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Le retour en France avait été assez brutal après les derniers moments que j'avais vécu avec Kylian. Il avait été contraint de rejoindre un hôtel avec ses coéquipiers duquel ils s'étaient dressés sur un balcon afin de remercier une foule de supporters fiers, il y était allé à reculons. S'il avait tenté de ne rien laissé paraître, il me paraissait évident que cette défaite l'avait encore plus marqué que ce qu'il m'avait confié. Je l'avais laissé filé avec une boule à l'estomac, égoïstement je ne l'aurais voulu que pour moi ce soir là. Parce que nous deux ça avait été plus calme et intense que jamais à la fois, plus apaisant et agréable qu'auparavant et pour cela j'aurais voulu en profiter quelques heures supplémentaires, malheureusement il était un garçon bien occupé et c'est seule que j'avais retrouvé mon appartement. Je n'avais pas veillé longtemps, le voyage m'avait fatigué, j'avais retrouvé mon lit dans la solitude et n'avait pas mis longtemps à m'endormir, complètement emportée par mes pensées. Je m'étais réveillée le dos endolori, je m'étais étirée en attrapant mon portable, souhaitant plus que tout avoir reçu un message de Kylian mais ce ne fut pas le cas, j'étais déçue mais je n'avais pas fait le premier pas non plus alors je ne pouvais rien lui reprocher. Par peur d'avoir idéalisé notre relation et de m'être fait des films j'avais préféré rester dans le silence en attendant un pas de son côté. J'étais allée à la librairie, Elio m'avait accueilli avec joie, je lui avais sauté dans les bras avec la sensation que nous nous étions quitté depuis des mois et nos quelques jours seulement. Nous avions passé plus de temps à discuter de mon séjour au Qatar qu'à nous occuper de la boutique, mais de toute façon comme bien souvent il n'y avait pas foule. En sortant voilà que des flocons de neige étaient venus s'écraser sur mes joues, j'avais observé les alentours et avais soufflé un bon coup, ça faisait une éternité que je n'avais pas écouté de musique en rentrant du travail, une éternité également que je n'avais pas pris le chemin que j'aimais tant, préférant raccourcir mon trajet car trop terrorisée à l'idée de croiser François mais aujourd'hui, et j'étais sûre que le footballeur y était pour quelque chose, j'avais le sentiment d'être forte et de pouvoir le faire. J'étais donc rentrée en passant par l'opéra, avec Mariage d'Amour de Paul de Senneville dans les oreilles, toujours fascinée par le piano en traversant les routes parisiennes qui m'avaient tant manquées.

L'après-midi avait été longue, remplie de doute, de questionnement, toujours pas de nouvelles de Kylian et je me demandais si ces derniers jours n'avaient pas été qu'un rêve. Je m'étais occupée tant bien que mal en cuisinant pour ce soir mais j'étais sûre que cette histoire allait me nouer l'estomac jusque là. Je m'étais hâtée de finir de préparer ma viande afin de l'enfourner. Complètement seule et dans mes pensées je n'avais cessé de me répéter les mots d'Elio, il avait été assez surpris que je lui annonce ma soudaine relation et ça n'avait pas semblé le rendre aussi heureux que ce que je souhaitais, il s'était même montré plutôt réfractaire, ça m'avait blessé mais c'était mon meilleur ami alors j'avais gardé tout cela pour moi, lui souriant bêtement en acquiesçant. J'aurais voulu qu'il accepte cela avec joie mais il avait les pieds sur Terre, il m'avait mis en garde, m'avait dit de faire attention. Il n'avait pas tort, se lancer dans une relation demandait plus de réflexion sans doute mais en réalité ça me semblait inévitable qu'on se retrouve après s'être tant tourné autour. J'étais peut-être naïve ou trop optimiste mais ça faisait du bien de ne pas broyer du noir constamment, j'avais besoin de cette lueur. Seulement la journée m'avait paru bien longue sans nouvelles de Kylian, j'en étais venue à me demander ce qu'il faisait presque toutes les heures. Seule face à mon assiette je m'étais surprise à aller sur ses réseaux, voir s'il avait posté quelque chose mais ça n'avait pas été le cas. Demain c'était son anniversaire et il n'était pas là, je n'avais pas de cadeau, je n'avais rien prévu et ne savait pas ce qu'il en était de son côté, c'était quelque peu chaotique. J'avais finis par débarrasser, le soleil s'était déjà couché malgré qu'il n'était pas tard, je m'étais approchée de ma fenêtre pour l'ouvrir et je m'étais penchée au dessus de ma rambarde pour observer la rue, la neige tombait depuis cet après-midi mais ne tenait pas au sol, il ne faisait pas assez froid bien que le vent semblait m'avoir fouetté assez brusquement. J'avais sentie mes joues rougir face à l'agression qu'elle venait de subir, j'avais reculé d'un cran en croisant mes bras sur ma poitrine pour me réchauffer. Je détestais l'hiver, il était triste, il faisait noir trop tôt, les nuits étaient longues et je ne supportais pas le froid. Seulement ce soir, ouvrir la fenêtre m'avait fait du bien, c'était comme un sentiment de liberté que de sentir le vent contre ma peau même si ça n'était pas vraiment agréable. Les yeux plongés vers le ciel étoilé j'avais été surprise d'entendre frapper à ma porte, j'avais baissé les yeux à la recherche d'une voiture familière mais aucune ne semblait s'être garée aux alentours de la porte de l'immeuble, un peu sceptique j'étais allée dans l'entrée, j'avais eu un mauvais pressentiment, mon cœur s'était mis à battre fort et je m'étais rendue compte en posant ma main sur la poignet que celles-ci tremblaient presque autant que mes jambes. Je n'attendais pas de visite, il était tard et là dernière fois que quelqu'un était venu à l'improviste ça ne s'était pas bien passé. Je m'étais maudis de ne pas avoir de judas, je savais de toute façon que la lumière du salon était allumée et de toute évidence, de la rue il était possible de savoir si j'étais là ou non. Quelle idiote de ne pas avoir baissé les yeux vers le trottoir, j'aurais pu savoir de qui il s'agissait. J'avais inspiré une bonne fois pour toute en tournant les clés dans la serrure puis j'avais fini par ouvrir, les yeux plissés comme pour réduire ma vision et éviter de découvrir le visage qui se cachait derrière la porte.

KylianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant