Les cornes du diable -3-

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Une mission d'urgence alerta les chasseurs et les combattants d'Illubu. Des attaques inconnus et d'une violence inouïe avaient été signalé au premier palier, faisant plusieurs morts en quelques jours. L'état des cadavres n'était pas reporté dans les détails de la requête, seulement qu'ils n'en restaient pas grand chose. Ce que Ozen traduit bien à sa façon : Ils allaient devoir gratter à la pelle, de la purée humaine des troncs des arbres inversées. Elle n'était pas loin de la réalité.
C'est à elle qu'on donna la position de chef d'expédition, parce qu'elle était un sifflet violet, et parce qu'elle était une chasseuse renommée pour son incroyable sens d'orientation dans l'abysse.
Il y avait des Tanaka dans son escouade, trois hommes et deux femmes en habit rouge et aux yeux dorés. Ils portaient l'emblème solaire sur le dos et divers tatouages noirs sur le corps, ou plutôt les parties visibles de leurs corps, car ils étaient serré dans leur vêtements du cou au orteils, comme des petites sainte nitouche.
Il y avait d'autres hommes et femmes dans leur groupe, des jeunes gens, des combattants, un extracteur et une guérisseuse, mais Ozen ne s'intéressa pas plus à leur identité. Il faut dire qu'elle était perturbée depuis l'annonce de la quête. Elle ne pouvaut s'empêcher que d'avoir un mauvais pressentiment. Pas parce qu'on ne savait pas qui était l'attaquant, mais parce que ça se passait au premier palier. C'était là où vivait son vieux pet de maitre, dans son observatoire taillé dans un tronc d'arbre desséché. Et s'il lui était arrivé un malheur ?
Si Hakuba Tanaka l'entendait, il se serait foutu de sa gueule. " Ce vieux corps ridé a encore toute la force qu'il faut pour abattre un dragon. Va ! petite arrogante,vide ta tête des idioties et occupe toi de ce qui est important. " Ou quelque chose du même style. pourtant Ozen gardait ses priorités claires et directes. Elle devait s' assurer de sa sécurité le plus rapidement possible. C'est pourquoi ils posèrent pied à l'abysse dès l'aube. Le voyage dura deux journées entières, avec quelques rares pauses dans les cavernes ou derrière les rochers surgissant du sol escarpé de la zone pré-abyssale. Ce n'est qu'au troisième jour qu'ils arrivèrent au premier palier, ils firent la rencontre de plusieurs camps désastreux. Des tentes détruites, des restes d'affaire brûlé, de la terre retourné.. Les jeunes de son groupe hoquetèrent devant les morceaux de cadavres carbonisé, éparpillés là où les yeux s'étendaient. La bête qui les a attaqué les a déchiré et brûlé, ou brûlé puis déchiré. Celà pouvait marcher aussi.

Pendant que les explorateurs et les combattants parlaient entre eux à voix basse, Ozen examina le camp. Quand elle finit, elle leur ordonna de continuer à marcher. Ils ne dormiront pas dans cette région. La chasseuse restait quant à elle sceptique face aux événements qui auraient pu se passer ici.
Ils campèrent dans un tronc d'arbre creux, et pendant que le reste dormait, Ozen s'adressa aux Tanaka qui restaient en distance avec eux, devant leur propre petit feu.

- Vous êtes les meilleurs chasseurs à ce qu'on dit, dit Ozen en passant outre les présentations. C'est quoi votre théorie ? Vous avez vu le camp, ou du moins ce qui en restait.

Les cinq chasseurs roux échangèrent un regard entre eux, puis une femme au visage balafré hocha la tête. Ils se décidaient s'ils devaient lui répondre, ou la laisser en vu.

- La même chose que vous, dit la femme en nettoyant la lame bleu de son katana.

- C'est à dire ? questionna Ozen.

- Ce n'est pas une bête qui a attaqué ces gens.

- C'est ce que je redoutais. Pourquoi tu le penses, la balafré ?

Ozen eut droit à un regard glacial de la part de la Tanaka dont le sourcil gauche, les paupières et la joue était marqué par une longue cicatrice, ses longues mèches rouges ne suffisaient pas à la cacher. Elle répondit néanmoins :

- Les blessures sont fines et profonde, expliqua la chasseuse rousse. Les griffes d'un félin ou d'un canidé ne collent pas avec les superficies des dégâts, sans oublier que c'est propre, avec un aspect rectiligne. C'est une lame du type épée plate, ou un sabre droit.

Ozen l'écouta, elle tint son menton et baissa la tête. Elle s'était assise en tailleur devant leur camp, son énorme ombre était projeté sur les pauvres Tanaka comme un énorme monstre d'ombre, mais aucun d'eux ne semblait dérangé par le détail.

- J'ai également remarqué qu'il n'y avait pas de morsure mortelle à part ce que les charognards ont arraché après la mort des malheureux. Le feu a été mis pour nous faire croire que c'était un monstre de type feu qui est l'origine du massacre, et pour cacher les traces. Futé.

Les Tanaka hochèrent la tête en silence. Ils étaient du même avis.
Plus tard quand les quatres autres allèrent se coucher, Ozen parla avec la Tanaka balafré. À sa surprise, elle apprit que la Tanaka s'appelait Nori, et était la nièce de Hakuba. Comme elle, elle descendait voir comment allait son oncle, l'ancien observateur. Les trois autres hommes et la femme Tanaka qui l'accompagnaient étaient de la famille, mais ils n'étaient pas proches.
Les deux jeunes femmes parlèrent toute la nuit, de l'affaire, mais surtout de Hakuba. Elles rigolèrent à l'évocation des vieux souvenirs, Ozen disait souvent "Hé ! Il m'a fait le même coup, ce vieux trognon !" et elle racontait à son tour sa version vécu avec quelques exagérations qui faisait rire Nori. La Tanaka rigolait doucement, cachant sa bouche derrière sa main couverte par la longue manche de son habit rouge. Il se trouvait qu'elle était assez timide, et pas du tout coincée comme Ozen le pensait. Comme quoi, il suffisait de désamorcer leur mépris pour les étrangers, et ils devenaient acceptables. Voire même.. adorables.

Le lendemain matin, le groupe reprit la route. Ils arrivaient à la limite du premier palier, là où les derniers arbres inversées poussaient du plafond. Dans quelques mètres seulement, ils arrivaient à la forêt enchantée, mais ce n'était pas là leur destination. Ozen les emmena à l'observatoire. Ce n'est sans surprise qu'elle le découvrit vide, la porte défoncée. Son scepticisme avait déjà prévu celà. Ozen dégaina son épée lourde et entra en baissant la tête sous le chambrale. La pièce était retournée. Les meubles fracassés, les livres éparses sur le sol, les feuilles arrachés. Les vases qu'elle avait sculpté sous la tutelle du vieux Hakaba gisait au sol, brisé en morceaux.

- Qu'est ce qui est arrivé ici.. ? Demanda fébrilement la guérisseuse.

- Pépé !  Héla Ozen. Pépé Hakuba ! Es tu là ?

Aucune réponse. Ozen fit le tour des pièces et confirma à ses collègues qu'il n'y avait personne. Sourcils froncés, main crispée sur la garde de son épée, Ozen ressortit en trombe. Les Tanaka et les autres explorateurs emboîtèrent son pas alors qu'elle fusait vers les plaines rocheuses, à la recherche de son maitre. Il n'y avait pas de sang dans la pièce, ce qui laissait croire qu'il n'y avait pas eu de blessé. Ozen n'avait pas vu des traces de combats non plus. Les connards qui ont retourné la pièce cherchait quelque chose que son pépé cachait. Mais quoi ? Où était il ? Allait il bien ?
Ozen freina tout sentiment de peur qui menaçait de la faire paniquer. Elle ne laissa pas l'inquiétude la gagner. Garder la tête froide devenait crucial dans les situations similaires. Elle devait rester vive, garder son esprit critique et se fier à ses instincts pour trouver son vieux pépé. Elle devait surtout agir vite au cas où sa vie dépendait de leur vitesse d'action. De leur intervention.
Elle ne devait pas perdre son temps.

Souvenirs ( Basé sur un rôle play )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant