Chapitre 34

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Il y avait un paquet d'avantages à se lever tôt comme, par exemple, regarder le soleil monter dans le ciel.

D'accord, c'était le seul putain de point positif. Je n'étais pas vraiment du genre à faire des grasses matinées, mais émerger quand tout était encore noir dehors ne me plaisait pas vraiment. J'avais fini totalement désœuvrée, accrochée à ma tasse comme si elle pouvait me sauver de mon ennui.

Au moins, le paysage était sublime, la rosée du matin encore accrochée aux pétales des fleurs. Les roses qu'on avait plantées avec papa étaient sublimes, colorées et charnues. C'était...

— Oh, putain de bordel de merde ! crachai-je alors que Thomas sortait de chez lui.

Son torse nu était sublime, mais ce n'était pas ça qui m'avait poussée à jurer comme un charretier. Son visage était si tuméfié que la moitié était bleue tout au mieux, violacée au pire. Il boitait un peu, juste suffisamment pour que je le remarque.

J'abandonnai ma tasse sans un regard en arrière, sans prendre la peine de mettre des chaussures. Je bondis dans le jardin comme si j'avais le feu au cul et qu'il était mon seul espoir de survie.

— Thomas !

Lorsqu'il se figea, dos à moi, un sale pressentiment m'envahit.

— Thomas, merde ! Retourne-toi.

Comme ma main sur son biceps n'eut pas le moindre effet, je fus celle qui le contourna.

De près, c'était encore pire. Vraiment pire. On aurait dit qu'il s'était fait passer à tabac par une groupe tout entier.

— Qui ? hoquetai-je en levant une main pour frôler sa mâchoire obstinée.

Un simple frôlement le fit tressaillir, me donnant envie de pleurer. Je n'étais pas effrayée par la violence, et encore moins par ses conséquences, mais Thomas... Je tenais beaucoup trop à lui pour le voir souffrir comme çà.

— Viens, ordonnai-je en lui agrippant le poignet.

Il ne dit pas un mot, ses yeux noirs braqués sur moi. Il n'essaye pas de protester, ni de lutter dans ma prise. En fait, il me suivit avec une étrange docilité qui éveilla ma suspicion.

Pour qu'il accepte de m'obéir comme ça, il s'était passé quelque chose. Une chose dont il ne voulait visiblement pas me parler.

Plutôt que de retourner chez mon père, je mis le cap sur la maison de Thomas. J'avais refait le plein des pharmacies après ce fameux jour où j'avais été absolument cramée par le soleil. J'avais un peu abusé sur les quantités, mais au moins on était paré pour tout.

Comme, par exemple, des hématomes de la taille du Sahara.

— Assis ! aboyai-je lorsqu'on arriva dans la salle de bain.

— Tu es un peu trop autoritaire, ce matin.

Je me contentai de reniflant en récupérant la pharmacie que j'avais planquée dans le placard du bas.

— Je te laisse faire comme tu veux quand je merde, marmonnai-je, mais j'en attends autant de toi dans le cas inverse.

C'était la moindre des choses ; il ne pouvait pas s'attendre à ce que je le laisse me couver sans faire exactement la même chose. Thomas avait beau être le dominant dans la relation, ça ne voulait pas dire qu'il avait plus de pouvoir que moi.

On s'était tous les deux accordés pour obtenir ce dont on avait besoin, pour former un équilibre impossible à trouver dans l'autre. Ça supposait donc qu'on prenne soin de nous de façon réciproque, surtout dans un cas pareil.

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