Chapitre 19

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Engagé dans une discussion à laquelle je ne participais pas vraiment, je laissai mes yeux balayer la salle. Ou plutôt la grange.

Cet endroit avait été rasé par les flammes quand j'étais encore gamin, le feu massacrant bêtes et humains sur son passage. Pour une raison ou une autre, ce bâtiment là avait survécu, et c'était devenu une tradition locale de l'entretenir.

Habituellement, il servait surtout pour les mariages ou les anniversaires, mais, chaque année, un bal avait lieu. Le but était simple : soutenir l'un des projets de ceux qui s'étaient engagés et lui permettre de déployer ses ailes.

Il fallait reconnaître que les dernières décennies donnaient raison à une telle initiative. Chaque projet devenait communautaire, et, ainsi soutenu, pouvait aller bien plus loin que l'idée d'origine.

Je connaissais toutes les têtes présentes, même si je n'étais pas proche de chacun d'entre eux. Les environs étaient soudés, mais ça ne voulait pas dire que nous étions tous parfaitement amis. La décence était une chose, l'amitié une autre.

Alors que je portais mon verre à ma bouche, une silhouette attira mon regard, l'alcool manquant de m'étouffer. Je toussai jusqu'à en avoir les larmes aux yeux alors que Jess pénétrait dans l'ancienne grange, absolument sublime dans sa robe écarlate.

A chaque pas, le tissu s'écartait pour laisser entrevoir sa peau dorée sur une telle hauteur que je manquai d'avaler ma langue. Un coup de vent ou un mouvement un peu trop conséquent, et n'importe qui aurait pu tout voir d'elle.

Pourtant, elle n'était pas vulgaire, loin de là. La coupe épousait son corps, mettait en valeur ses si jolis seins et marquait sa taille gracieuse. Le reste n'était que suggestion et séduction qui me poussèrent à ajuster ma queue d'une main.

Je n'étais pas le genre d'homme à tomber à genoux facilement, mais j'aurais tout donné pour l'être à se moment-là, pour darder ma langue entre ses cuisses et l'entendre gémir pour moi.

Paul fut bien plus rapide que moi pour rejoindre sa fille, un immense sourire aux lèvres. Il s'illuminait toujours en sa présence, bien plus entier que jamais. La dernière fois que je l'avais vu aussi heureux, ça avait été quand sa femme était toujours en vie.

Jess était le soleil de son existence, n'importe qui le verrait en leur jetant un simple coup d'œil. Et pour cause ! Merde, cette gamine pouvait être une plaie quand elle le voulait, mais c'était avant tout, et surtout, une femme sublime, intelligente, et avec une sacrée répartie.

— Qui est-ce ?

La question me passa carrément au-dessus. Je l'entendis, juste pas suffisamment fort pour que j'y prête réellement attention. Et puis, tout le monde savait qui elle était ici ; on n'oubliait pas nos jeunes, même s'ils partaient longtemps.

Quelqu'un répondit tandis que je fendais la foule pour la rejoindre, incapable de décoller les yeux de son visage rayonnant. Il n'y avait aucun artifice pour dissimuler ou sublimer ses traits, juste sa beauté dans la plus pure des formes.

D'accord, peut-être que j'allais ramper, finalement. L'idée de passer la soirée non loin d'elle sans avoir droit à une once de son attention me faisait l'effet d'une craie sur un tableau noir. Je savais être patient, mais ça supposait qu'aucun abruti se dresse entre nous. Ce qui finirait inévitablement par arriver.

Toutes les têtes étaient déjà tournées dans sa direction. Ce n'était qu'une question de minute avant qu'un jeune se sente pousser des ailes et essaye de l'aborder.

J'avais envie de croire qu'elle repousserait quiconque oserait l'approcher, qu'elle savait que personne ici n'était capable de lui donnait ce dont elle avait besoin. D'un autre côté, je n'étais clairement pas prêt à risquer de me faire remplacer, ne serait-ce que pour une nuit.

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