CHAPITRE VINGT-ET-UN - "Je peux pas la laisser partir..."

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Le relief de la voiture de Pedro se dessine au travers de mon casque

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Le relief de la voiture de Pedro se dessine au travers de mon casque. Juchée sur ma moto, je suis le véhicule dans lequel me surveille mon petit-ami menteur, installé sur la plage arrière.

"Tu me promets que tu ne te défileras pas, hein ?"

J'ai hésité moins d'une demie seconde avant de lui asséner un regard chargé de poignards. Moi, me défiler ?! Daryl ne sait vraiment pas choisir ses mots... alors que devant Maccini, il m'a fait l'effet d'un roc inébranlable, froid et calculateur. Pour la première fois, j'ai vu tout ce que mon instinct m'avait supplié de voir avant de tomber amoureuse de lui : son identité secrète.

Je claque furieusement ma langue. Son "identité secrète" ?! Putain, c'est loin d'être un super héros ! C'est même le strict opposé ! Il fait partie de ceux que je mets en prison tous les jours. Des criminels. Des trafiquants... bon dieu de merde, El Craneo est connu pour son trafic d'ecsta. Je percute que maintenant.

Une boule acide remonte dans ma gorge. Je la bloque en accélérant, me rapprochant des yeux noisette intenses braqués dans ma direction. Impossible d'échapper à ce regard. Impossible de faire comme si mon foutu cœur ne s'emballait pas dès qu'il se plonge dans le mien.

(T'es dans la merde, ma pauvre imbécile...)

Est-ce que j'ai pris la bonne décision ? Est-ce qu'en pénétrant à nouveau sur son territoire, je ne me fous pas une balle dans le pied ? Je cours au piège. Je le sais, mais je ne fais pas demi-tour. Je ne peux pas.

La route et le moteur de ma Honda me font occulter mes réticences. Du moins pour le moment. Le vent qui fuse grâce à la vitesse m'aide à réfléchir. Je me demande si Daryl n'a pas ordonné à Pedro de mettre le pied sur le champignon tellement la voiture file vite. Probablement pour me dissuader de changer d'avis.

(Bordel, il me connaît bien.)

Je serre les mâchoires et contracte mes jambes autour du moteur ronronnant de ma moto. Je disperse toute autre émotion et décide de m'attarder sur les événements qui m'ont conduite ici. J'analyse donc notre récent entretien avec le mafieux italien.

Ce n'est pas l'auteur de la fusillade, comme je le pensais. Mais ça ne fait que le rayer de la liste des suspects... et connaissant désormais le rôle de Daryl dans le milieu, la liste doit être infinie.

(N'empêche, qui pourrait lui en vouloir assez pour le laisser dans le coma et faire porter le chapeau à l'un de ses rivaux ? Non, vraiment, c'est un sac de nœud incompréhensible... si seulement j'avais les idées claires et pas intoxiquées par mon manque de sommeil... et mon manque de lui.)

J'ai la faiblesse de relever les yeux et de soutenir le poids de ses rétines plantées dans les miennes. Je vacille, me reprends à la dernière seconde alors que je penchais dangereusement vers le trottoir bondé de badauds. Je vois Daryl se redresser brusquement, puis porter la main à son abdomen. Je jure copieusement, ma voix surpassée par l'agitation de la circulation dense.

~ Mi volcàn ~ (Is It Love? Daryl Ortega)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant