CHAPITRE TROIS - "T'es vraiment une fouille-merde, Sojkā."

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De retour au poste après être passée par la case ravitaillement vite fait - un bagel sur la route -, j'entre dans la grande bâtisse de style victorien en ayant salué les deux collègues à l'accueil

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De retour au poste après être passée par la case ravitaillement vite fait - un bagel sur la route -, j'entre dans la grande bâtisse de style victorien en ayant salué les deux collègues à l'accueil.

Je dois aller voir Marquez, mais j'y vais un peu à reculons. Le prévenir de l'état de Max alors qu'il ne m'a pas à la bonne après mon absence à l'arrestation de Ortiz la semaine dernière ne joue pas en ma faveur... je franchis néanmoins le dédale des bureaux ouverts sans m'attarder et toque succinctement à la porte vitrée de mon Chef.

Quelques secondes plus tard, Sylviano Marquez m'ouvre et me fait signe d'entrer d'un geste du menton. Une chose que j'ai apprise sur mon Chef depuis 5 ans que je fais partie de son unité : jamais il ne restera assis dans son fauteuil alors qu'on toque à sa porte, ni ne hurlera un "Entrez !" condescendant. Non. Il se lève et agit.

Je referme la porte derrière moi et pénètre le bureau spacieux du Capitaine, m'émerveillant toujours autant du soin qu'il apporte à son immense bibliothèque qui prend tout un pan de mur à ma gauche. Les reliures cuivrées et dorées de divers ouvrages manifestement anciens m'attirent comme le papillon la lumière.

Marquez est un érudit de 40 ans, bien conservé, aux muscles fins et travaillés, dont on ne se doute pas de prime abord des penchants pour l'ésotérisme et des lectures de grands philosophes disparus. Sa peau matte et son regard dur vous dissèque constamment et vous intimide sans pour autant le faire exprès. En ce qui me concerne, il ne m'a jamais fait autant d'effet qu'aux autres. Je crois que c'est pour ça qu'il redouble d'effort quand il s'adresse à moi.

Mon Chef s'appuie au rebord de son bureau au lieu de s'asseoir dans son fauteuil. Il ne s'assiéra jamais si je reste debout. Il continuera de mettre un pied d'égalité entre nous, et ce même si son regard franc et son attitude un peu bourrue pourraient témoigner du contraire. Il est néanmoins très apprécié et largement respecté par ses pairs, malgré ses méthodes légèrement controversées.

"Tu n'as pas besoin de l'aimer, mais respecte-le", me dit souvent Max. Effectivement, je n'ai pas vraiment d'atomes crochus avec mon Chef mais jamais je n'ai eu à me plaindre de son comportement avec moi. Ni avec l'équipe. Il reste juste et impartial en toute circonstances.

Marquez me fixe un moment de ses yeux bleus et cernés, je remarque quelques mèches de cheveux bruns qui rebiquent à l'arrière de son crâne et au-dessus de son oreille droite, preuves irréfutables qu'il a passé une mauvaise nuit. La poisse. Inventer une excuse à mon partenaire alors que notre Capitaine est mal luné me paraît compliqué.

Mon examen ne passe pas inaperçu à Marquez, qui lance un juron quand je m'attarde sur la petite tâche blanchâtre sur sa chemise, au niveau de son épaule gauche.

Je n'ai pas eu le temps de me changer, assène-t-il en essayant de faire partir la marque.

Il n'ajoute rien mais je déduis instinctivement qu'il s'agit d'un accident de régurgitation. Leur bébé doit leur en faire voir de toutes les couleurs, surtout à cet âge là.

~ Mi volcàn ~ (Is It Love? Daryl Ortega)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant