Un enfant robot -3-

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Suite du souvenir

Aujourd'hui, ils devenaient des grands soldats. C'est père qui le leur annonça alors qu'il venait chercher Lou et Mina. Les enfants avaient salué la petite rousse, et se prenant la main, ils sortirent des appartements. Père les accompagna dans des longs corridors propres et bien éclairés. Ils croisèrent d'autres enfants comme eux mais armés, patrouillant à l'enceinte de la forteresse. Ni Lou ni Mina ne remarquèrent leurs bras de fer ou leurs regards vides. Père descendit aux sous sols, où une plus pièces avaient été aménagé. Contrairement aux autres étages, le sous sol était tapi de métal blanc. Les portes étaient immenses et froides. Lou sentit Mina serrer sa main plus fort. Père s'arrêta devant l'une de ses portes sévères et se tourna vers les enfants. Son masque de fer reflétaient leurs visages blêmes.

- Mes enfants, dit il avec tendresse. L'épreuve qui vous attend derrière ces portes décidera de votre avenir. Soyez forts et braves. Prouvez moi votre valeur et je ferai de vous mes fidèles soldats.

La main de Mina était moite. Ils n'étaient que des enfants. Ils ne comprenaient pas. Ils faisaient confiance au père qui était si bon avec eux.
C'est Lou qui posa la question :

- Père, qu'est ce qui attend Lou et Mina ?

- Vous verrez.

Il ouvrit les portes.

La pièce était énorme, et vide. Aucun meuble en vue. Sauf des cylindres en verre. Plusieurs cylindres en verre attaché à des pompes et des câbles liées à un tableau de commandes où brillaient des boutons rouges et verts. Lou regarda Mina. Mina tremblait. Elle avait peur. Elle n'était pas prête à devenir une grande soldat, mais elle resta avec lui, elle ne recula pas. Comme Lou, elle voulait être reconnaissante a père de bien les traiter. Elle voulait lui rendre son amour. Lou savait qu'elle repensait à ses pieds mutilés. Elle ne voulait pas revenir à l'orphelinat.

- Venez.

Père les emmena aux cylindres en verre. Lou remarqua qu'ils avaient une porte, un sol et un plafond. C'était une boîte, assez grande pour accueillir un adolescent. Père ouvrit deux portes et les encouragea à entrer, puis, les enferma.
Il alla devant le tableau de commandes. Lou avait plaqué ses mains ses le verre.
Mina, dans le cylindre à côté, avait fait la même chose. Ils avaient peur, mais ils attendaient.
Père ne leur dit rien. Son masque de fer était tourné vers eux alors qu'il appuyait sur un bouton vert.
La tourmente commença.
Les ascenseurs, car oui, les boites étaient des ascenseurs, s'activèrent. Le sol sous leurs pieds trembla, et ils remontèrent, lentement, puis rapidement. Ils ne comprenaient pas. Ils ne comprenaient pas qu'il testait les symptômes de la malédiction sur eux. L'ascenseur filait en flèche alors que la malédiction s'abattait sur eux. Ça commença sur Mina devant lui qui s'était mise à hurler. Son nez saignait, sa peau fondait sur ses muscles, ses yeux larmoyaient, le sang goûtait de ses oreilles. Lou ressentit une douleur poignante à la tête, à la poitrine. Il vit des tâches sombres sur ses vêtements alors que sa vue devanait rouge, obstrué de sang. Il cria de douleur. L'ascenseur descendit. Mina pleura, supplia. Papa, arrête. Papa, j'ai mal. L'ascenseur remonta. Leurs cris redoublèrent. Cette fois les os de Mina se déformaient, son visage gonflait, des plumes et des cornes poussaient de son crâne. L'ascenseur baissa, puis fila en flèche vers le haut. Ses bras se tordaient, ses jambes s'allongeaient. Le sang jiclait de ses yeux, de ses narines, de sa bouche inhumaine. Elle vomit le contenu sanglant de son estomac.

- Mina ! Mina !

Les doigts sur le verre incassable, Lou criait le nom de son amie. Sa propre peau brûlait, ses cheveux tombaient. La douleur lancinait son petit corps, mais la vue de son amie en souffrance lui faisait davantage mal. Il frappa le verre de ses petits poings. ses phalanges s'ouvrirent. Son poignet se cassa. Il cogna sa tête dessus. Le sang éclaboussa. Il se cogna une autre fois. Il voulait sauver Mina. Le verre ne cédait pas. Le verre ne se brisait pas. C'est Mina qui se brisait.
L'ascenseur fit plusieurs allées retours. Plus personne ne criait. Plus personne ne suppliait. Un silence de mort régnait dans la salle des ascenseurs. Les portes s'ouvrirent. Lou était étalé sur le sol, le corps ankylosé de douleur. À travers ses paupières mis closes, il entrevit les pieds de père qui allait vers Mina. Mina n'était plus là. C'était un monstre laid et difforme qui l'avait remplacé. Il eut un éclat d'argent. Le cou du monstre a été tranché. Père s'approchait de Lou. Lou ferma les yeux. Même un enfant comprenait ce qu'était la mort, à sa façon. Nancy disait que les enfants qui étaient sages devenaient des anges. Mina était devenue un ange, mais pas Lou. Car le couteau ne le toucha pas. C'est la main de père qui se posa sur ses cheveux devenus blancs et noirs. Il caressa tendrement sa tête, examina ses oreilles pointus, puis lui prit le menton.

- Mon petit Lou, ouvre les yeux.

Les ténèbres envahissaient Lou, mais il était obéissant. C'est contre un grand effort qu'il ouvrit les paupières. Ses yeux violets émerveillèrent père. Il le serra dans ses bras.

- Lou, tu as réussi l'épreuve. Tu as surpassé mes attentes. Père est fier de toi.

Ses mots de gratification firent oublier à Lou le visage de Mina, terrifiée. Sa tête se déformer, son corps se décomposer, l'odeur de l'urine et du sang qui avait envahi la pièce à l'ouverture de son ascenseur. Lou avait fermé les yeux. Père était fier de lui..

Ce n'était que le début de sa torture.
Lou ne fût pas soigné. Il fût emmené dans une autre pièce où on le sangla à une table d'opération. Père lui avait donné à boire une boisson sucrée qui lui fit presque oublier la douleur qu'il ressentit quand les médecins de père lui amputèrent les bras et les jambes, sous une lumière blanche, aveuglante. Quand on lui enleva plusieurs parties du squelette et remplaça par des barres métalliques, quand on lui arracha des organes et bourra le vide avec des rouages, des armes, des bombes, des canons. On lui inséra des nouveaux bras, des nouvelles jambes, des nouvelles fonctionnalités. Ses bras étaient des canons. Ses mains des grapins. Son corps une arme.

L'opération achevé, le masque de fer apparut au dessus de ses yeux révulsés. La main de père caressa sa joue, sa nouvelle peau, ses nouveaux cheveux, ses nouveau membres.

- Mon petit Lou, l'Abysse t'a offert ce qu'il n'a offert à personne avant toi. Ta peau est increvable et ta force est inhumaine. Tes yeux voient plus loin que ceux des aigles, et ton cœur ne s'arrêta jamais de battre. Père t'a poli, il t'a transformé en quelque chose de mieux qu'un simple soldat. Il t'a donné une arme, que tu utiliseras pour exterminer les narehate.

- Nar..e ..hate..

- Les monstres qui détruisent notre monde, qui aspirent la vie de nos bien aimés et prennent leur place, pour nous tromper.

- Tr..om..per..

- Tu vas les tuer pour moi. Tu vas les exterminer jusqu'au dernier avec ton Annihilateur. ( il toucha le canon dans sa paume ) Ce sera ton devoir. Vas tu faire celà pour moi, mon petit Lou ?

Les points noirs dansaient devant les yeux de Lou. Ses oreilles bourdonnaient.
Il s'entendit murmurer:

- Oui, père.

Fin du souvenir

Souvenirs ( Basé sur un rôle play )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant