Une sœur brisée -2-

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Suite du souvenir..

La mélodie morbide du Sifflet Noir marqua le début de la tombée de son château dans le ciel.
Sous la demande de la Guilde, Ollie avait rejoint l'équipe de secours. Elle était combattante, et son frère était au fond de l'Abysse. Elle n'a jamais été autant inquiète de toute sa vie, et plus ils descendaient dans le trou, plus ses entrailles se tordaient douleureusement dans son abdomen. Ils étaient arrivés au quatrième étage, et aucun signe de vie, ni de trace de mort. Le groupe de secouristes questionna l'observateur du palier, il n'avait rien vu mais avait entendu des pleurs. Il n'était pas sûr si c'était un animal, ou un jeune garçon. Ils avaient été stridents. Ils fouillèrent la zone qu'il leur indiqua. Rien.
Ils remontaient.
Et c'est là où ils la croisèrent.

La montagne humaine. Le Sifflet Noir, Ozen l'Inamovible, la femme géante. Son sang s'était glacé dans ses veines. Elle avait reconnue la tête rousse renversée du garçon inconscient que la chasseuse portait.
Satoshi.
Ollie se rendit compte que c'était sa bouche qui criait, ses yeux qui pleuraient, son cœur se déchirait.
Ses pieds l'avaient poussé vers le Sifflet Noir, ses mains s'accrochèrent désespérément au bras de son ami. Ozen s'était baissé à sa hauteur, la laissant prendre Satoshi contre elle. La quantité du sang qui tâchait son corps brisé et blessé l'effraya.

- Il vit, gamine.

Ozen avait raison. Il vivait. Il respirait. Ses larmes redoublèrent, mais cette fois, de soulagement. Elle scruta son visage paisible, ses yeux fermés, frangés de cils sombres, ses joues couvertes de terre et de blessures, son front pâle qu'elle embrassa. L'amour de son frère. Son ange gardien. Il était revenu. Mais pas Ray. Où était Ray ?

Ozen lui donna un sifflet noir. Celui de Satoshi. Il l'était donc devenu.. Sifflet Noir. C'était le rêve de son frère, il l'avait partagé avec son ami, son amant.
Où était Ray ?

Ozen s'en alla. Ollie la rappela. Attendez !Elle ne pouvait pas partir. Elle ne lui avait pas parlé de Ray. Où Satoshi se trouvait, Ray devait y être. C'était une certitude pour Ollie. Une évidence. Ils étaient toujours fourrés ensemble. Satoshi ne l'aurait jamais abandonné. Jamais.
Ozen avait souri, cruellement compatissante.
La personne que tu cherches, est là, dit doucement Ozen. Il est dans le creux de ta main.
Le Sifflet Noir.

Satoshi avait été sommairement soigné à l'abysse. Les guérisseurs avaient fait de leur possible pour stabiliser sa situation grave. Ses soins de poursuivirent à l'hôpital Ohana. Ollie avait passé ses journées à son chevet, attendant son réveil pour lui donner son Sifflet. Il était à lui, Ray aurait été d'accord avec elle. Cette simple pensée eut l'effet d'une épée dans son cœur. Sa gorge se serra, elle sanglota dans ses mains.
Ollie s'était mise à boire, à boire beaucoup. Elle noyait son chagrin dans les verres qui se succèderent sur sa table. Jacob la disputait là dessus, il le pensait bien, mais s'y prenait mal. Ollie savait qu'il faisait tout pour la sauver, mais il n'y réussit pas. Il ne pouvait pas y réussir. Il ne pouvait pas lui retourner son Ray. Son petit frère.
Un fossé se creusait entre eux, petit à petit. Elle, sombrait, lui, s'emportait. Un jour, l'inévitable arriva. Jacob était au bout de sa patience, il le lui dit alors qu'elle engloutissait sa deuxième bouteille du jour. Je suis fatigué, Ollie. Fatigué d'essayer. Tu bois plus que tu ne respires, tu ne m'écoutes pas, tu m'ignores, je fais tout pour te rendre le sourire, tu n'en à rien à faire. Je ne suis plus bon pour toi. Je ne peux pas te sauver, désolé.
Et il était parti. Elle ne l'avait pas retenu. Elle ne l'avait pas pleuré. Car elle devait se rendre à l'hôpital ce jour là, on lui avait dit que Satoshi était réveillé.
Si elle ne pouvait pas être sauvée, elle voulait au moins le sauver, lui. Ne pas le laisser seul, comme on le lui avait fait. Ne pas l'abandonner quand il a perdu ce qu'il aimait, comme on le lui avait fait.
Elle voulai être là pour lui. Veiller sur lui.
C'est ce que Ray lui aurait demandé, elle en était sûre. Elle se changea, et empochant le sifflet noir, la sœur brisée sortit de chez elle.
On l'attendait.

Fin du souvenir

Souvenirs ( Basé sur un rôle play )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant