~ Chapitre 15 partie II ~

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- épouse-la, Edouard. Tu es mon général le plus valeureux et mon ami le plus fidèle. Mais je ne peux pas te garder indéfiniment à mes côtés, pour moi seul. Tu es un homme amoureux. Marie-la demain et envoie les draps taché de sang au château de Fontainebleau. Une princesse sans virginité n'est plus rien. Elle sera ta femme.


* * *


Agnès attendait patiemment dans la tente lorsque le Duc de Vendôme l'y rejoignit. Elle se leva aussitôt, mais n'alla pas à sa rencontre. Elle restait immobile, debout, à l'observer. Elle ne savait combien de temps elle était restée, seule, dans cette pièce arpentant des armes de guerre et une terre labourée. Elle ne savait si elle était en colère, ou éperdument désolée.


En la découvrant dans ce campement protestant, Edouard crue tomber à nouveau dans le plus profond des amours. Elle était si proche de sa vérité toute entière, de le connaître dans ses plus intimes secrets... Recouverte de mail, d'une armure déstructurée, trop grande pour le corps fin de la femme... Même dans cet accoutrement, il lui semblait qu'elle était d'une beauté à le rendre bestial. La femme était ce qu'il y avait de plus beau, ce qui échappait à sa barbarie. Elle paraissait demander à ce qu'il lui explique, à ce qu'elle comprenne. Il ne pouvait le lui interdire. Il affirma :


- Je suis un général protestant. J'ai juré fidélité à sa majesté le Prince Louis de Condé. J'ai été pendant quelques années espion dans l'armée catholique... La guerre parviendra à ce campement dans deux jours, et je combattrais aux côtés des Huguenots. Tu es en sécurité, ici.


Agnès n'en était pas véritablement surprise. Depuis sa première rencontre avec le Duc, elle avait compris qu'il n'était pas un homme commun. Il y avait quelque chose d'inexplicable dans l'allure, dans l'aura... Cet homme ne pouvait être décrit d'une apparence simple. Agnès avait creusé si profondément pour saisir sa nature, capturée les élans de son cœur. Elle ne savait ce qu'elle ressentait pour cette affirmation. Mais elle comprenait qu'un général protestant avait enlevée la princesse de France Élisabeth. Elle ne pouvait s'empêcher d'en entendre la corruption... Elle était tombée amoureuse d'un homme gorgé d'interdit.


Elle se prit à pensée qu'elle n'aurait jamais dû s'autoriser à la passion qu'il lui accordait. Mais il était impossible de réaliser lequel des deux avaient fait chuter en premier l'autre. Elle s'était faite embrasser d'un feu ardent. Il lui était à présent impensable de s'en retirer... Elle brûlait, elle s'y consumait.

Le souvenir du cadavre de sa mère hantait ses pensées... Mais elle ne parvenait pas à haïr le Prince Huguenots, le moindre soldat, ou la pensée protestante du duc de Vendôme. Elle se détestait d'accepter l'horreur du siège d'Orléan en sachant la souffrance qu'elle avait endurée, elle et sa famille : La mort d'un des parents, l'entrée dans le château de Blois empoissonnée, la solitude de nombreux jours. Peut-être réussisait-elle à pardonner car après tout, sa mère n'en était pas véritablement une, et son avenir devenait trépidant. Ce qu'il lui restait, si elle s'accordait enfin l'égoïsme pur, c'était le sentiment de sécurité du campement protestant. Elle devrait craindre ces gens Huguenots... Impossible.


Agnès approcha vivement du Duc et éleva la main, s'apprêtant à le frapper au visage. Il vint cependant se saisir du poignet, l'empêchant d'engager son geste.


- Je comprends votre colère.


- Je n'en ai pas ! - s'écria-t-elle -

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 23, 2023 ⏰

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