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Un peu étonnée de la lourdeur sur mon ventre j'avais ouvert les yeux terrifiée, en remarquant qu'il ne s'agissait que de Kylian qui dormait j'avais soupiré, rassurée, ayant complètement oublié qu'il avait passé la nuit ici. Je m'étais dégagée de son étreinte en tentant de ne pas le réveiller ce qui fut une réussite, j'avais quitté la chambre sur la pointe des pieds afin de faire le moins de bruit possible puis j'avais refermé la porte derrière moi. Les premiers rayons du soleil entraient dans l'appartement, j'avais attrapé mon téléphone et avais remarqué que j'avais un appel manqué de mon père, j'avais ignoré la notification, il était la dernière personne à qui j'avais envie de parler aujourd'hui. J'avais préféré me préparer un café que j'avais savouré sur mon balcon en observant les voitures et piétons qui passaient quelques mètres plus bas. J'aimais quand Paris était calme de la sorte, l'heure y jouait pour beaucoup, il était encore tôt, je m'étais accoudée à la rambarde, toujours simplement vêtue de mon peignoir et mes pensées avaient fini par se concentrer sur le jeune homme qui dormait dans mon lit, j'avais soupiré ne sachant pas si ça me rendait heureuse ou anxieuse, trop peu habituée à me réveiller accompagnée. Après avoir savouré ma dernière gorgée de la liqueur noire j'étais à nouveau rentrée dans l'appartement, j'avais déposé ma tasse dans l'évier et m'étais avachie dans le canapé en reprenant mon téléphone, une notification m'indiquait cette fois-ci un message, toujours de mon père, à contre coeur je l'avais ouvert pour en lire le contenu.

« Coucou ma Kaya, j'espère que tu vas bien, nous à la maison c'est compliqué : ta mère a refait une crise. Elle est internée pour deux semaines depuis hier, si tu veux lui rendre visite. Même hôpital, même chambre, tu commences à connaître malheureusement. C'est pas facile pour elle, ne lui en veux pas, tu sais mieux que quiconque ce qu'est cette maladie. Je t'embrasse. »

J'avais soupiré et avais balancé mon téléphone à l'autre bout du canapé sans répondre. Ne lui en veux pas, drôle de phrase, facile à dire. J'avais beau comprendre mieux que quiconque ce qu'était la bipolarité en la subissant depuis ma plus tendre enfance mais si ma mère n'était pas capable de suivre correctement son traitement je n'y pouvais rien, j'avais été victime de sa folie et de ses crises, maintenant je passais mon tour. Elle restait ma mère malgré tout, par le sang, mais l'enfance qu'elle m'avait fait vivre était encrée en moi et ce pour toujours. J'avais arrêté de lui rendre visite depuis bientôt un an, elle y retournait presque tous les mois, elle passait sûrement plus de temps en hôpital psychiatrique qu'à la maison mais rien n'y faisait, ses cachets ne quittaient pas leur emballage dans un coin de la salle de bain. À vingt et un ans j'étais capable de le suivre, elle devrait en être capable également. Comme bien souvent une première larme avait roulé sur ma joue, une seconde avait suivi et des dizaines d'autres avaient pris le même chemin alors que mes pensées s'étaient dirigées vers la chaotique famille. Quelle tristesse d'avoir une mère malade quand en plus cette maladie bouleverse également ton propre quotidien. Je m'étais levée en sursaut pour attraper ma trousse de médicament étant complètement sur le point d'oublier et les avais avalé un à un sans réfléchir, par habitude.

-Déjà réveillée ?

Je m'étais empressée de ranger mon bazar discrètement et d'avaler une gorgée d'eau pour tout faire passer avant de me retourner face au jeune homme qui venait de m'interpeller. Il se frottait les yeux, toujours simplement vêtu d'un caleçon et adossé au mur de ma chambre.

-Tu es réveillé aussi, avais-je aussitôt répliqué.

-Le lit était vide.

J'avais souris et croisé mes bras sur ma poitrine.

-Tu veux quelque chose à manger ou à boire ?

Il avait secoué la tête de gauche à droite, refusant mon offre et avais laissé tomber ses bras le long de son corps.

KylianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant