J'étais le genre de personne qui ne pouvait pas rester sans rien faire. Je détestais ça, l'impression d'être inutile me rendant dingue.
Sauf qu'il fallait se rendre à l'évidence : je ne pouvais pas juste cuisiner du matin au soir. On était que deux à vivre ici, et même en nourrissant Thomas, ça restait bien trop de nourriture pour trois personnes.
Le ménage avait ses limites, allègrement repoussées, d'ailleurs. J'avais décidé de m'en détourner après avoir dépoussiérer le lustre de la salle à manger. Juste avant, j'avais fait chaque joint de la salle de bain à la brosse à dent.
Papa s'était contenté de me fixer pendant ma véritable frénésie, un café à la main. Il avait bien essayé de m'aider une fois, avant d'abandonner quand j'avais fini par tout critiquer.
Et maintenant...
Allongée sur le dos sur mon lit, les yeux rivés sur le plafond, j'étais figée dans une immobilité agréable, un calme né de mon activité particulièrement intense de la journée. Je n'avais pas eu l'impression de trop donner, et tout ce qui avait été à faire était fait.
J'étais juste fatiguée, suffisamment pour que le bordel dans ma tête s'apaise et que je ne sois pas tendue comme un string en attendant les retours de mon projet. C'était bien, particulièrement bien.
Pour la première fois depuis mon arrivée, j'avais l'impression de retrouver un équilibre, d'avancer. Je n'avais pas eu la conscience de cette nécessité en emballant mes affaires à San Francisco, ni en m'établissant ici.
C'était comme si une pensée sous-jacente, un instinct inexplicable et pourtant bien présent, s'était réveillé pour me foutre un sacré coup de pied au cul. Ma vie allait à cent à l'heure depuis que j'étais petite, c'était mon mode de fonctionnement.
Me retrouver à zéro, tout recommencer, prendre un nouveau départ, allait tellement à l'encontre de tout ce que j'étais que ça m'irritait. Ce n'était pas la première fois que j'étais aussi agitée, même si les raisons avaient été tout autre auparavant.
Le pire, dans tout ça, c'était que je connaissais un très bon exutoire, celui que j'utilisais depuis que j'avais découvert ce qu'était la soumission. Le meilleur moyen de faire taire mon esprit était encore d'aller trouver Thomas pour me faire baiser jusqu'à l'inconscience.
Je résistais tant bien que mal aux pulsions qui me hurlaient de me laisser aller à son étreinte, de l'inclure dans mon existence jusqu'à ce que je ne puisse plus me passer de lui. Parce qu'il n'était pas n'importe quel homme.
C'était peut-être stupide de penser ça, d'autant plus que c'était exactement comme ça que ma relation avec Riley avait marché. Sauf que je n'avais jamais eu peur de tomber dans une forme d'addiction avec lui.
Mon ancien amant ressemblait à un feu de forêt, destructeur, brûlant, et capable de prendre le pas sur le monde entier. Thomas, lui... J'avais l'impression de me jeter dans un volcan à chaque fois qu je lui parlait, et la sensation décadente me donnait envie de recommencer, encore et encore.
Bien des gens pensaient que les addictions pouvaient uniquement être physiques, qu'il s'agissait uniquement de drogue ou d'alcool. J'avais vu de bien trop près les dérives d'un attachement destructeur, et je n'avais aucune envie de le subir à mon tour.
Mince, Sasha... Il faudrait que j'essaye de la recontacter un jour. Je ne savais même pas si elle était sortie de son internement psychiatrique après sa dernière tentative de suicide. La seule chose dont j'étais au courant, c'était que son ancien dom avait été publiquement banni de l'établissement que nous fréquentions.
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Age Game
RomanceAprès avoir décidé de changer de vie, Jessica Stafford emménage à nouveau avec son père pour quelques temps. De retour dans la ville où elle a grandi, la jeune femme retrouve ses marques, mais aussi et surtout le meilleur ami de son père. Thomas Fai...