Souvenirs ( Basé sur un rôle play )

Ailes d'ange

Il avait capté le regard qu'elle avait lancé dans sa direction alors qu'ils étaient réunis sous la tente des sifflets noirs, discutant les prochaines chasses au nid. Quand la réunion prit fin, elle tourna les talons et sortit de la tente.
Baron ne mit pas beaucoup de temps à la rattraper, quittant à son tour le camp et s'enfonçant dans l'obscurité de la nuit.
Xan-li était là, debout face au précipice. Devant elle, des silhouettes sombres se découpant dans le gouffre abyssale. Les arbres titanesques poussant à l'envers du premier palier. Un spectacle épouvantable si on était pas habitués aux bizarreries de l'abysse. Pour les sifflets noirs le tableau était familier. Cela rappelait à Baron les longues conversations qu'ils avaient entretenu dans leur vie passée. Qu'il s'agisse de prendre une grande décision pour le village ou de débattre un problème. Ou simplement de discuter avec l'être aimé dans un endroit isolé. De se détendre en sa présence. Chose que Xan-li faisait déjà si rarement.
La femme Ursul avait les bras croisés sous une cape en peau de biche qui protégeait ses épaules du froid. Son visage aux joues creusées était austère comme la pierre. Baron la trouvait changé, la femme de ses souvenirs avait l'air fatiguée aujourd'hui, éreintée. Le temps avait marqué son visage mais pas autant que la fatigue. Il a dû se passer beaucoup de choses pendant ces dix huit ans de séparation.
Xan Li ne le regarda pas quand il s'arrêta à ses côtés, comme si elle n'avait pas remarqué sa présence. Ils ne se dirent rien, scrutant l'horizon immobile et lointain.
C'est Xan li qui brisa le silence.

- Excuse moi de t'avoir extirpé auprès de tes amis si soudainement.

- Tu n'as à pas t'excuser Chan, lo sabes bien, dit Baron en se penchant un peu vers elle. Comment tu vas ?

- Tu vois de toi même.

Le pressentiment de Baron était juste. Il y avait bel et bien une barrière de givre entre eux, dont il n'était pas le constructeur. Xan li avait érigé une forteresse de glace autour d'elle. Il se demanda si c'était juste avec lui avec tout le monde, elle lui avait semblé distante avec sa propre famille.
La femme regarda les arbres au loin, imperturbable. Baron pouvait entendre Le remous de ses pensées, finalement elle n'était pas si détachée qu'elle voulait lui faire croire. En remarquant le petit sourire de Baron, Chan soupira.

- Désolée, je me suis pas tout à fait préparée à ça. Je ne sais pas comment je devais te parler Baron. Je ne pensais pas te revoir un jour.

- Figure toi que moi non plus.

- C'était ma décision après tout, murmura Xan-li en baissant les cils sur le goufre. J'ai décidé de te quitter pour un autre.

Baron se souvient de la colère et la dévastation de Xan li quand elle avait appris qu'il était infertile, qu'il lui avait caché qu'ils ne pourraient jamais avoir d'enfants ensemble. Il se souvint aussi de sa propre tristesse résonnant dans ces lointains souvenirs. C'était bien la première fois qu'il souffrait d'un cœur brisé. La séparation l'avait blessé plus qu'il ne voulait l'avouer. Le sentiment de trahison et l'abandon était tout ce qu'il ressentait quand il pensait à Xan li, il avait pensé qu'elle était égoïste, qu'ils auraient pu trouver une autre solution au lieu de tout lâcher. Aujourd'hui les choses ont changé, autant pour elle que pour lui. Avec le temps Baron commença à comprendre sa décision, en tant que cheffe elle voulait avoir un héritier à qui elle pouvait léguer sa place, une épaule sûre sur laquelle elle pouvait s'appuyer au moment venu. En même temps elle n'avait pas voulu blesser Baron en le trompant, alors elle a choisi d'être sincère et de le laisser partir plutôt que de le dénigrer. D'une certaine façon, elle l'avait préservé d'une douleur supplémentaire. Même si à l'époque, il ne le voyait pas ainsi.
Baron toucha gentiment son épaule.

- C'est trop tard pour les regrets, tu ne penses pas ?

- Je ne vis pas un seul jour sans regretter Baron, soupira Xan Li. On aurait pu..  non. J'ai fait ce qui était de meilleur pour nous deux. Regarde toi, tu es heureux. Et moi j'ai ce que je voulais. J'ai un fils, Lihan. Il a quinze ans.  Tu l'as vu ?