~ Chapitre 14 Partie II ~

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Il le fit appeler sous sa tente de général afin d'en discuter avec lui. S'il s'agissait d'un protestant, il n'avait pas le temps de se charger de sa protection. Savait-il qu'Edouard était un traître ? Les secrets se devaient d'être le moins partagés pour subsister. Dans un regard profond et le sentiment désagréable d'un parasite accroché à soi, Edouard fit entrer l'imposteur dans son espace de travail. Il devait jouer d'une grande adresse. Qui était ce nouveau soldat ?


* * *


Agnès ne souhaitait rien de cette guerre. Elle se contentait de participer aux taches, de s'effacer, de patienter... Elle n'avait pas besoin de s'exposer. Malgré le désir d'apercevoir le Duc de Vendôme, de discourir en sa compagnie... Elle savait que l'observer de loin lui était suffisant. Il était toujours d'une beauté qui l'anéantissait. Le doute s'imprégnait en elle. Et s'il ne voulait plus d'elle ? Il lui avait demandé de lui faire confiance, mais elle ne pouvait s'accepter aussi idiote. Elle était d'une telle innocence, dans ce campement.

Finalement, Agnès fut appelée à se rendre sous la tente attitrée du général. Elle hocha la tête et rejoignit Edouard de Vendôme. Seuls, l'un face à l'autre, Agnès comprit que ses actions étaient plus complexes qu'elles ne le paraissaient. S'être engagée dans la guerre, s'être inscrite dans une infanterie, voler une identité... Elle avait espéré que cela soit naturel. Le Duc de Vendôme affirma d'une voix grave :

- Qui es-tu ?

Il n'était pas nécessaire d'insister... Il savait. Mais pourquoi souhaitait-il en apprendre davantage en temps de guerre ? N'était-ce pas compréhensible de se joindre aux mouvements, sans pour autant décliner ses origines ? Pensait-il qu'elle puisse être une espionne ? Elle ne pouvait envisager une autre possibilité. La situation était délicate. C'était un général doutant de la nature de l'un de ses soldats... Elle n'avait aucun argument à offrir pour se défendre. Serait-elle tuée pour trahison ? Agnès perçut en elle le souhait ardent de tout révéler. Mais après, que pourra-t-elle lui avouer ? Que pourra-t-elle gagner de son échec ? Elle n'eut pas le temps d'en saisir les conséquences que le Duc de Vendôme s'approcha vivement d'elle.

C'était une démarche calme, imprégnée d'une aura autoritaire. Ses pas s'ancraient dans la poussière et persécutaient en écho les songes d'Agnès. Elle était paralysée. S'il apprenait qui elle était véritablement, serait-ce la meilleure solution à ses problèmes ? Elle ne pouvait se sauver de la situation.

Subitement, avant que le Duc ne se positionne au plus proche d'elle, Agnès déroba son heaume. Elle savait que si elle ne le faisait pas d'elle même, il le lui aurait violemment décroché. Alors le casque glissa sur le haut de sa tête et laissa apparaitre une longue chevelure tressée. Edouard put déceler les fins traits de l'être aimé, de cette femme animant les rêveries de ses nuits. Comment était-ce possible ? Couverte de métal, de côte de mailles et de cuir... Agnès Ducoroy se présentait à lui avec un visage blême et marqué d'une lourde fatigue. Elle paraissait avoir vécu mille et une vies durant leur séparation. Et elle était là... Immobile, devant lui, le regard brillant d'espoir. Qu'attendait-elle de sa personne ? Edouard était oppressé à cette pensée. Il la dévisagea.

- Pou... Pourquoi ?

L'expression qu'affichait le Duc de Vendôme n'était pas celle à laquelle s'attendait Agnès. Elle décrivait dans son regard de la détresse accompagnée d'une réaction agressive. Elle comprenait que leur lieu de rencontre n'était pas propice à se réjouir. Mais leurs retrouvailles étaient tout de même un bonheur immense pour elle. Ne pensait-il pas de façon similaire ? L'incertitude de ces quelques jours vint serrer davantage son cœur. Elle balbutia :

L'AgnèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant