Chapitre 4

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L'avenir avait beau être incertain, il fallait que je reconnaisse au moins une chose : ne plus avoir à se lever à l'aube était sacrément bon. Pas de stress, pas de retard, pas de rush du matin.

J'étais tranquillement dans la cuisine, à peine vêtue d'un long t-shirt qui avait appartenu à mon père, à siroter mon café comme si l'heure ne tournait pas. Parce que je n'avais rien à faire de la journée, aucun rendez-vous à honorer, rien.

Avec un soupir de plaisir, j'agitai les jambes dans le vide.

Ouais, cette cuisine était parfaite, absolument parfaite. J'étais là depuis une bonne trentaine de minutes et, si ça continuait comme ça, j'allais finir par établir domicile dans cette pièce. C'était un vrai délice d'enfin avoir la place de faire tout ce que je voulais.

Le seul problème, c'était que j'allais devoir commencer à distribuer tout ce que je cuisinais au voisinage sous peu. Il n'y avait aucun moyen que papa et moi puissions tout manger, ou bien on finirait par rouler d'ici une semaine.

Je jetai un petit coup d'œil coupable aux cupcakes qui cuisaient tranquillement dans le four.

Ouais, impossible qu'on avale tout ça. Même le trou noir qu'était mon père finirait par caler, et c'était sans parler du repas que je prévoyais pour ce soir.

Point positif : j'avais quelqu'un prêt à goûter tout ce que je créais, et il était brutalement honnête. Sans être un critique gastronomique, il était plutôt franc et détaillé dans ses explications. Ça me suffirait dans un premier temps, jusqu'à ce que je parvienne à monter mon commerce.

À supposer que je me décide entre une pâtisserie et un restaurant.

Je remplis ma tasse aussitôt finie. J'allais avoir besoin d'une sacrée quantité de caféine, et d'un peu de bonne volonté.

Si quitter mon job avait été aussi facile que de décider comment je voulais m'habiller, je ne parvenais pas à mettre le doigt sur mon rêve. Enfin, pas exactement ; comme une gamine qui se rêvait à la fois astronaute et pilote de ligne, je n'arrivais pas à choisir.

Et pourquoi pas traiteur ?

Je bondis de mon perchoir, abandonnant ma tasse brûlante derrière moi. Bordel, j'avais quelques semaines devant moi avant de cramer les économies que j'avais placées en vue de ce changement de vie, mais je n'avais pas non plus le luxe de perdre mon temps.

Enfin, je pourrais, papa me l'autoriserait. Mais je finirais par devenir folle si je ne faisais rien. Rien qui n'ait un but, en tout cas.

La cuisine était ma passion, qu'importe sa forme. Il fallait que je trouve le moyen de concilier passion et boulot. C'était pour ça que j'étais revenue me perdre ici, à Hamrin, que j'avais emménagé avec mon père.

Ça et le fait que la solitude avait commencé à me tuer.

C'était impressionnant comme les grandes villes nous permettaient d'être particulièrement entouré et en même temps si seul. Ça avait été particulièrement vrai au boulot ; j'avais managé des dizaines de personnes, et pourtant aucun d'entre elles n'avait été un pilier pour moi.

Perdue dans mes pensées, je me mis à ranger tout ce qui traînait. Soit pas grand-chose ; papa avait gardé une rigueur militaire de ses années dans l'armée. Si ça m'avait bien emmerdée pendant mon adolescence, j'avais appris à aimer ça.

Chaque chose était à sa place, la maison était propre et, si elle manquait un peu de décoration, c'était un cocon agréable qui me faisait me sentir en sécurité.

— Téléphone, téléphone, téléphone, marmonnai-je en le cherchant.

Où est-ce que j'avais encore laissé ce truc ?

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