Concentrée sur mon dossier, je noircis la troisième feuille de la procédure de plainte enregistrée auprès d'une petite dame de 90 ans qui a dénoncé le comportement "abusif et inapproprié" de ses jeunes voisins. Apparemment, le couple récemment marié fêtait un peu trop bruyamment leur nouveau départ, au point de fragiliser la pudeur de la vieille par des gémissements explicites.
Je fais des efforts pour ne pas rire en remplissant le cadre de l'objet de la plainte, jetant parfois des coups d'œil discrets et furtifs vers le bureau de mon détesté collègue potentiellement ripoux, Cranson.
Trois jours que je l'observe depuis la soirée chez Max. Trois jours qui ne m'ont absolument rien appris de nouveau, si ce n'est que ce type est un vantard fini et un connard assumé, ce que je savais déjà en somme. Mais je ne relâche pas ma vigilance pour autant. Je sais qu'il cache quelque chose.
Sa réaction lorsque je suis arrivée lundi au poste face à mon visage marqué à été sensiblement différente des collègues : il m'a ignorée. Pas une pique. Pas une remarque désobligeante comme quoi je "n'avais pas été assez prudente". Rien.
Soit, mon hématome a complètement disparu, j'utilise une crème cicatrisante ultra performante. Mais ma lèvre gonflée a longuement fait parler, même si aujourd'hui elle est peu visible... n'empêche, sa réaction- ou son manque de réaction - me met la puce à l'oreille. Je l'ai dans le collimateur.
Max me serine que je fais fausse route. Cependant, mon instinct me hurle que Cranson n'est pas net. Je trouverai de quoi il retourne même s'il faut que je lui colle au cul jusqu'aux chiottes !
(Euurk, merci pour l'image Victoria.)
Je grimace en retournant à mon affaire quand la porte du bureau de notre Capitaine s'ouvre à la volée. Une jeune femme d'approximativement 16-17 ans en sort, réprimandée par ce qui me semble être sa mère. La quadragénaire la fusille d'un regard glacial et lui ordonne de s'asseoir. Puis elle fait volte-face et referme la porte, excédée. Des bruits de voix stridents retentissent et je ne peux m'empêcher de plaindre Marquez d'avoir affaire à une telle harpie.
(Les joies du métier !)
Je me penche vers le bureau mitoyen de mon partenaire pour l'interroger à voix basse, tout en observant l'adolescente qui, dépitée, s'assied là où son démon de mère le lui a ordonné :
— Qu'est-ce qui se passe ?
Max relève les yeux de la montagne de paperasses brinquebalantes sur son burlingue et suit mon regard.
— Une plainte pour vandalisme et harcèlement scolaire, j'crois... ça fait plus d'une heure que Marquez est collé dans son bureau avec la mère de la gamine.
Il soupire en passant une main dans ses cheveux bruns, y mettant le désordre. Il zieute les dossiers qui s'accumulent et ne peut retenir une moue dégoûtée qui me fait sourire en coin. Heureusement, mon mentor ne le remarque pas. J'aurais eu droit à un regard noir sinon.
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~ Mi volcàn ~ (Is It Love? Daryl Ortega)
FanfictionVictoria n'a toujours eu qu'un essentiel dans sa vie : son boulot. Jeune inspectrice talentueuse, elle excelle à établir les profils psychologiques des suspects afin de mieux atteindre leurs faiblesses. Mais derrière cette femme que ses collègues...