Un guérisseur accompli -1-

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Début du souvenir

Ses parents l'ont toujours jugé sur tout, mais particulièrement sur son choix de métier.
Ray Ether était guérisseur, un travail que ses parents trouvaient très efféminé. Il aurait dû devenir combattant, comme son père et sa sœur, ou chasseur comme son oncle et son grand père. Mais non, le fils indigne avait choisi le soin qui était réservé aux femmes. Ils se sont toujours disputé dessus, si bien que leur relation s'était empoisonnée et les ponts furent coupés entre les parents et les enfants. Sa grande sœur, Ollie, avait pris sa défense et avait quitté la maison avec lui. Je ne vivrai pas avec des vieux aigris qui ne respectent pas les choix de mon frère, lui disait-elle à chaque fois quand il lui demandait pourquoi elle avait fait ça. Mon petit frère adoré, ajoutait-elle en lui embrassant le front.
Il n'y avait plus qu'Ollie dans sa vie, et Ray s'était juré de la protéger jusqu'à sa mort.

Ray avait étudié assidûment. C'était des nuits blanches qu'il a passé sous la lumière des bougies, apprenant page sur page ses cours. Aux pratiques, il descendait aux l'Abysse et aidait ses coéquipiers, et il se débrouillait bien. Sa joie était incomparable quand on lui annonça son appartenance à l'ordre des Sifflets. Désormais il était Sifflet Blanc, mais Ray était très ambitieux. Il travaillait comme un décharné pour devenir Sifflet vert, puis violet, puis.. Noir. C'était son rêve. Devenir un Sifflet Noir.

Les Sifflets Noirs étaient un peu les vedettes du pays. Le luxe était leur langage courant. On les respectait plus que tout, même plus que le conseil du sénat, ce qui était fascinant. Si Ray devenait Sifflet Noir, il pourra payer à sa sœur tout ce dont ils avaient manqué quand ils étaient jeunes. Car ils avaient vécu dans la misère. Ils s'en sortaient mieux depuis que Ollie est devenu combattante. Elle s'était même acheté un petit appartement où ils habitaient tout les deux, après avoir quitter le nid familial.

À dix sept ans, Ray fût nommé Sifflet Vert. Ollie lui avait offert un chaton, car Ray adorait les chats.
Il s'était passé plein de choses pendant ses dix septs ans, des bonnes et des mauvaises choses. Des bonnes, comme par exemple,qu'il a enfin fini par trouvé son âme sœur, mais ça, c'est pour après. Et les mauvaises..
Sa famille s'était endettée aux Tanaka.

La famille Tanaka était une des plus grandes familles à Illubu, membre du sénat et une des quatres familles fondatrices de la Guilde. Les Tanaka étaient des chasseurs, facilement reconnaissables pour leurs long cheveux plus rouges que le feu et leurs yeux plus dorés que l'or le plus pur. S'ils étaient d'une beauté à couper le souffle, leur égo était démesuré et leur coeur, plus dur que la pierre. Surtout avec ceux qui ne sont pas de la famille et les pauvres. Les Ether remplissaient les deux conditions.

L'affaire était passé devant le tribunal. Il s'agissait d'un prêt non remboursé qui datait de plusieurs années mais qui avait été mis sous silence, sous la promesse des Ether de servir les Tanaka. Mais le grand-père de Ray et d'Ollie avait décidé de mettre fin à ce contrat dégradant, et depuis ils vivent dans la misère et la pauvreté, versant chaque mois au Tanaka l'argent dû en l'arrachant de leur bouche. À présent, c'était au tour d'Ollie de payer. Ray l'aida depuis qu'il commença à travailler. La haine qu'il ressentait envers ses seigneurs aux cheveux rouges étaient indescriptible. Il les haïssait pour les mépriser et leur compliquer la vie, eux qui ne manquaient de rien. Ils n'avaient aucune dignité, d'après lui. Voler les pauvres n'était pas digne. C'étai dégoûtant.

- Je les déteste, finit-il par dire un jour alors qu'il préparait son sac. Demain, il descendait à l'Abysse.

- Tu ne peux pas dire ça, répondit Ollie qui caressait Boule de poils sur ses genoux.
C'était le nom du chat de Ray. Le chat blanc jouait avec la tresse noire d'Ollie. Frère et sœur avaient les cheveux sombres comme le charbon, et les yeux verts comme la menthe la plus fraiche du pays.

- Ils ne sont pas tous mauvais.

- Alors donne moi un seul nom, la défia Ray. Un seul Tanaka qui n'est pas égocentrique, égoïste, orgueilleux, narcissique, prétentieux, méchant, hostile, froid, sans cœur..

- Facile, le coupa Ollie. Le couple Osamu et Sachiyo Tanaka. Ils sont très gentils.

- Tu les connais ?

Ollie hocha la tête, toujours assise sur le canapé, avec le chat sur les cuisses.

- Oui, monsieur Osamu a accepté de me prendre comme disciple..

- Quoi ?? Suffoqua Ray. Par des Tanaka ? Sérieux, Ollie.. ! Tu as oublié ce qu'ils nous ont fait vivre.. !

- Ray, l'arrêta sa sœur, ferme. Tu vas te calmer tout de suite. Je t'ai dit qu'ils ne sont pas mauvais, surtout pas eux. Ils se sont séparé de la famille.

- Je n'y crois pas, fit Ray avec une grimace dégoûtée. Ils veulent te piéger.

- Tu délires, mon frère.

- Ils vont sûrement te tuer ! et t'offrir à leur satané dieu. Tu sais qu'ils le font, notre arrière, arrière, arrière grand père a été sacrifié, parce qu'il a lavé les pieds d'un seigneur avec une eau plus chaude qu'elle ne devait l'être..

- Ray. Ils ne vont pas me tuer. Pourquoi est ce que tu ne m'écoutes pas ? Je viens de te dire qu'ils ont coupé les ponts avec la famille. Monsieur Osamu tient un dojo, il y entraine les enfants du village à se battre avec un katana.

- Si même les Tanaka, ces prétentieux et impitoyables tueurs, ne veulent pas d'eux, c'est qu'ils sont pires qu'eux..

- Tu parles sans utiliser ton cerveau, Ray, lui reprocha Ollie. Tu veux dire qu'on est pire que nos parents ? Nous aussi, nous nous avons coupé les ponts avec eux.

Ray se tut. Quoi répondre à ça ? Rien. Ollie avait toujours le dernier mot, et décidément elle en était fière, car elle sourit.

- Ne t'inquiète pas, Ray, finit elle par dire. Il ne m'arrivera rien. Monsieur Osamu et madame Sachiya sont adorables. Ils ont un fils, il est.. Aveugle, mais il est exceptionnel. Tu devrais le rencontrer.

- Peuh, pas intéressé. Je ne veux rien à voir avec les Tanaka.

- Il aime les chats.

- Sans façon, Ollie, s'irrita Ray. Je préfère mourir que d'être ami avec un Tanaka.

Ils leur ont fait beaucoup de mal, à lui, à Ollie, à ses parents, à toutes des générations avant eux. Ray n'était pas près à sympathiser avec eux, pas après ce qu'ils ont du vivre à cause de leur égoïsme et méchanceté.
Mais la vie est pleine de surprise. Ray allait bientôt le découvrir.. Contre son gré.

Souvenirs ( Basé sur un rôle play )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant