Une conversation autour du feu de camp

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La nouvelle avait déjà fait le tour du camp. Tout le monde était au courant. Un sifflet noir a été gravement blessé. Déjà le deuxième en une journée, après le Lysters, c'était le Tanaka. sauf que cette fois on ne savait pas s'il s'en sortirait.
Dans le camp des Tanaka, régnait un silence trouble. Les héritiers, pour la plupart, étaient assis autour du feu, les yeux rivés vers les flammes. C'est Daisuke Tanaka qui leur avait rapporté la nouvelle, lui-même s'était installé avec eux et s'était enfuit derrière ses mains. Il était bien le seul à s'inquiéter, en plus d'Arima. L'épouse de Ryuu serrait Rin, son fils, contre elle en priant le ciel qu'on vienne en aide de son cousin Satoshi, car eux ne pouvaient rien faire pour lui.
Non, c'était faux. Ils pouvaient faire quelque chose. Un tout petit geste pour montrer qu'ils pensent à lui. Ils pouvaient venir le voir, assurer la sécurité de la tente où il était pris en charge, mais aucun ordre de ce genre ne leur a été donné. Leur chef leur avait ordonné de se tenir à l'écart des évènements et de ne pas s'y mêler.
Le chef en question était là, silencieux. Ryuu Tanaka observait les flammes danser en caressant distraitement la tête de Rotaru, allongée à ses pieds. Le loup était si grand que le sifflet noir n'avait pas besoin de se pencher, la tête reposée de l'animal touchait sa main.
Soudain, Kazumi brisa le silence :

- C'est mieux ainsi, non ?

Ryuu détacha les yeux du feu pour les poser sur sa cousine. Kazumi ne feignait pas d'être touchée par la nouvelle, elle souriait de toutes ses dents. Aiko se tenait à côté d'elle, fermée comme une tombe.

- Que veux- tu dire par là Kazumi ?

- Ne fais pas l'idiot Ryuu. On sait tous que ça te convient parfaitement bien que les choses finissent de cette façon. Et t'es pas le seul ici apparemment !

- Qu'est ce que tu es encore en train de raconter comme sottises, Kazumi ? S'écria Daisuke en relevant brusquement la tête vers elle.
Loin d'être surprise, Kazumi sourit de plus belle. Elle épela ses mots pour que tout le monde le comprenne:

- De la mort de Satoshi, bien évidemment. Elle nous arrange tous.

- Comment ose tu ! Balbutia Daisuke, en colère. Comment oses tu parler ainsi de ton cousin blessé ! Comment peut tu lui souhaiter tant de mal ? Pourquoi tant de haine ? Qu'est ce qu'il t'a jamais fait à toi ?

- À moi ? Rien de spécial, mais à vous ? À toi Daisuke ? À ton frère et ta sœur ? À votre père qui ne s'en est jamais remis ? À votre mère qui s'est donné la mort à cause de lui ? Ta sœur pourra te raconter l'histoire de nouveau, tu sembles l'avoir oublié..

Tout à coup le regard de Kazumi se plissa, il rappela celui d'un serpent qui se préparait à planter ses crochets dans sa proie:

- À force d'écouter les âneries de la Lysters tu n'as plus d'espace pour envisager comme il faut ! elle t'a rempli la tête de bêtises jusqu'au plafond et a bouché tes deux oreilles ! Tu as oublié ce qui était important et pour qui tu devais être loyal ! Satoshi est notre ennemi commun, il l'est tout autant pour toi !

Daisuke, sous les regards appuyés de son frère et de sa sœur, se ratatina, vidé de son courage. Kazumi s'était approché de son fiancé, devant lequel elle s'accroupit. Elle prit délicatement son visage dans ses mains aux yeux de tous.

- Daisuke.. Mon pauvre Daisuke. Regarde bien tout ces visages autour de toi. Ne remarque tu pas que tu es le seul à te faire réellement de la peine pour Satoshi ? Regarde bien encore une fois, est ce que tu vois du chagrin sur ses traits graves et fermés ? Moi je n'y vois que du soulagement.

- Il a souillé notre famille, murmura Aiko pour la première fois. Pour l'affront qu'il a commis, il ne mérite pas de vivre. Le pardon du seigneur ne devait jamais lui être accordé. S'il meurt, bon débarras. La justice s'est faite delle même.

Souvenirs ( Basé sur un rôle play )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant