BLACK BOSS

CHAPITRE 3

Amaël 

72 heures plus tôt

Concentré sur mon tableau, j'essaye encore de déterminer ce que je viens de finir de peindre. Enfin presque fini. J'ai passé 2 mois sur cette œuvre sans savoir ce qu'elle représentait. Et encore maintenant je pense qu'il manque quelque chose d'essentiel.

Mais c'est ce que j'aime dans l'art, tout est abstrait et n'a pas besoin de signifier quelque chose.

Contemplant mon œuvre, j'essaye d'ignorer la sonnerie incessante de mon téléphone depuis 10 minutes.

Ça doit encore être mon père mais je n'ai pas le temps de me disputer aujourd'hui, je veux me concentrer complètement sur ma peinture.

20 minutes plus tard, c'est la sonnerie de la porte de mon appartement qui vient déranger le calme dans lequel je m'étais enfermé. Malheureusement cette sonnerie me sort de ma transe et je me résigne à aller ouvrir en priant pour que ce ne soit pas lui.

J'ouvre la porte et fait face à ma mère toute en beauté. Je me souviens qu'elle avait un shooting pour une collaboration avec plusieurs marques.

- Qu'est ce que tu fais là μαμά ( = maman, prononciation : mommy ) ? Dis- je choqué de la voir. Je n'étais pas censé la voir et je ne me souviens pas que nous ayons programmé quelque chose ensemble. J'ouvre plus grand la porte pour la laisser entrer. Elle va sans doute criser pour le désordre, c'est une grande maniaque.

Elle rentre et regarde autour d'elle avec une expression horrifiée avant de se poser sur le canapé sans aucune remarque.

Inhabituel...

Je ferme la porte et me dirige vers la cuisine.

- Tu veux quelque chose à boire ? Lui demandais-je

Elle ignore ma question et me regarde droit dans les yeux en tapotant la place à côté d'elle pour m'inciter à m'asseoir à côté d'elle, ce que je fis.

- Écoutes μωρό ( = bébé, prononciation = moro ), cette situation avec ton père me fatigue. Je veux que ma famille soit heureuse et que tout le monde s'entende, que chacun puisse vivre sa vie comme il l'entend. Dit – elle sérieusement. Ma mère est le ciment de notre famille, sans elle cette dernière finirait en ruine.

- Il faut que tu dises ça à ton mari, j'ai rien à me reprocher à part vouloir mener ma vie comme je le veux. Répondis-je d'un ton plaintif.

Mon père veut que mon frère, Adan, et moi reprenions son entreprise ensemble afin qu'il n'y ait pas qu'une personne à la tête de toutes les entreprises Silas. D'après lui, il aurait aimé avoir un frère avec qui partager cette expérience.

Sauf que je ne veux pas travailler dans son entreprise et j'ai l'impression qu'il fait le sourd-d 'oreille à ne pas écouter ce qu'Adan et moi disons.

Mon frère, lui, veut reprendre l'enseigne Silas depuis la première fois qu'il a mis un pied dans une des entreprises de mon père.

On essaye de faire comprendre à mon père depuis une dizaine d'années qu'Adan est apte à reprendre sa place, qu'il a fait les études et qu'il est qualifié pour le poste mais il est bloqué sur l'idée que c'est mieux à 2. Qu'il ne veut pas qu'un de ses fils se sente délaissé.

- J'ai déjà parlé à ton père et c'est pour ça que je suis là. Même s'il n'est pas d'accord, je t'ai décroché un entretien d'assistant pour une grande marque. J'ai rencontré la directrice ce week-end. C'est dans ses locaux qu'on a fait la collaboration et elle cherche quelqu'un depuis que son assistante est partie en congé maternité. M'explique – t – elle.