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Je m'étais assise sur le tabouret derrière la caisse pour la première fois de la matinée alors qu'Elio encaissait une cliente le plus poliment du monde, toujours un sourire scotché aux lèvres. Nous l'avions tous deux salué et quand elle avait franchit la porte pour quitter la librairie alors le brun s'était tourné vers moi en croisant ses bras sur sa poitrine.

-Tu as arrêté tes médicaments ?

-Quoi ? Non !

Ma réponse ne lui convenait pas, si quelqu'un faisait plus attention à mon traitement que moi même s'était bien lui, on se connaissait depuis un moment et chaque changement d'humeur de ma part l'inquiétait énormément. J'avais soupiré.

-J'ai passé un week-end horrible, c'est tout. J'ai bien pris mon lithium ce matin.

-Depuis que tu es arrivée tu as cet air, ce même air que tu avais il y a encore quelques mois lorsque...

-Ma journée d'hier a été horrible, c'est tout, promis. Je prend mon traitement, je ne veux pas ressembler à ma mère.

-Elle est malade Kaya, comme toi, ce n'est pas sa faute et tu le sais.

-Je n'ai aucune envie de parler d'elle, je vais aller ranger les nouveaux livres qu'on a reçu.

Il avait acquiescé et m'avait laissé contourner la caisse sans un mot de plus. J'avais soufflé un bon coup puis m'étais mise dans un coin où tous les cartons étaient fermés, j'avais attrapé de quoi couper le scotch et m'étais agenouillée pour tous les ouvrir. Par habitude, j'avais fait des tas sur un caddie et j'allais dans les rayons les déposer à la place qui leur était prédestiné. Elio me regardait faire du coin de l'œil en s'occupant des clients alors que j'avais envie de ne parler avec personne. Je m'étais mise face au dernier carton, avait attrapé à nouveau le cutter pour retirer le scotch et sous le coup de l'étonnement face à ma découverte dans celui-ci m'étais légèrement coupé le dessus de la main, j'avais grimacé légèrement sans trop faire attention aux dégâts et avais attrapé le livre dont la couverture m'avait tant perturbée qu'étonnée.

« Kylian Mbappe, le petit prince »

Si le nom m'aurait probablement était inconnu simplement écrit comme cela, la photo parlait d'elle même, ne faisant aucun doute, il s'agissait bien du Kylian qui se trouvait encore dans mon lit hier matin. J'avais mis un exemplaire de côté alors que j'avais fait d'autres tas avec des livres de la même collection.

« Antoine Griezmann : les 7 vies de Grizi »

Tous ces noms ne me disaient rien, comme toute à l'heure j'avais posé tout cela sur le caddie et était allée dans la bonne rangée trouver la bonne étagère pour les ranger correctement. Lorsque se fut chose faite je m'étais alors mise dans un coin discrètement avec le livre que j'avais gardé de côté et en avait lu le résumé au dos. C'était très étonnant, footballeur, j'y croyais lorsqu'il en parlait mais au point d'avoir un livre sur lui ? Je n'avais pas compris l'ampleur de la chose alors que maintenant ça semblait plutôt clair. Quand j'avais ouvert le livre j'étais tombé pile au centre sur des photos, c'était bien lui, maillot sur le dos, vainqueur de la coupe du monde 2018, ma bouche s'était entre ouverte sous le choc. Si je ne connaissais rien au foot je savais ce qu'était la coupe du monde et tout semblait bien plus impressionnant maintenant que je me rendais compte de cela, sa joie lorsqu'il était venu m'annoncer qu'il était champion de France et sa pudeur lorsqu'il abordait de près ou de loin son métier. J'avais souris face aux photos et avait reposé le livre avec les autres, attendrie par ce que je venais de voir et complètement fière de lui alors qu'il ne restait que ce garçon que j'avais vu deux ou trois fois, rien de plus.

-Tu comptes mettre un pansement ?

Et voilà qu'Elio m'avait coupé dans mes pensées, il avait décidé de ne pas me lâcher aujourd'hui, j'avais soupiré en jetant un coup d'œil à ma main qui n'avait rien d'impressionnant. L'entaille était petite, ça ne saignait même plus et je n'avais pas mal, mais il m'avait tendu la boîte de premier secours que j'avais attrapé en scotchant un faux sourire à mes lèvres pour le remercier et qu'il me laisse respirer un peu toute seule. Cette matinée était la représentation parfaite de la semaine qui avait suivi, une envie de m'isoler du monde entier, mon ami toujours derrière moi s'assurant que j'allais bien mais au final plus énervant que jamais. Lorsque nous étions arrivé à dimanche j'avais été la plus heureuse du monde, j'avais pu dormir jusqu'à 10h ce qui était un exploit pour moi, je m'étais retrouvée seule dans mon salon et honnêtement c'était ce dont j'avais besoin. J'avais bu mon café, fait un peu de rangement, j'avais aéré l'appartement en espérant qu'il en soit de même pour mon esprit mais je savais pertinemment qu'il allait resté embrouillé par toutes mes pensées négatives incluant notamment mes parents.

KylianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant