~ Chapitre 9 partie I ~

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La main posée sur son bureau, les doigts à une plume, le regard concentré... à son âge, le fils du Duc de Guise était prometteur. Il n'avait plus aucune innocence et était gavé des vœux de son père : le trône lui appartenait. Il fallait observer la façon dont il écrivait, comme une affirmation au pouvoir. Il se questionnait inlassablement quant à la lourdeur de la couronne certifiée en or... Quel serait son sentiment en la portant ? Depuis des années, il était d'un persévérance absolue dans l'étude des stratégies militaires et des règles de bienséance. Son regard débordait d'un désir de règne.

Pourtant, ses pupilles s'imprégnèrent d'un néant morbide. Quelques gouttes de sang vinrent s'échouer sur les parchemins et un dernier soupir s'extirpa de ses lèvres. Il fut aussitôt emporté par la fatigue et la froideur de la mort, sa tête croulant sur son bureau. Quelqu'un venait d'assassiner Antoine, le fils du Duc de Guise, d'un poignard en plein cœur.

Et il n'y eut que peu de temps avant la venue du père ayant entendu les hurlements d'horreur de la mère. Jean de Guise prit entre ses mains le corps du pauvre enfant et le serra contre sa poitrine, battant d'un devoir de vengeance. Sous l'affront, il se fit la promesse de tuer de ses propres mains le meurtrier. Il le punirait dans une torture affligeante. Il en payerait de sa vie, s'il le fallait.


* * *


- Est-ce votre crime?

Le Cardinal questionnait du regard Robert de Beaufremont.

- Oui, Cardinal. J'ai sévèrement puni ma promise Jeanne de Bourgogne d'une flèche à l'épaule. Quand à son amant le Duc de Guise, j'ai tué son fils.

- Je vois... Il ne vous sera pas reproché ceci au nom de la couronne. Le fils de la famille Guise était un héritier potentiel au trône et sa majesté n'a pas encore d'enfant. Mais pour ce qu'il en est de votre dévouement à Dieu, ne pensez-vous pas avoir trahi sa bonté ?

Le Duc de Beaufremont déglutit avec difficulté. Le Cardinal prononçait des paroles lourdes de sens, qui ne présageaient souvent qu'un jugement cruel.

- Mais, Cardinal... Sauf votre respect, c'est vous qui m'avez poussé à punir l'acte de tromperie. J'ai assurément évité toutes disgrâces au Duc de Guise et n'ai pas tué Jeanne de Bourgogne ! Vous me l'aviez conseillé !

Le cardinal lui offrit un regard empli de ténèbres. Il aurait pu être celui d'une autorité royale si cet homme n'arborait pas le rouge pourpre de la soutane.

- Soutenez-vous vos paroles, Duc de Beaufremont ? - Affirma l'homme d'église d'une voix rude – Je n'ai fait que vous suggérer ce que sa majesté aurait eut comme pensée. Je ne suis qu'un homme de clergé qui dévoue sa vie au Seigneur Dieu. Et celui-ci me permet de dire que vous devez vous repentir de vos actions. Que vous ayez tué cette catin ou le Duc de guise, ce n'est que le jugement dernier qui décidera de l'ampleur de votre foi.

Robert de Beauffremont resta un instant figé, puis salua le Cardinal de Lorraine. Lorsqu'il prit congé, ses pensées étaient emplies de grossièreté. Il faudra que cet homme au costume écarlate meure dans d'atroces souffrances.


* * *


Agnès ne parvenait pas à se calmer. Elle se sentait constamment épiée. Elle se hâtait de retrouver le Duc de Vendôme, mais fut immobilisée par l'appel de son prénom. Lorsqu'elle fit face à son interlocuteur, il s'agissait du Marquis de Savoie. Elle avait un instant oublié cet homme à qui elle était vouée... Cette pensée n'était qu'humiliation. Elle avait l'impression, à présent, de courir après la vie. 

L'AgnèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant