristiques. Agnès sourit quand elle décrivit la barbe courte de l'inconnu, son accoutrement comblé de parures et son regard flamboyant. Il ne pouvait s'agir que du Duc de Vendôme. Tout autant qu'il devait connaître son identité.
- Pourquoi donc le Duc de Vendôme m'honore de ses talents à danser ?
- Je vois que vous êtes observatrice.
- Je vous retourne le compliment. A moins que vous ne désiriez une autre cavalière ?
D'ailleurs, elle était surprise qu'aucune autre femme noble n'ait pris place face à lui dans la ligne à danser. C'était un mystère qui se perdait dans son esprit tant elle souhaitait vivre l'instant présent. Dans ses bras, elle se sentait coupée du monde. Elle désirait que cela ne finisse jamais.
* * *
Edouard avait rapidement reconnu sa belle. Il s'était arrangé afin qu'elle soit sa partenaire, non sans blesser quelques prétendantes. Il avait patienté, persuadé qu'elle pointerait le bout de son nez. Le destin jouait toujours en sa faveur. Et voici que maintenant, il avait une main à ses hanches, et la seconde à sa main gauche. Le creux de sa paume épousait parfaitement la courbe des formes... Ce n'était qu'un aspect de l'érotisme qui émanait de la belle. Les lèvres mordillées, le cou nu à l'en couvrir de baisers, et le corps en harmonie dansant avec le sien... Sans oublier ce port de tête qui délivrait le décolleté.
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L'Agnès
Fiction HistoriqueL'an 1563. Alors que les guerres de religion éclatent et bouleversent le royaume de France, Agnès Ducoroy, fille d'un riche peintre et ami de la couronne, se trouve en sûreté dans le palais de Blois. Mais les massacres en province et la recherche de...