CHAPITRE DIX-NEUF - "¿Dónde está?"

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Je ne peux pas me permettre de craquer

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Je ne peux pas me permettre de craquer. Pas maintenant. Pas quand l'agitation règne en maître autour de moi, fragilisant déjà les digues de mon esprit. Pas quand la voix paniquée de Matt éclate dans l'air, que son visage se contorsionne de peur et de douleur, alors que je presse fermement la plaie béante de son jumeau avec mes paumes.

Alors, je compartimente.

J'ai appris à faire ça, je sais, je peux et je DOIS y arriver... pour ma santé mentale et surtout pour l'homme qui se vide de son sang juste en dessous de moi. L'homme que j'aime. Le premier qui a su déceler la jeune femme que je me languissais d'être sous ma forteresse en béton armé.

Je refuse de le perdre. Ce serait bien au-dessus de mes forces. Jamais je ne m'en remettrais. Après les innombrables tortures physiques et psychologiques dont j'ai été la victime, c'est celle-ci qui signifierait ma fin : perdre Daryl.

Je redouble d'efforts pour me concentrer uniquement sur la pression que j'exerce sur l'abdomen de mon beau latino. Inconscient depuis déjà plusieurs longues secondes, son appel désespéré, presque craintif, avant qu'il ne sombre, m'a lacéré le cœur.

Hermano, putain ! Me fais pas ça ! T'as pas l'droit, ¡santa mierda! RÉVEILLE-TOI !!

Dans sa panique, Matt saisit les épaules de son jumeau et le secoue. Je m'empresse de l'interrompre en essayant d'imputer à ma voix autant de douceur et de fermeté que possible afin qu'il ne vrille pas davantage :

Matt, ne le secoue pas. Il faut compresser sa plaie, il fait une hémorragie. Tant que le sang ne s'arrête pas de couler, on ne peut pas le déplacer.

Mes explications froides et analytiques ne bernent que mon interlocuteur. Si je me laissais aller maintenant au chaos infernal sous mon crâne, ce serait l'anarchie. Daryl mérite que je me réfrène. Je dois lui sauver la vie, et ça passe par un total détachement.

Alors, au lieu de l'homme dont je suis follement amoureuse, j'imagine une victime lambda. Ça m'aide. Un peu, mais je prends.

Tiens, remplace-moi, mets tes mains là, ordonnè-je à Matt en indiquant la blessure qui saigne abondamment.

Il acquiesce et obéit, comme s'il reléguait sa panique à mon flegme calculé. Je me débarrasse vivement de mon kimono, le roule en une boule de fortune et vient le presser sur la plaie, relayant Matt. Pedro nous rejoint très rapidement en avisant les dégâts et l'état de son jefe.

Joder de mierda, les espèces de fils de pute ! Jefe ! JEFE?!

Il s'agenouille et je lui explique, toujours aussi froide, que la balle est ressortie et qu'elle n'a pas touché d'organes vitaux. Malheureusement, son inconscience est problématique. Et tout ce sang qui imbibe déjà le fin tissu du kimono... non, Vic' ! Reprends-toi ! Sauve-le !

~ Mi volcàn ~ (Is It Love? Daryl Ortega)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant