Chapitre 27

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— Tu as mis de la crème ? s'enquit Thomas.

Mais qu'est-ce qu'il croyait ? Que j'étais une gamine de trois ans incapable de s'occuper d'elle-même ? J'avais une foutue routine bien rodée pour ma peau. D'ailleurs, je n'aurais jamais attrapé de coup de soleil s'il ne m'avait pas distraite.

Le mouvement de ses muscles sous sa peau m'avait alpaguée avec tant de facilité que j'en avais été gênée un instant. Et puis je m'étais rappelée que personne n'était là pour le voir.

Papa n'était pas du genre à en avoir quelque chose à foutre des relations personnelles. A moins de nous tomber dessus en pleine séance de sport à l'horizontale, il ne nous dévisagerait pas suffisamment pour voir quelque chose.

En tout cas, tant que je ne me mettais pas à baver version chutes du Niagara. Mais j'avais un peu de retenue, un tout petit peu. En tout cas suffisamment pour ne pas m'évanouir à l'ancienne.

Ce qui n'était pas plus mal, les deux hommes qui me faisaient face étaient définitivement plus du genre à me coller deux claques de forain plutôt que placer des sels sous mon nez. Je n'avais pas une grande envie d'expérimenter ça.

— J'ai un coup de soleil dans le dos ? demandai-je en pivotant.

Je ramenai mes cheveux par-dessus mon épaule d'une main, les yeux rivés sur le mur en face de moi.

La scène n'avait rien de sexuel, pourtant le contrôle que je maintenais sur ma respiration était si étroit que je finis par me mordre la lèvre. Il me suffisait d'un rien pour m'enflammer dernièrement, comme une foutue ado.

C'était plus que suffisant pour me déstabiliser.

Bordel, je n'étais plus une gamine depuis longtemps, j'aurais dû être capable de garder la face en tournant le dos à quelqu'un ! Si j'avais été capable de me faire une place à San Francisco, à diriger des équipes parfois réfractaires, je pouvais bien gérer Thomas, non ?

— Un tout petit peu, juste ici.

Un doigt caleux frôla mon omoplate, menaçant de me tirer un frisson que je dus réfréner en plantant mes ongles dans ma paume. J'adorais autant que je détestais cet impact qu'il avait sur moi, cette manière d'exister qui me foutait à genoux.

Si ça n'avait pas été réciproque, s'il avait donné le change avec suffisamment de talent pour que je le pense désintéressé, je me serais probablement fustigée. C'était la certitude qu'on ne rencontrait pas deux personnes pareilles dans sa vie qui m'aidait à relativiser.

Qu'on choisisse de la protéger et de la développer ou non, il y avait une flamme entre Thomas et moi. C'était à nous de décider si on devait la saisir.

Je tendis le tube par-dessus mon épaule.

— Gâteau ? proposai-je tandis qu'il m'appliquait un peu de crème. J'en ai fait un à la framboise.

— Bordel, merci ! s'exclama papa. J'ai cru que j'allais devoir attendre jusqu'à ce soir !

Il arracha presque la porte du frigo pour récupérer ma création.

— Vous vous nourrissiez pas pendant que j'étais en Californie ou quoi ? marmonnai-je en le regardant préparer la table avec une efficacité incroyable.

Occupé à se laver les mains, Thomas ricana.

— Si, mais c'était moins bon. T'as un sacré don.

On me l'avait déjà dit. Plus d'une fois, en réalité. Rares étaient ceux qui n'avaient pas apprécié un plat que j'avais préparé. Mais venant de certaines personnes, ça avait beaucoup plus d'impact que d'autres.

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