Chapitre 31

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Le problème avec internet, c'était que ça permettait beaucoup trop de choses. Comme acheter une dizaine de bouée pour la piscine, par exemple.

Assise sous le cagnard mortel, le cul dans l'eau, je tentais désespérément de gonfler celle en forme de flamand rose. C'était un foutu échec, et j'avais la tête qui tourne. Qu'importe combien je pouvais souffler dans le plastique, il refusait de se gonfler.

A ce rythme, j'en aurais pour une petite année avant de pouvoir poser mes fesses dessus. Je ne possédais clairement pas cette patience, et mes poumons ne tiendrait pas le choc.

— Tu trouves ? hurlai-je après avoir pris une grande inspiration.

— Je suis censé chercher quoi ?

Je renversai la tête jusqu'à manquer de m'en briser la nuque pour découvrir Thomas derrière moi, délicieusement torse-nu. Cela dit, personne ne portait de t-shirt par cette chaleur. En ce qui me concernait, c'était bikini vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

La moindre couche de tissu me donnait l'impression d'être un poulet dans une rôtisserie. J'avais presque élu domicile en permanence dans la piscine, d'où mes achats légèrement excessifs.

— Papa cherche la pompe pour gonfler tout ça, répondis-je en désignant l'hécatombe de bouées dégonflées autour de moi. J'ai été un peu optimiste en pensant que je pouvais m'en occuper seule.

Ou en en achetant autant.

La manière que Thomas eu de se pincer le nez, les lèvres retroussées sur ses dents, me fit ricaner.

— J'ai abusé, hein ?

— Tant que tu n'as pas acheté tout ça avec ma carte, ça me concerne pas.

Alors ça...

— Tu sais, je t'aime bien quand tu es raisonnable.

Il attrapa un matelas gonflable et entreprit de le déplier lentement, à la recherche de la valve sur le côté.

— Il faut bien qu'au moins un de nous deux le soit.

Ça ne serait jamais moi. Jamais.

A une époque, j'avais cru qu'être tranquille, sage, était ce qui définissait une femme. J'avais tellement voulu grandir que j'avais fermé la porte de mon enfance avec un peu trop de force. Je m'étais perdue dans le processus.

Que ce soit maintenant ou dans dix ans, je serais toujours une gosse sur les bords ; j'adorais les peluches, les bouées pour la piscine, et les activités manuelles. C'était une part de moi, que j'aille bien ou non.

Pour être franche, c'était Riley qui m'avait appris à accepter ça. Il avait démonté pierre par pierre toute ma construction jusqu'à ce que je parvienne à me rappeler qui j'étais, ce que j'aimais.

— Tu veux essayer ? demandai-je.

— Je tiens à mes poumons, gamine. Je vais plutôt aller aider ton père.

— Pas besoin !

Papa émergea du garage à ce moment-là. Il brandit les deux pompes qu'il avait récupérées au-dessus de sa tête, un large sourire aux lèvres.

— Elles étaient bien planquées, mais je savais qu'on en avait !

En réalité, on possédait à peu près tout ce dont quelqu'un pourrait hypothétiquement avoir quelqu'un au cours de sa vie. J'étais sûre et certaine qu'on pourrait construire une maison entière en ayant uniquement besoin d'acheter les matières premières.

Entre Thomas et lui, il devait y avoir un foutu arsenal de disponible.

Je ne parvins pas à attraper une seule pompe ; avant que je le voie venir, les deux hommes se mirent en tête de se lancer dans une compétition pour savoir qui parviendrait à gonfler le plus de jouet. Tout ce que j'avais à faire, c'était de les débarrasser de ceux déjà faits et de leur filer les autres.

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