"T'es à moi."
Ces mots se répercutent partout, véritable raz-de-marée que j'ai beaucoup de mal à endiguer. Je devrais m'acharner à stopper leurs échos. Je devrais avant que la voix de Daryl ne soit remplacée par celle, implacable, glaciale et vicieuse de Jackson.
Mais je n'y arrive pas.
Lentement, des griffes obscures enserrent ma gorge et m'empêchent de respirer. Je revois le brillant du tranchant de sa longue lame. Je sens à nouveau le bruit qui précédait son acharnement sur ma chair, puis la froide morsure et mon sang qui coule... et enfin j'entends sa voix doucereuse dans mon oreille, insensible à ma souffrance et jouissant de mon humiliation...
"T'es à moi, poussin."
J'ouvre brusquement les yeux et suis noyée par un torrent noisette insondable. Daryl. C'est lui qui me tient dans ses bras, pas Jackson. C'est lui qui vient de me dire ces mots, pas Jackson. C'est lui qui caresse mon visage d'un regard à la fois intrigué et profondément soucieux.
— Mi volcān, ça va pas ?
L'accent chantant de sa voix remplace celle de mon ancien tortionnaire. Je n'y distingue qu'une sincère inquiétude. Et bordel, il n'y a qu'elle qui me ramène sur le droit chemin. Je sors enfin du marécage nauséabond de l'enfer connu avec cet enfoiré, 6 ans plus tôt.
(Arrête de psychoter, Vic' ! T'es plus cet ersatz d'être humain qui se laissait faire.)
Je force un sourire et embrasse mon amant. Celui-ci souffle quelque chose contre mes lèvres, son torse se cambre et s'écrase avec douceur contre le mien, ses muscles me donnent le vertige et cette sensation inexplicable de planer avec insouciance dans un ciel d'été.
Même quand ses bras se referment étroitement autour de ma taille et capturent ma silhouette, ce lâcher-prise particulier me grise. Je suis libre.
J'évite néanmoins de m'épancher malgré les interrogations silencieuses que je distingue dans ses yeux. Déjà pour ne pas gâcher le moment, ensuite parce qu'il est encore tôt mais que j'ai quelques préparations routinières à faire avant d'aller au poste.
— Je dois prendre une douche, annoncè-je après que Daryl ait couvert ma mâchoire de baisers papillons.
Ses mains s'arrêtent dans la courbure de mes reins. Je tente de ne pas laisser mes envies primales resurgir... ce serait pas raisonnable. On a fait l'amour 5... non, 6... ou peut-être 7 fois ? Putain j'ai perdu le compte.
— Très bonne suggestion, mi volcān.
Sa langue articule mon surnom et envoie des arcs électriques léchés ma colonne vertébrale. Immédiatement, mon cerveau se repasse les paroles de la chanson en espagnol qu'il m'a déclamé. Son regard à ce moment là restera gravé dans ma mémoire à jamais.
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~ Mi volcàn ~ (Is It Love? Daryl Ortega)
FanfictionVictoria n'a toujours eu qu'un essentiel dans sa vie : son boulot. Jeune inspectrice talentueuse, elle excelle à établir les profils psychologiques des suspects afin de mieux atteindre leurs faiblesses. Mais derrière cette femme que ses collègues...