Chapitre 18

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Assise en tailleur sur la chaise de mon bureau, j'oscillais d'un côté à l'autre comme une gosse incapable de rester en place cinq minutes. Ce n'était pas ma faute mais cette du stress, clairement !

— Alors ?

Avec un sourire en coin, Riley croisa les bras.

— Tu es bien agitée, Jess.

— Riley ?

Il lui suffit de hausser un sourcil pour que je m'immobilise, figée dans l'attente d'un ordre qui ne viendrait pas. Après cinq années passées à ses côtés, j'avais pris des habitudes qui avaient la vie dure, dans le meilleur sens du terme.

C'était un homme incroyable que je regardais, un dominant dans toute sa splendeur, qui n'avait jamais dépassé une limite de trop. Riley m'avait poussée dans mes retranchements, mais il ne m'avait pas fait de mal.

Notre relation n'était pas à proprement finie, elle s'était transformée en une amitié que je chérissais plus que tout.

— Chérie, je t'ai déjà assuré que ton projet était solide, dit-il de sa voix si grave qui me faisait l'impression d'un ronronnement. J'ai tout passé en revue, et j'ai même fait des simulations de financement.

Il s'appuya contre le dossier de son siège de PDG, San Francisco s'étendant dans son dos à travers les immenses baies vitrées de son bureau. Avec son sourire en coin et ses cheveux bruns juste assez long pour lui donner l'air sauvage, il ressemblait à un foutu prédateur.

Rien chez lui n'était civilisé, bien qu'il s'amuse parfois à laisser croire le contraire. Il était doué pour ça, pour porter un masque, à tel point que ça avait mis longtemps pour que je puisse voir au-delà.

— Merci, soufflai-je, mes épaules retombant brusquement.

Un claquement de langue me répondit sèchement.

— Je refuse de croire que le simple fait de changer d'état ait pu te faire oublier toutes tes bonnes manières.

— C'est pas le cas, tu en fais juste beaucoup pour moi.

— Si tu considères que ça c'est beaucoup, attend que je me pointe pour casser les deux jambes de celui qui t'a agressé, marmonna-t-il, l'air soudain mauvais.

Je doutais que ce soit nécessaire, même si j'aurais payé cher pour un tel spectacle. Quant à savoir qui de Thomas ou lui gagnerait... Ce serait un match serré.

Merde, maintenant je voulais y assister !

— T'as l'air tellement plus jeune comme ça.

Avec un petit haussement d'épaules, j'attrapai un stylo qui traînait par là.

J'avais beau savoir qu'il ne disait pas ça méchamment, je n'aimais pas quand il remarquait cet état d'esprit. Ça avait beau être incontrôlable, un mécanisme de défense qui m'aidait à gérer les plus grosses pointes de stress, j'essayais de le cacher.

La honte n'était pas le motif, à vrai dire. Plus je me comportais comme une enfant, plus j'avais de risques que quelqu'un s'en prenne à moi, ou de me mettre en danger sans réellement y penser.

Ne pas en parler, tout glisser sous le tapis, n'était pas une option. En parler ouvertement non plus.

— J'ai besoin d'un peu d'aide, je crois, avouai-je. C'est un peu compliqué de m'occuper de tout ça.

— Tu veux revenir ici ?

Je secouai la tête avant d'y avoir réellement réfléchi.

— Tu veux pas plutôt...

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