La porte de l'antre de Marquez claque pour la énième fois de la journée, faisant trembler nos bureaux respectifs à Max et moi.
— Ah mais putain, c'est pas vrai ! Grommelle ce dernier en avisant l'énorme trait d'encre noir malencontreux qui traverse désormais le rapport qu'il prenait soin de remplir depuis plus de quinze minutes déjà.
Je lui adresse un sourire contrit et retourne à l'inspection de celui qui vient de littéralement arracher la porte de notre Chef d'unité. Cranson. Évidemment, je ne suis pas surprise. Par contre, ce qui m'étonne, c'est sa soudaine indifférence à mon égard.
D'habitude, j'ai l'immense honneur de me faire incendier silencieusement par un de ses regards noirs spécialement destinés à ma personne. Bien que depuis plusieurs jours, je n'ai plus été gratifiée de ses pics... Là, le ripoux que je jure de coincer bientôt n'a même pas tourner la tête dans ma direction. À croire que je suis un fantôme.
Ça ne me dérange pas, bien au contraire. Mais ça m'interroge : Cranson a toujours été un sale con imbus de lui-même au point où les forces divines qui nous gouvernent devraient se plier en quatre pour satisfaire ses caprices de grand Prince. Désormais, même sa clique de fidèles se détourne de lui et de ses récits héroïques d'arrestations en tout genre. Comme si soudain, le voile s'était levé sur son impressionnante carrière aux nombreux faits d'armes plus abracadabrantesques les uns que les autres.
Étrange. Trop étrange pour que ça ne titille pas mon sixième sens de flic.
Quand il passe à côté de nos bureaux, je l'examine brièvement. Il n'est plus habillé de ses fringues hors de prix, il n'a plus ni sa super montre qui vaut plus d'un mois de salaire, ni ses chaussures à pointes vernies taillées dans la peau d'un pauvre alligator qui n'aurait jamais demandé à ce que sa tombe soit sur les panards d'un connard pareil, il fait presque... négligé.
(Ouais, étrange.)
Mon inspection échappe au ripoux mais pas à mon partenaire :
— Qu'est-ce qui s'passe, Vic' ? Tu cherches encore à coincer Cranson ?
J'évite de rouler des yeux devant l'air théâtral de Max.
— Il est pas discret, faut dire, ajoute-t-il en reprenant rageusement une nouvelle feuille pour réécrire son rapport. Ça fait plusieurs semaines qu'il a l'air d'être passé dans une essoreuse à chaque fois qu'il sort du bureau de Marquez. À croire que la relation de ces deux-là est de plus en plus conflictuelle.
(En même temps, avec un salopard de cet acabit, notre Capitaine doit pas s'amuser tous les jours !)
J'attends que celui dont nous parlons soit loin pour rebondir :
— Ça lui fait pas de mal de se faire passer des savons. Ce type me sort par les yeux et visiblement Marquez est enfin sur la même longueur d'onde que moi le concernant.
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~ Mi volcàn ~ (Is It Love? Daryl Ortega)
FanfictionVictoria n'a toujours eu qu'un essentiel dans sa vie : son boulot. Jeune inspectrice talentueuse, elle excelle à établir les profils psychologiques des suspects afin de mieux atteindre leurs faiblesses. Mais derrière cette femme que ses collègues...