Un voleur savant -2-

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Il faisait noir quand les cinq ombres grimpèrent la petite muraille qui séparait le domaine des Tanaka de la rue. Ils sautèrent dans le jardin spacieux. L'herbe était courte, les buissons et les fleurs nombreux et variés. Mais ce qui intéressa les cinq voleurs, c'est la garde.
Il y en avait aucune. Pas même un surveillant. Soit ces Tanaka étaient vraiment insoucieux, soit ils se croyaient invincibles et qu'aucun voleur n'osera les voler. Cela fit sourire Bill, et inquiéter Vaslav.
Finalement il était venu, ne tenant pas à ce qu'on lui annonce la mort de ses amis le lendemain matin. Cette histoire ne lui plaisait pas du tout.

Cagoulés, les voleurs se glissèrent à l'intérieur de la maison sans problème, les portes n'étaient pas verrouillés. Ils se trouvèrent dans un système de chambre particulier, chacune possédait au moins deux portes coulissantes, les murs rouges étaient minces et.. Étaient aussi beaux que des tableaux authentiques. Ils portaient des dessins divers. Vaslav vit des soldats, des bateaux, des divinités, un soleil.. Beaucoup de soleils.
C'était normal, les Tanaka étaient appelé le peuple du soleil.

Ils allèrent de chambres en chambres, ne tombant que sur des meubles et rien de précieux. Ce n'est que quand ils arrivèrent à ce qui leur sembla être la cuisine, que Bill les arrêta.
Doigt sur ce qu'il devinait être sa bouche sous la cagoule noir, il leur montra les murs de la cuisine. Ils pouvaient percevoir de la lumière à travers les murs fins, à moitié opaque.
Quelqu'un était debout.

Vaslav vit avec horreur Bill sortir son couteau, les deux frères armés de pied de biche et Noémie, une corde. Il essaya de les arrêter, mais rien n'y fit. Bill ouvrit la porte en faisant le moins de bruit possible, et il réussit.. Jusqu'à ce qu'il pose le pied sur le parquet.

Il chanta.
Le parquet chanta. Tel un oiseau. Vaslav reconnut le son du rossignol.
C'était le fameux parquet du rossignol, utilisé dans les manoirs des seigneurs asiatiques pour les avertir de la présence des voleurs.
Ils étaient pris au piège.

La chambre dans laquelle il était entré était aussi grande que les autres, un lit de bambou étalé et vide sur le sol. Une femme aux longs cheveux rouges en kimono noir leur tournait le dos, assise en tailleur devant des bougies. Elle méditait ?
Elle n'avait pas bougé, même après le son du rossignol. Bill et ses amis échangèrent un regard, puis quand Vaslav pensa qu'ils allaient revenir sur leurs pas, ils entrèrent dans la pièce, faisant chanter le parquet sous leurs pieds.
Mais en s'approchant de la personne, Vaslav se rendit compte que ce n'était pas une femme, mais un homme. Et il les ignora.

- Hé, le roux là bas, le héla Bill, la nervosité rendait sa voix chevronnée. Donne nous tout ce que tu as et on te laisse vivre !

De nouveau, l'homme roux ne leur répondit pas. Il avait les yeux fermés. Vaslav le trouva très jeune pour être le père de la famille.
C'était sans doute lui, le fils handicapé.

- Tu es sourd ?

- Peut être qu'il parle pas notre langue ? chuchota Noémie avec sa corde en main.

- Pour des voleurs, vous n'êtes pas du tout discrets.

Couteau, pieds de biche et corde pointerent le jeune homme aux cheveux rouges. Même Vaslav avait sorti son couteau, ce qu'il trouva répugnant de sa part. Ils étaient cinq contre un.
L'homme roux se releva enfin et se tourna vers eux. Ses cheveux rouges droits lui arrivaient à la taille, mais c'est ses yeux sur lesquels Vaslav s'arrêta. Ils étaient verts et étrangement opaques. Ils ne brillaient pas. Il n'y avait aucun reflet dedans.
Une minute..

- J'imagine que c'est la première fois que vous entrez dans un domaine Tanaka, dit-il, bienveillant. Il vous plait ?

Aucune ironie n'était teinté dans sa voix claire, ce qui surprit Vaslav.

Souvenirs ( Basé sur un rôle play )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant