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Au lendemain du retour d'Achraf dans la capitale j'avais enfin pris mes responsabilité, dès mon réveil j'avais donc attrapé mes médicaments pour les avaler d'une traite puis j'avais filé à la douche après un bon café afin de me préparer pour ma journée. J'avais commencé la matinée à la librairie comme toujours, exceptionnellement j'avais enfilé une robe pour aller travailler. Il faisait très chaud aujourd'hui, c'était particulièrement lourd et dur à supporter. Ainsi j'avais sautillé entre les rayons des heures durant sous le regard amusé d'Elio qui ne comprenait pas mais qui était ravi de savoir que j'allais bien. Je ne savais pas si je faisais semblant ou non, peut être qu'à force de faire semblant je serais convaincue d'aller bien et alors tout sera réglé après tout. J'avais discuté avec les clients plus que jamais, moi qui suis habituellement timide je n'ai eu aucun soucis alors qu'habituellement je fuyais pour laisser l'italien seul dans cette situation. Tout était plaisant en ce début de journée, je pouvais presque entendre les oiseaux chanter, c'était très cliché. J'avais fini par enfin me reposer en prenant place sur le tabouret à côté d'Elio et en posant ma tête sur son épaule.

-Tu as l'air d'aller bien.

-Je vais très bien. Tout va parfaitement bien.

Il avait rigolé et déposé un baiser sur mon front tout en continuant de pianoter sur son téléphone discrètement, sous mes yeux tout de même.

-Et que me vaut cette bonne humeur ?

-Achraf et toi êtes les garçons les plus géniaux du monde, vous m'inspirez. Je veux être comme vous.

Il avait prit un air flatté pendant un instant avant de redevenir sérieux.

-Et si tu essayais d'être toi même ?

-Ça viendra avec le temps ça, je me cherche encore.

Il avait acquiescé et je m'étais redressée pour me planter face à lui.

-Aujourd'hui j'affronte mes responsabilités, je vais m'excuser auprès de Kylian et je vais porter plainte contre François. Je veux finir cette journée complètement soulagée de tout poids.

-C'est un bon programme. Tu voudras que je t'accompagne ? Au moins au commissariat.

-Je pense que je peux y arriver seule.

-S'il y a quoi que ce soit tu me tiens au courant pas vrai Kaya ? Je suis là pour toi.

-Je sais bien. Tout va aller au mieux j'en suis sûre.

J'avais glissé mes bras autour de sa nuque et ses mains s'étaient posées dans mon dos le temps que nous nous serrions l'un contre l'autre.

-Tu es très courageuse.

-Je fais juste ce que j'ai à faire. Je dois assumer mes erreurs mais aussi comprendre que certains événements ne sont pas de ma faute. Fini de pleurnicher, je veux votre joie de vivre.

-Je suis fier de toi.

-Et moi je t'aime très très fort.

La clochette dans l'entrée avait sonné, gâchant notre petit moment intime, j'avais soupiré et l'avait laissé se diriger vers le vieil homme qui semblait quelque peu perdu, j'avais alors pris le contrôle de la caisse. Je n'avais pas eu grand chose à faire, Elio faisait toujours le plus gros, il aimait ça, il me reprochait parfois de trop en faire et de ne pas me reposer ce qui était stupide mais nous avions fini par trouver une sorte d'équilibre qui fonctionnait très bien et c'était tant mieux pour nous. Alors que midi approchait mon téléphone avait vibré dans ma poche, je l'avais sorti et avait vu un message d'Achraf que j'avais lu avec intention :

« Je suis pris toute la soirée vendredi avec Hiba, on a un événement, tu pourrais me garder les petits ? S'il te plaît ma petite Kaya. »

J'avais rigolé en sachant pertinemment que je ne pouvais rien lui refusais et lui en avais fait part, il m'avait remercié une dizaine de fois au moins alors que ça n'était pas grand chose pour moi. Il m'aidait tellement sans le savoir, c'était la moindre des choses, puis ses fils étaient absolument adorables, ils avaient l'air si sage et à l'écoute ce qui ne m'étonnait pas avec un papa comme Achraf. Une fois mon programme de ce vendredi ainsi établi j'avais retrouvé mon meilleur-ami à qui j'avais offert un baiser sur la joue et que j'avais salué de la main pour m'enfuir pile à l'heure. J'étais surexcitée d'aller voir Kylian, j'étais très optimiste ce matin alors je m'attendais à tout, j'espérais un accueil pas aussi glacial que celui auquel je pensais depuis hier, j'espérais que tout allait bien se passer. J'avais repasser ma robe avec mes doigts une fois arrivée dans le couloir et avais ressenti un pincement au coeur en voyant sa porte d'entrée. C'est fou parce qu'en temps normal j'étais heureuse d'être face à cette dernière mais là je savais que je n'étais plus la bienvenue et je sentais déjà un fourmillement dans mes doigts du au stress de la situation. Je m'étais approchée lentement comme pour regarder au maximum le moment où j'allais frapper sur le bois brut. Je m'étais arrêtée un instant sur le paillasson en prenant ma respiration calmement. Je savais à quoi m'attendre alors de toute façon autant y aller. J'avais fermé le poing pour frapper trois fois, assez fortement pour être entendue et j'avais attendu. J'avais attendu quelques secondes qui me paraissaient des heures mais ma mission était soldée par un échec. L'appartement était sûrement vide, où il n'attendait personne et ne voulait pas ouvrir à un potentiel inconnu. J'avais soupiré en faisant un pas en arrière, hésitante à l'idée de toquer à nouveau. Peut être dormait-il, non impossible il était midi passé. J'avais à nouveau repassé le bas de ma robe avec mes doigts puis j'avais finalement pris la décision de faire demi-tour en entendant la porte de l'ascenseur s'ouvrir, comme si elle m'appelait. Étonnement, ou pas vraiment, il était là. Il en était sorti le plus naturellement du monde et avais marqué un temps d'arrêt en remarquant que j'étais plantée au milieu du couloir, l'air idiote. Je n'avais pas souris, ni froncé les sourcils, ni ouvert la bouche pour parler, j'étais restée statique parce qu'il était très beau mais aussi parce que son visage était complètement fermé, visiblement ennuyé par ma présence à laquelle il ne s'attendait pas.

KylianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant