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Une semaine avait passé depuis ma dernière aventure, mon dernier coup d'un soir, et la mélancolie m'avait frappé en plein cœur alors que je rangeais les derniers livres avant de quitter la librairie puisque midi était passé depuis quelques minutes déjà. C'était fou, avec du recul, à quel point la soirée que j'avais passé vendredi dernier avait été parfaite, si j'avais tendance à jeter mon dévolu sur le premier venu c'était la première fois que cet inconnu me trottait encore en tête quelques jours plus tard. Ça faisait parti de mon autodestruction normalement, je couchais avec un homme, puis le laissais partir et je recommençais, ce n'était pas un soucis en soit puisque chacun dispose de son corps comme il le souhaite, pour ma part je savais que je regrettais toujours plus tard et que je me sentais salie par ces actions, pourtant je n'arrêtais pas, Kylian était une exception en ce point. Il n'était pas un regret, plus un remord, la connexion s'était faite si naturellement, il était extraverti, direct, franc, riait beaucoup, j'étais tout l'inverse mais il ne m'en avait pas tenu rigueur. Je ne dirais pas que j'aurais voulu le revoir de façon constante et régulière mais savoir qu'une potentielle prochaine rencontre était entre ses mains et non les miennes me torturait.

-Kaya, tu peux y aller tu sais ?

J'avais tourné la tête vers Elio qui travaillait ici avec moi et qui était accoudé à la caisse me regardant et se demandant probablement ce que je faisais, plantée ici, avec une pile de livre entre les mains. Je lui avais souris en déposant les livres sur le charriot où ils étaient initialement posés. Le brun s'était redressé un peu, il avait fait quelques pas jusqu'à moi et avait décalé le charriot de quelques centimètres pour libérer le passage.

-Tu es bien pensive ce matin...

-Si tu savais à quel point, avais-je soupiré.

Je l'avais contourné pour attraper mon trench et l'enfiler en jetant un coup d'œil à la rue baignée par le soleil, Paris commençait enfin à se réchauffer alors que nous approchions de la fin mai et c'était réellement agréable.

-Tu es sûr de ne pas avoir besoin d'aide Elio ? Je pourrais rester un petit peu plus.

-Certain. Y'a personne aujourd'hui, comme tous les samedis d'ailleurs.

-Les gens perdent le goût de la lecture, c'est dommage.

Il avait acquiescé puis croisé ses bras sur sa poitrine en me regardant fixement.

-Tu t'es maquillée Kaya ?

Mes doigts avaient glissé sur mes joues suite à son commentaire et je savais déjà qu'elles étaient rouges écarlates alors que je m'apprêtais à répondre.

-C'est si horrible que ça ?

Un rire s'était échappé de ses lèvres alors qu'il avait vivement secoué la tête de gauche à droite.

-Ça te va bien.

Mes lèvres à moi s'étaient étirées en un sourire, plutôt rassurée.

-Je vais y aller alors, bon courage mon Elio.

Il s'était à nouveau approché pour déposer un baiser sur mon front et j'avais fait demi-tour en quittant le bâtiment, sac sur l'épaule et casque sur les oreilles comme à mon habitude. Les rayons du soleil avaient, pour la première fois aujourd'hui, caressé mon visage ce qui faisait un bien fou, lorsque j'étais sortie de chez moi ce matin il faisait encore assez nuit et je n'avais pas pris de pause estimant que je travaillais déjà peu et qu'en bénéficier serait excessif. Pour ne pas chambouler mes habitudes j'étais passée à mon café favoris, j'avais pris la même boisson à emporter et était sortie avec le gobelet bouillant entre mes mains. J'avais alors pris le même chemin, je faisais ce détour chaque jour, m'arrêtant devant l'opéra garnier pour le contempler et presque me recueillir plusieurs minutes, aujourd'hui personne n'avait dû me retenir pour m'éviter un accident face au somptueux bâtiment, j'avais ressenti un pincement au cœur à cette pensée et avais rapidement secoué ma tête pour la chasser de mon esprit.

KylianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant