Chapitre 7

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— Tu n'étais plus une enfant, déjà à l'époque.

Les mots me manquant, je me contentai de secouai la tête. Non, je ne l'avais pas été, pourtant il ne s'était rien passé. Un ami m'avait consolée quand j'en avais eu besoin. Il n'y avait pas eu la moindre ambiguïté.

Ça n'avait clairement pas été le moment.

— Ça fait longtemps qu'on se tourne autour, murmurai-je.

Les doigts crispés sur mon torchon, j'étais incapable de détourner le regard.

— Tu es la fille de mon meilleur ami, déclara tranquillement Thomas, son pouce suivant la ligne de ma mâchoire.

— Je n'en suis pas moi une femme.

Le sourire qui fendit son visage rude fut si crispé que mon cœur manqua un battement. Il n'avait pas illuminé ses yeux, ni détendu l'atmosphère. On se regardait dans le blanc des yeux, la tension si palpable qu'elle me déstabilisait.

Ça ne suffisait à rien de le nier : il y avait quelque chose entre nous. On le sentait tous les deux, et Thomas en était visiblement conscient, lui aussi.

Si la distance avait pu aider à l'oublier, elle n'en était pas moins forte que des années plus tôt. Que ce soit aujourd'hui ou dans dix ans, je le voulais. Les choses étaient claires, en tout cas de mon côté, et j'avais senti son désir. Il avait été difficile à ignorer la veille.

— Tu es une très belle femme, acquiesça-t-il en reculant d'un pas, mais je ne baise pas la famille.

Je failli hurler de rage. Mais qu'est-ce que c'était comme connerie, ça ?

— On n'a aucun lien de sang.

— On est voisin.

— Et alors ?

C'était ça, son excuse ? Parce que, merde, c'était pitoyable. Il pouvait bien dire ce qu'il voulait, la seule chose qui s'opposait à un nous potentiel, c'était lui. Et puis, je ne voulais pas le monde, ou bien une relation digne d'un roman à l'eau de rose.

Je voulais du sexe, pour purger les fantasmes qu'il m'inspirait depuis si longtemps. Je voulais voir quel genre d'amant était Thomas. Je voulais vivre.

J'avais passé les dernières années à me défoncer pour des choses qui ne me convenaient pas vraiment longtemps. Trouver ma voie m'avait pris du temps, ainsi que pas mal d'erreur, mais j'étais sûre de ce que je voulais, désormais.

— Et alors, je ne te baiserai pas, répéta-t-il avec un petit haussement d'épaule.

Thomas se remit à faire la vaisselle, enchaînant les plats trop rapidement pour que je puisse en placer une. Occupée à tout sécher, je le regardai nettoyer tout ce qui traînait à un rythme fou. On eut tôt fait de tout ranger.

Au moins, ça, c'était fait. C'était le mauvais côté de la cuisine, celui qui ne me plaisait pas. Créer, c'était cool, mais tout ranger derrière ? Bordel, c'était une vraie plaie !

— Tu ne me baiseras pas parce que tu n'as pas envie de moi, ou bien parce que tu as peur que mon père te tombe dessus ? demandai-je tandis qu'il essuyait ses mains sur son jean.

Le regard noir que je récoltai me fit hausser un sourcil. Oh, je n'avais pas peur de lui. Je n'avais peur de rien, et encore moins d'un homme qui me racontait des salades en espérant s'en sortir.

Je n'étais pas du genre à abandonner quand je voulais quelque chose, mais s'il me disait clairement qu'il ne voulait pas de moi, je le laisserais en paix. Le harcèlement sexuel, ce n'était pas mon truc. J'avais été franche dans mes désirs, c'était à son tour d'arrêter de mentir.

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