~ Chapitre 5 Partie II ~

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Ce Duc arrogant désirait la capturer pour apaiser sa faim. Elle n'était qu'une de plus. Alors comment était il possible que malgré sa connaissance du personnage, elle soit aussi perturbée ? La musique retentissait jusque dans les tréfonds du château. Pesante, insoutenable... Elle désirait oublier ce qui venait de se passer. Pendant cet infime instant elle lui avait appartenu. Alors elle se précipitait, se hâtait. Elle voulait disparaître.

* * *

Alexandre avait pris un plaisir immense à danser. La fête organisée était exquise, même si elle était destinée à honorer le Duc de Vendôme. Il avait toujours senti quelque chose chez cet homme qui le dérangeait... Non seulement à cause de toutes ces femmes pendues à ses lèvres, mais aussi de cette arrogance insultante. Alexandre n'avait aucun rêve pour lui même qui puisse le porter à la grâce du Roi, il se contentait de la place qui lui était attribuée. Il n'osait pas prétendre être plus qu'il n'était. D'ailleurs, qu'avait-il pu rencontrer durant ses batailles ? La mort, le sang et la haine ? N'était-ce pas ce qui caractérisait la cour ? Conflits, critiques, trahisons... A la cour, toute place était gagnée dans le sang, et il fallait savoir lutter pour y prospérer. Il admirait Agnès pour s'en être sortie indemne... Et il rêvait d'alléger ce poids en la prenant pour femme, lui offrant ainsi une sécurité incontestable.

Alors qu'une nouvelle danse débutait, Alexandre enleva son masque bleuté. En cheminant hors de la pièce aux mille et un plaisirs, il aperçut Agnès. Il ne put réfréner sa joie. Cependant, quelque chose l'interrogea. Elle fixait un même point avec intensité, mais Alexandre ne pouvait l'entrevoir. Il s'approcha donc et rencontra le Duc de Vendôme... Celui-ci se penchait en proposant une danse à Agnès. Son cœur se serra. Pourquoi leurs regards se perdaient l'un dans l'autre, alors qu'Agnès n'avait cessé de fuir le sien ? Il fallait être naïf pour ne pas comprendre la tension et le désir qui les enchainaient. Alexandre savait que même s'ils pouvaient être liés, cela ne pouvait interdire d'autres attachements. Ce qu'il ressentait pour Agnès était véritable, et qui, chez le Duc de Vendôme, restait toujours invraisemblable. Cette femme lui était vouée par la grâce du père Ducoroy ! Il devait s'affirmer. Elle lui appartenait.

- Mademoiselle Ducoroy ? - s'écria-t-il -

Il n'eut pas le temps de considérer la situation qu'Agnès se retira, haletante. Pourquoi le fuyait-elle ? Sa poitrine lui faisait atrocement mal. Comment le Duc pouvait-il être à l'honneur dans le cœur de cette femme ? Il lui avait semblé qu'elle était hors de ces champs de séduction superficielle. Était-elle aussi innocente ? Il partit à sa poursuite et lorsqu'elle fut rattrapée, il saisit le poignet d'Agnès.

- Agnès Ducoroy ! Il me semble vous avoir appelée à l'instant. N'avez-vous donc aucune bonne manière ?

- Pardonnez-moi ! Je... Enfin...

Il était de nature bienveillante envers les femmes. Mais pourquoi tout ce qu'il convoitait lui était dérobé ? Les événements étaient si proches que se les remémorer devenait une partie confuse de jeu intellectuel. Leur rencontre, le coup de foudre, la réalisation imminente... N'était-ce pas réciproque ? Il lâcha la main d'Agnès et caressa son front de sa paume, longeant ensuite le côté droit de son visage... Le regard d'Agnès lui signifiait qu'elle souhaitait agir. Mais pourquoi ne le faisait-elle pas ? Pourquoi ne pouvait-elle être à sa merci comme il l'était désespérément ?

- Où voulez-vous en venir ? Faites court, les détails ne sont pas nécessaires.

Il regretta aussitôt le ton qu'il avait employé. Et si elle finissait par le haïr ? Ou avoir peur de lui ? Il n'était pourtant pas porté à de tels sentiments. Il avait un comportement irréprochable, d'habitude. Mais c'était cette femme et sa beauté ensorcelante, il en perdait tout bon sens. Agnès balbutia :

L'AgnèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant