Début du souvenir
Le vieux seigneur Tanaka avait demandé qu'on ferme la porte de la bibliothèque, il congédia ses gardes par la même occasion, ce qui étonna Satoshi. Ils ne quittaient jamais ses côtés, pas même au domaine Tanaka.
Ce qu'il voulait dire devait être de cette importance qu'il ne désirait guère qu'on les écoute.
Quand le seigneur Tanaka brisa le silence, il le fit en shuan, leur langue natale.- Approche toi, Satoshi.
Tout son être lui criait de ne pas bouger à cet ordre prononcé froidement, de garder ses cinq pas de distance avec celui qui l'avait autrefois jeté hors du domaine et menacé de l'exécuter s'il y remettait les pieds. Celui qui avait joué au ballon avec lui et lui a appris divers noms de fleurs et de fruits dans le domaine Tanaka.
Il fit un pas, puis un autre, puis s'agenouillea devant son grand-père.- Relève toi, lui intima le seigneur Tanaka. Les héritiers ne se prosternent pas devant le seigneur.
La façon de montrer le respect aux supérieurs changeaient selon les rang au domaine Tanaka. Les civils et les ouvriers se jetaient à genoux et collait le front au sol, les gardes baissait sur un seul genou, mains jointes. Les héritiers et leur famille joignait aussi les mains et inclinait simplement la tête, preuve d'égalité.
- Je ne suis plus un héritier, répondit Satoshi. Ce droit m'a été enlevé il y a longtemps, mon seigneur.
Par la même personne qui se tenait devant lui, glaciale dans la vaste bibliothèque.
Le silence pesa sur sa tête. Il avait beau être aveugle, il sentait le regard sévère de son grand père lui brûler les cheveux sur le crâne.- Ton seigneur t'ordonne de te relever.
Satoshi obéit. Le seigneur Tanaka fit un pas vers lui. Satoshi entendit le froufrou de ses longs habits en soie.
Il allait enfin parler.
Satoshi aussi voulait lui parler. Sûrement pas de la même chose. Il a été surpris que ce soit le seigneur qui se prononce avant lui. Aiko avait dit que son grand-père perdait patience à cause de ses agissements. Les rumeurs ? Était ce la raison de sa venue ? Il l'a appelé pour le réprimander ?
Il se trompait.- Je n'ai pas l'intention de te corriger sur ton ignominie ni ta dépravation, dit le seigneur en devinant ses pensées. J'ai ouï dire des choses avilissantes à ton sujet, figure le. Des choses indignes qui salissent ton nom et ton honneur tout autant que celui de ta lignée et de ta famille. Entendre des obscénités tel que son petit fils, l'héritier légitime du domaine Tanaka, écarte les cuisses pour les hommes aux tavernes, fait saigner le cœur. Mais comme je l'ai dit, je ne vais pas essayer de rectifier ton comportement. Je doute que tu m'écouterais.
Satoshi sentit quelque chose dans la voix grave et lente de son grand-père. Une question qu'il ne posa pas. J'espère que ce que j'ai entendu n'est pas vrai ? Oui. C'était vrai. Totalement vrai..
Il avait raison, il n'allait pas l'écouter.- Vous donnez beaucoup d'importance aux aspects des rumeurs et oubliez le reste, mon seigneur, répliqua Satoshi. Tant qu'ils ne causent du mal à personne, mes choix ne regardent que moi, avec tout le respect qui vous est du.
Répondre au seigneur était un acte de révolte, mais Satoshi en avait assez qu'on lui jete la pierre à chaque fois qu'on parlait de ses décisions. Il avait pensé fort à Ray. Il a été son premier choix et il en était fier. Plus que fier. Personne ne lui enlèvera ça. Pas même le Tanaka le plus puissant d'Illubu. Celui qui avait le pouvoir de l'envoyer à la mort à tout moment.. S'il était au domaine.
À cet instant précis, il pensa au vieux. Tu as le courage de tout faire, crois plus en toi.- Es tu fier de ce que tu es devenu, Satoshi ?
Il entendit milles mots qu'il ne prononça pas. Milles injures qu'il avait entendu de la bouche de sa famille.
Salissure. Dépravé. Putain.
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Souvenirs ( Basé sur un rôle play )
AventuraLes souvenirs d'un voleur savant, d'une jumelle amoureuse, d'une gosse de riche, d'un tueur obsédé, et autre..