CHAPITRE 39

752 66 35
                                    

Nilaja 

- Mademoiselle Saad, nous ne vous attendions pas, s'exclame la réceptionniste quand elle me voit arriver, voulez-vous que je vous annonce ? Je secoue la tête pour simple réponse et me dirige vers les ascenseurs pour atteindre le dernier étage. Quand c'est fait, je ne prends pas la peine de toquer à la seule porte présente et rentre directement.

- Nilaja, qu'est ce que tu fais ici ? Il était concentré dans ses papiers donc ma venue l'a surpris.

- Il faut que l'on parle, tu ne penses pas Papa ? Dis-je en insistant bien sur le dernier mot avec amertume.

Il a un moment d'arrêt avant de hocher la tête et m'invite à m'asseoir sur le fauteuil. J'inspecte le bureau qui n'a pas vraiment changé depuis mon enfance. Je me souviens d'une époque où j'aimais passer mes journées ici à jouer pendant qu'il était en train de travailler. Cette époque est bien loin et bien évidemment révolue.

- Je ne viens pas ici pour que l'on se réconcilie, dis-je en mettant les choses au clair directement, je veux juste savoir ce qui vous a poussé à être des parents médiocres avec moi. Il continue de me regarder et cette absence de réaction commence peu à peu à me rendre folle. Je veux seulement avoir mes réponses pour enfin pouvoir partir en paix. Il souffle avant de se lancer.

- On, il souffle un bon coup avant de reprendre, on est désolé. C'est seulement la dernière fois, quand tu nous a viré de chez toi que nous avons réalisé l'impact qu'a eu notre comportement. Je ris jaune face à sa réponse plus que pathétique. Je m'attendais à mieux venant d'un chef d'entreprise.

- Ne parle pas pour elle, tu es sûrement désolé, mais pas elle. Je me lève pour avoir un ascendant sur lui. Je me suis toujours demandée ce qui vous a poussé à rester ensemble. Vous vous êtes sûrement aimés à une époque mais l'amour était déjà parti quand je suis arrivée. Vous nous avez jamais donné le bon exemple d'amour et je me demande comment Arli a fait pour avoir une aussi belle vision de l'amour, l'amour parental qu'elle a reçu a sûrement dû compenser. Vos disputes perpétuelles, vos manques de respect constants, les moments où vous faisiez comme si l'autre n'existait pas... vous avez contribué au monstre que je suis devenue. Mais le fait que vous ne vous entendiez plus ne devait pas impacter sur mon éducation, je suis votre fille. Je n'ai pas demandé à être là mais vous si. Je dis tout cela d'une voix plate, sans émotions. Même si mon enfance a été dure et qu'elle a donné la personne que je suis, en parler ne me fait plus autant de peine.

- Tu ne peux pas savoir à quel point je suis désolé et triste de ce qu'il s'est passé. Quand j'ai voulu me rattraper, il était déjà trop tard. Mais c'est beaucoup plus compliqué que ce que tu ne penses. Je lève les yeux au ciel face à sa réplique.

- T'es chanceux dis donc, j'ai tout le temps qu'il faut pour que tu m'expliques. Il souffle de frustration avant de me répondre.

- Ta mère et moi nous sommes rencontrés très tôt au Nigéria et ça été le coup de foudre. J'ai tout fait pour la ramener ici avec moi et dès que ça a pu être possible, nous nous sommes mariés. J'ai été fou amoureux de ta mère pendant longtemps mais comme on dit, l'amour ne fait pas tout. Comme tu le sais, ta mère est compliquée et même si ça n'excuse en rien ce que j'ai fais, à l'époque je n'en pouvais plus de certaines de ses facettes. Quelque temps après, on a appris qu'elle était enceinte et c'était pour elle le plus beau jour de sa vie. Elle a toujours voulu être mère. Sauf que j'ai fais une bêtise et quand elle l'a appris, elle a fait une fausse couche.

- Tu l'as trompé. Compris-je avant même qu'il le formule. Je savais que mes parents étaient infidèles, cela ne me choque pas vu leur relation qui s'est quand même apaisée lors de la naissance de ma sœur. Ils sont devenus plus calmes et même si l'amour était parti, ils sont devenus respectueux l'un envers l'autre.

BLACK BOSSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant