Chapitre 22

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J'eus tout juste le temps de prendre une douche avant d'entendre mon père rentrer à la maison. Par chance, j'avais pensé à planquer le t-shirt volé à Thomas dans un coin où il n'irait jamais jeter un œil, et ma robe était sagement de retour à sa place.

Tout ce qui subsistait de la nuit que j'avais passée, c'étaient les marques de doigt sur mes hanches et mes cuisses, rien qu'un short ne pouvait cacher. J'avais l'expression d'une femme bien baisée, par contre. Ou alors ce n'était que l'expression de mon imagination.

L'un dans l'autre, ça ne m'empêcha pas de natter mes cheveux et de le rejoindre dans le salon.

— Salut, toi, lança-t-il en m'enlaçant.

Comme quand j'étais gamine, il me souleva jusqu'à ce que mes pieds décollent du sol, et me berça dans un sens puis dans l'autre. Ça me faisait toujours rire, qu'importe les années qui pouvaient passer.

Mon père n'avait presque pas changé avec les années, toujours aussi grand et solide. Il avait dépassé la cinquantaine depuis le temps, pourtant ses muscles n'avaient pas fondu, pas plus que son esprit.

Seules quelques rides étaient apparues, lui donnant l'air de ce qu'il était : un homme mâture, sûr de lui, et capable de déplacer des montagnes.

— Où est-ce que tu as passé la nuit ?

Je savais qu'il allait poser la question. C'était évident. Mais toutes les réponses soigneusement préparées auxquelles j'avais pu penser avaient foutu le camp à l'instant où il avait ouvert la bouche.

C'était tellement typique avec lui que je me mordis la lèvre. Mon père savait toujours quand je mentais, ou quand j'allais mal. Il n'était pas le meilleur pour s'exprimer, mais il m'aidait comme il le pouvait, et je l'adorais pour ça.

Je n'aurais pas pu rêver d'une meilleure famille que lui, à tel point que, même maintenant que j'étais entrée dans la vie active, je me tournais toujours vers lui pour répondre à mes questions. Il n'y avait aucun problème qu'il ne pouvait pas résoudre.

— Je suis partie découvrir de nouvelles horizon, finis-je par articuler. C'était sympa.

— Sympa ?

Il m'attrapa par les épaules pour me dévisager.

— Est-ce qu'il faut que je casse les jambes d'un abruti ?

J'explosai de rire, le cœur si léger que c'en était presque indécent. On avait passé l'époque où il me répétait en boucle que les garçons n'étaient pas pour moi, qu'ils étaient tous des cons qui me feraient plus de mal qu'autre chose.

Désormais, c'était la violence qui primait, et c'était atrocement adorable. En tout cas pour ceux qui n'étaient pas pacifistes.

— C'est bon, lui assurai-je. Je vais bien.

Mon père renifla.

— Ça, ça veut dire que ta nuit n'a pas été géniale.

J'aurais voulu le détromper, mais je savais que ça voulait dire risquer de me trahir. Je jouais en quelque sorte à un jeu dangereux en couchant avec Thomas. Pas parce que c'était interdit, mais parce qu'il serait encore plus virulent avec lui.

Leur amitié était si vieille que je n'avais aucune envie de la briser, et encore moins de causer du mal à mon amant. Si j'avais quelque chose à lui reprocher, je le ferais moi-même, comme une grande fille, merci bien.

— Tu as mangé ? demandai-je plutôt.

— Sur la route, acquiesça-t-il. Ça n'a rien à voir avec ce que tu peux faire, mais ça fait le job.

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