Souvenirs ( Basé sur un rôle play )

Tili -1-

Début du souvenir

Les Tanaka étaient connus d'abriter les chats errants et d'en prendre soin quand personne n'en voulait. Cette tradition remontait à la première dynastie du seigneur Ryota qui avait un tigre ailée comme familier et compagnon de chasse. À la mort du félin, le seigneur l'avait fait enterré dans le cimetière royal, près de la tombe où il se reposera quand son temps sera écoulé. Ainsi, les Tanaka vénérait les chats qu'ils considéraient comme des amis. Chacune des maisons avait au moins un ou deux chats qu'ils nourrissaient et logeaient chez eux quand il pleuvait ou faisait froid. Il neigeait souvent au mont Kanori, là où était bâti le domaine des seigneurs solaires.

Eux aussi, avaient des chats. Plein de chats qu'il adorait même si les félins ne voulaient jamais jouer avec lui ni même le laisser les caresser. C'était des vieux matous que son père avaient un jour recueilli au marché et offert à sa mère. Ces chats étaient là avant qu'il ne soit venu au monde, ils étaient pratiquement ses aînées et se comportaient comme tels. Quand il essayait de les toucher, les chats changeaient de place, certains moins patients, lui mettaient des coup de pattes avant de se déplacer, agacé par son insolence. Ça rendait le petit Satoshi triste qu'ils ne veulent pas de lui car lui les adorait, il n'avait jamais compris pourquoi les chats ne l'aimaient pas. Ceux là encore, le connaissaient, ils habitaient sa maison depuis toujours et savaient qu'à part vouloir pétrir leur pelages, Satoshi ne leur fera  jamais de mal. Les réactions des chats de rue à sa vue étaient bien pire. Ils hissaient, hurlaient comme s'ils avaient tout à coup été atteint de folie puis s'enfuyaient, les poils hérissés sur le dos. Bien-sûr, Satoshi ne voyait pas ces images comme il était aveugle, ce n'était pas forcément mieux comme il entendait et comprenait tout. Il sentait la peur qu'il inspirait à ces pauvres créatures. Il n'avait jamais compris pourquoi. C'est son père qui lui conseilla d'utiliser la nourriture pour amadouer les chats, parce qu'ils étaient gourmands et aimaient ceux qui les gâtaient. Satoshi passa à l'essai tout de suite avec le vieux gros chat de la maison, qui le toisa comme s'il l'insultait avec le poisson qu'il avait posé devant lui. Le chat se leva et partit s'allonger mollement dans le jardin. Ça fit bouder encore plus le garçon. Les chats le détestaient.

Ça se passa un jour alors que son père l'avait emmené s'entraîner avec lui au bord du lac. Ils sortaient tôt le matin et ne revenait que le soir quand le soleil se couchait. Satoshi n'allait pas à l'école des chasseurs comme les jeunes Tanaka de son âge. Pour une raison qui échappait à l'enfant qu'il était, les adultes ne voulaient pas qu'il côtoie leurs enfants. Ils étaient souvent odieux avec lui, sans vraiment le vouloir des fois. Comme les chats, ils ne l'aimaient pas. C'est ses parents qui s'occupaient pleinement de son éducation. Il s'entraînait au combat avec son père en dehors du domaine, dans la nature. Il y avait une raison à ce choix de la part de Osamu Tanaka. Il voulait apprendre à son fils à utiliser son entourage à son avantage, il lui apprenait aussi comment survivre à l'abysse malgré son handicap . Il devait remplacer son sens manquant par des compétences acquises. Leurs entraînements pouvaient être long et très difficile, Osamu revenait souvent à la maison avec son fils éreinté, endormi sur son dos, ce qui consternait sa mère Sachiyo. Mais revenons au présent.
Leurs sabre en bois se croisèrent. Satoshi parait les attaques de son père, ce dernier n'y allait pas doucement. Le garçon manqua quelques coups et grimaça quand le bois mordit violemment ses doigts ou ses bras. Son père ne lui laissait le temps de réagir à la douleur, consolidant sa concentration au combat. Entendant le sifflement, Satoshi utilisa son avant bras pour arrêter le bois avant qu'il ne touche son visage et passa à l'offensive. Son père était trop agile pour lui, son sabre traversa le vide mais ne s'arrêta pas. Ayant entendu l'herbe crisser à sa gauche, il finit son coup en tournoyant son sabre en bois dans cette direction. Il rencontra l'arme de son père.

- C'était un coup excellent, Satoshi.

- Vraiment ? Demanda Satoshi en rougissant, incrédule face au compliment.

- Ne baisse pas ta garde, fils.

Par instinct, le garçon se couvrit rapidement le visage d'un bras, or le sabre claqua contre ses côtes. Osamu Tanaka l'observa rouler dans l'herbe en sifflant entre ses dents.

- Si c'était une véritable lame tu seras mort. Ne laisse jamais rien te distraire.

- Oui, père.

Satoshi se releva en massant sa côte douloureuse. Pour l'énième fois il ramassa son sabre en bois et se prépara au combat qui dura une autre heure. Plus tard, Osamu Tanaka méditait près de la rive, droit et serein. Satoshi lui était jeté dans l'herbe, incapable de bouger le petit doigt. Le père avait remarqué que son fils commençait à s'endormir par la fatigue, il prévoyait de rentrer bientôt. Le père ramassa leurs armes quand soudain, Satoshi sauta sur ses jambes. Il tourna la tête vers la rive et tendit l'oreille.

- Papa ! Tu as entendu ?

- Oui.

C'était faible. Comme un jappement lointain. Osamu l'avait entendu une fois, puis rien. Il avait beau fouiller le lac des yeux et ses alentours, il ne voyait rien, mais son fils observait fixement le courant d'eau.

- Papa ! Quelque chose est tombé dans l'eau !

- Reste ici Satoshi. Ne t'en approche pas.

- Je l'entend pleurer papa ! Il est entrain de se noyer ! Il faut l'aider !

- Satoshi !

Trop tard, le petit Tanaka courait vers l'eau. Osamu s'élança à sa poursuite, il ne frôla que son col alors que Satoshi sautait dans l'eau. Bientôt sa tête rouge réapparut plus loin alors que le courant le tirait vers l'aval, il pressait quelque chose contre lui mais n'arrivait pas à rejoindre le rivage à la nage, l'eau était trop profonde pour lui. Osamu longea le lac à pas de course avant de se jeter dans l'eau à son tour. Il attrapa son fils sous le bras et le traina vers le gravier. Quand ils firent hors l'eau, Osamu sermonna froidement son fils qui l'écoutait à peine, la tête baissée, c'est à alors que le père remarqua la petite créature blotti contre les vêtements mouillés de son fils. Satoshi avait une expression émerveillée face au chaton qui tremblaient dans ses mains mais ronronnait bruyamment.

- Comment tu es arrivé là petite chose ?

- On devrait le sécher. Il tremble de froid.

Osamu utilisa leur serviette pour sécher le poil mouillé du chaton qui vrombissait comme un moteur. Il le donna ensuite à son fils qui hésita un peu avant de le prendre. Quand le chaton se frotta à son visage Satoshi laissa échapper un cri de joie. Il sourit à son père.

- Il .. il.. ne me déteste pas ! Balbutia l'enfant en cajolant le chaton affectueux. Il n'a pas peur de moi.

- Tu l'as sauvé. Et si ça se trouve c'est une elle ?

- Non c'est un petit garçon, comme moi !

Et Satoshi avait raison. Osamu se demandait bien comment il pouvait le savoir, mais aujourd'hui il le laissait tranquille. Ce ne fût pas le cas de Sachiyo quand elle apprit que son fils avait sauté dans le courant sans une once de réflexion, elle lui mit une de ces fessées qu'on n'oublie jamais, puis le laissa avoir le chaton.
Satoshi l'avait appelé Tili.