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Paris, loin du cliché que peuvent se faire les étrangers cette ville était néanmoins mon chez moi, mon petit cocon qui m'avait accueillit dès le plus jeune âge et c'est elle qui m'avait vu grandir. J'y avais fait mes premiers pas, y avait connu mes premiers amis, mes premières déceptions et bien sûr mes premiers amours. Pour moi Paris n'avait pourtant pas été la ville de l'amour, mais plutôt celle de l'échec puisque chacune de mes relations s'était soldée par des larmes pour mon plus grand regret et maintenant envisager une relation me paraissait inenvisageable. Paris avait vu chaque parcelle de mon être évoluer et mon cœur lui appartenait entièrement.

Aujourd'hui le ciel était gris sur la capitale malgré que nous étions déjà en mai, j'étais sortie de mon café favoris en enroulant mon écharpe autour de mon cou, bien plus frileuse que la moyenne, et avais enfoncé mes mains dans les poches de ma veste pour abriter mes doigts du vent frais qui balayait les rues vides en ce début de soirée printanier. J'avais emprunté le même chemin qu'à mon habitude, traversant les mêmes routes et longeant les mêmes murs, c'était rassurant de suivre cet itinéraire parfaitement, je ressentais encore plus cette sensation d'être chez moi ici. J'aimais avoir mes habitudes, les mêmes musiques dans mes oreilles, les mêmes coups d'œil aux mêmes monuments, j'avais besoin de ce confort pour me sentir totalement bien. Alors que Mariage d'amour de Paul de Senneville se jouait dans mon casque je m'étais arrêtée face à un passage piéton attendant mon tour gentiment avant de passer, bercée par les notes de piano du compositeur français que je connaissais par coeur. Devant moi, à quelques dizaines de mètre, le palais garnier, grandiose, complètement incorporé à l'environnement, des images de ballet étaient apparues dans mon esprit et enfin le bonhomme était passé au vert, complètement perdue dans mes pensées et sans vérifier à nouveau j'avais mis mon pied droit devant, prête à me lancer, mais un bras m'avait retenu m'empêchant d'avancer même d'un seul centimètre et un vélo m'était passé sous le nez à une vitesse folle, il m'aurait probablement fauché si je n'avais pas été retenue, mon cœur avait raté un battement en le voyant s'éloigner toujours aussi vite et j'avais repris ma respiration calmement en me tournant alors que la pression autour de mon bras s'était atténuée jusqu'à disparaître.

-Ça va ?

Cette voix inconnue était parvenue à mes oreilles avant que je puisse apercevoir le visage de la personne qui venait de ma sauver d'un stupide accident. Un jeune homme au teint mat et bien plus grand que moi était posé le plus simplement du monde en me regardant, il avait les mains dans ses poches et j'avais à peine eu le temps de retirer mon casque, coupant ainsi la musique, que mes joues s'étaient mises à rougir. Ma bouche s'était entre ouverte sans qu'aucun son ne sorte, il avait alors froncé les sourcils puis les avais haussé.

-Ça va ? répétât-il.

J'avais hoché la tête doucement de haut en bas en détournant le regard et un timide « merci » s'était échappé de mes lèvres. Je lui avais alors tourné le dos et après avoir bien vérifié cette fois-ci j'avais traversé la route rapidement en fourrant mon casque dans mon sac un peu perturbée.

-Eh.. attend !

J'avais pincé mes lèvres en me stoppant net une fois arrivée sur le trottoir d'en face alors qu'une silhouette m'avait contourné, se retrouvant posée devant moi à nouveau, toujours aussi détendu le jeune homme s'était massé la nuque. J'avais relevé la tête à nouveau en direction de son visage, avais croisés son regard et pincé mes lèvres.

-Ça peut paraître indiscret et ça va peut être t'agacer mais je voudrais connaître ton prénom, dit il.

Je ne trouvais pas cela indiscret et ça ne m'agaçait pas mais j'étais étonnée, mes joues s'étaient à nouveau mises à chauffer, j'avais secoué ma tête essayant de faire disparaître ma timidité casi maladive pour répondre à celui qui m'avait évité une belle blessure.

KylianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant