Derrière le rideau je sentais mon cœur s'affaiblir un peu plus à chaque seconde, mes jambes tremblaient de peur, peur d'échouer, peur d'avoir l'air ridicule, peur de me blesser à nouveau. Dans la peau du cygne noir je ne pouvais que jouer avec le tulle de mon tutu sombre pour tenter de me calmer afin d'être en harmonie avec moi même d'ici à ce que j'apparaisse complètement face au public de deux personnes qui m'attendait impatiemment et silencieusement, ce n'était qu'une question de minutes, peut-être même de secondes maintenant avant que je sois visible et je devais avouer que je n'avais qu'une envie : prendre mes jambes à mon cou. Je m'étais fais bataille pour rester en place, montant sur une pointe puis sur l'autre pour m'assurer de la solidité de mes chevilles, ma dernière représentation sur scène face à un public s'était soldé par un échec, certain appelleraient ça une blessure, pour moi c'était bien l'échec de ma vie, le regard des jurys terrifiés par le bruit de la hanche et ma chute ne faisaient que de repasser en boucle dans mon esprit. J'avais respiré un bon coup, gonflant ma poitrine au maximum et c'est à cet instant qu'Agnès avait tapé deux fois dans ses mains de l'autre côté du rideau, celui-ci avait été tiré et j'avais cherché le regard de Kylian dans la seconde qui avait suivie. Ça n'avait pas été compliqué, il était au troisième rang, complètement seule, Agnès était debout dans l'allée principale, droite comme un pique elle ressemblait à un chef d'orchestre. J'avais déglutis bruyamment sans arriver à sourire, heureusement ma variation était dramatique alors je n'avais pas à le faire, j'avais capté le regard de la femme et avais hoché la tête annonçant que j'étais prête, ça n'était pas le cas mais je ne pouvais plus faire marche arrière.
J'avais fermé mes yeux et la première note avait retentit, résonnant dans mon esprit. Je n'avais pas eu à m'imposer quoi que ce soit, comme à l'entraînement mes pieds s'étaient mis à bouger sans même que je n'ai à leur forcer la main, tout était plus simple en musique, une note, un pas. L'avantage de l'avoir tant répété était que tout s'enchaînait avec un naturel effarant, j'avais ouvert mes yeux pour profiter du spectacle qui s'offrait sous mes yeux, je dansais dans un opéra totalement vide, le nombre de place était effarant et mon esprit s'était imaginé que la salle était bondée. Ça m'avait donné du courage et j'avais mis plus d'effort, plus d'intensité dans chacun de mes mouvements, c'était probablement la dernière fois que mes pieds fouleraient cette scène et je comptais bien vivre ce moment avec tout mon cœur. C'était probablement la première fois que la variation me paraissait si courte, le contexte contribuait à cet effet et lorsque ma pointe avait claqué contre le parquet pour la dernière fois je n'avais pu retenir mes larmes qui étaient un mélange de bonheur absolu et de tristesse accrue. J'avais tenu la position pendant de longues secondes en observant chaque lumière, chaque balcon, chaque détail importait pour que ce souvenir soit éternel. Lorsque mes bras étaient retombés le long de mon corps j'avais entendu des applaudissements qui m'avait fait me rappeler que je n'étais pas seule ici. Mon public n'était composé que de deux personnes pourtant j'avais le sentiment d'avoir performé dans une salle pleine à craquer. J'avais posé mes mains sur mes hanches en souriant, toujours les yeux rivés à l'horizon alors que le tout redevenait silencieux petit à petit. J'avais soupiré et finalement la réalité m'avait rattrapé, je m'étais approché du bord de la scène où je m'étais assise pour pouvoir retirer mes pointes et je m'étais laissée glisser jusqu'au sol ou Agnès m'attendait à bras ouverts, émue. C'était le genre de réaction que j'aurais aimé voir venant de ma mère des années auparavant, malheureusement elle était plutôt du genre critique, rien n'était jamais à sa hauteur et elle n'avait jamais hésité à me le faire savoir mais la chaleur des bras d'Agnès était réconfortante, elle avait frottait mon dos comme une maman en s'écartant de moi pour me féliciter de cette courte représentation qui signifiait tant. Elle m'avait ensuite laissé l'espace nécessaire pour me diriger vers Kylian, le jeune homme s'était levé de son siège, si mes yeux n'étaient pas trempés j'aurais pu jurer que les siens étaient humides mais ma vision ne me permettait pas d'en être sûre. Je m'étais glissée dans ses bras qu'il m'avait ouvert grandement pour profiter d'un câlin plus que nécessaire.
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Kylian
FanfictionSi la star montante du football avait toujours été discret concernant sa vie privée c'est que celle-ci n'avait jamais été bien remplie, et ce jusqu'à sa rencontre avec une jeune femme au train de vie si diffèrent du sien mais pourtant si semblable a...