Victoria n'a toujours eu qu'un essentiel dans sa vie : son boulot.
Jeune inspectrice talentueuse, elle excelle à établir les profils psychologiques des suspects afin de mieux atteindre leurs faiblesses.
Mais derrière cette femme que ses collègues...
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Mon partenaire - de boulot et de danse, dans ce cas précis - n'a pas lâché un mot depuis qu'il a chargé Daryl du rôle de porteur. Je ne sais pas trop quoi penser du court instant que nous venons de partager avec le latino, je me laisse donc guider par la valse très bien exécutée de Max.
Mais franchement, j'en mène pas large. Je suis carrément perdue. Ça m'agace d'avoir le cerveau en confettis alors que cette soirée, sensée être, je cite Lisa, pour "me décontracter et m'amuser", a pris un tournant considérable et inattendu... bon OK, j'aime les surprises, les imprévus, mais PAS quand ils font 1m80 et des poussières, qu'ils ont des cheveux de félins magnifiquement coiffés, un costume trois pièces noir putain d'élégant et une voix de crooner.
(En gros : l'imprévu est celui avec qui j'ai couché une heure à peine après être entrée dans sa villa. Ouais.)
— Tu te rends compte que t'as réussi à détourner mon attention du buffet ?
Si je comble le mutisme de mon partenaire, c'est pour ignorer le problème. Je sais pourtant bien que ça ne le fera pas disparaître, d'autant que Max desserre les lèvres seulement pour lancer :
— Ouais, et j'étais pas le seul à réussir cet exploit, manifestement.
Bordel.
— Mon chou, qu'est-ce qui te prend ? C'est Daryl qui te met dans un état pareil ?
L'attitude franchement vindicative et bourrue de Max face à un inconnu me surprend... il est du genre plutôt sociable d'habitude. J'imagine que Lisa a dû dépeindre Daryl comme le genre de mec que Max déteste, en sachant qu'elle ne sera pas allée jusqu'à lâcher le morceau concernant ma "relation" avec lui. Daryl aurait plusieurs dents en moins à l'heure actuelle sinon.
— Vous étiez drôlement proches, tout à l'heure... analyse froidement mon partenaire. Tu laisses jamais personne t'approcher comme ça à moins qu'il y ait un passif.
(Merde. Il a compris. Évidemment.)
Sous mon silence appuyé, qui ne fait que confirmer ses dires, Max s'étrangle presque en pivotant selon le rythme suave de la musique :
— Vic', me dit pas que t'as un passif avec ce type ?! Il est ultra louche, sans compter ce que Lisa m'en a dit ! J'veux pas que tu te fasses avoir par une belle gueule et des manières de séducteur... pas encore.
Je me tends aussitôt que ces deux mots passent sa bouche, refermant ma main sur la sienne avec plus de force. Sa réplique me blesse, et il le sait. Son visage s'affaisse en comprenant que je suis en colère.
— Si je t'ai confié ce qui s'est passé avec Jackson à l'époque, c'est pas pour que tu me le ressortes à chaque fois qu'un mec s'approche de moi, Max.
Mon ton est plus froid que je ne le voulais, mais il ne s'en formalise pas. Sa barbe se retrousse légèrement alors qu'il soupire.
– C'est vrai, j'suis qu'un crétin, désolé ma belle... c'est juste que... c'est ce Daryl. Il me revient pas. Lisa n'a pas voulu me dire ce qu'il faisait comme boulot, c'est encore plus suspect que son look - et c'est peu dire putain ! Regarde-le !
