Enfant de lumière

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Début du souvenir

Ray tira sur le dernier bout du bandage autour de sa main. Il l'agrafa à la gaze blanche pour le maintenir en place. Satoshi le laissa faire sans protester, il s'était habitué à ce que ce soit Ray qui le soigne.
Il faut dire qu'il faisait du progrès.  Il y a quelques mois, Satoshi n'arrivait pas à chasser l'angoisse logée dans son ventre quand Ray sortait sa trousse de soin ou essayait de de traiter ses plus petites égratignures. Ça a été toujours plus fort que lui. Mais maintenant, Ray pouvait travailler sur lui sans qu'il s'agite, ou tente de lui échapper. Il savait qu'il ne voulait pas lui faire mal.
Ray qui finissait de sceller le bandage, leva la tête vers lui. Pas besoin de le regarder, Satoshi percevait ses gestes à cette proximité, aussi bien comme s'il les voyait. Il sentait aussi ses regards appuyés sur lui.

- Je t'ai dit que ce n'est pas grave, lui répéta calmement Ray. Ne fais pas cette tête de condamné.

- Désolé.

- Qu'est ce que je t'ai dit, rouquin débile ? Pas de désolé entre nous.

- Je devrais aider Ollie à ramasser les débris, murmura Satoshi.

- Avec ta main coupée ? Ironisa Ray. Elle voudrait pas de ton aide. Tu bouges pas d'ici.

C'est Ollie qui leur avait ordonné de s'enfermer dans la chambre de Ray avec tout les chats. Boule de poils était installée entre les jambes croisés de Satoshi, la tête sur son genou. Les ronronnements de moteur que provoquait la bobine de chat , étaient vibrants et apaisants. Satoshi caressa affectueusement sa petite tête ronde.

C'était de sa faute.
Jiji, le chat noir d'Ollie, avait fait tomber un pot de jasmins sur le parquet. Le vacarme l'avait fait sursauté puis reculé violemment contre l'horloge en bois, son dos avait heurté le lourd meuble qui chuta droit sur l'étagère vitrinée. Elle s'était écroulé en une seule masse explosive sur le sol. Il s'était blessé en essayant de rattraper désespérément son erreur. Il n'a rien sauvé, mais s'était ouverte la paume contre un triangle de verre. C'est la blessure que Ray avait nettoyé d'éclats tranchants à l'aide des pincettes et bandé. Il avait pesté contre tout, meubles dangereux, pots de fleurs mal placé, chats agités. Tout était en faute. Sauf lui.

- Voilà, fini, annonça enfin Ray dans un soupir. Mais avant que Satoshi ne dise quoi que ce soit, il poursuivit, sur un ton de menace bien propre à lui quand il voulait mettre Satoshi en garde:

- Ne pense même pas à enlever le bandage, Sato. Je vais te surveiller.

Satoshi sourit. Il sentit alors les doigts de Ray effleurer ses lèvres. Son cœur palpitait déjà un peu plus fort que d'habitude.

- Ça te va de sourire.

Ce n'était pas la première fois qu'il le lui disait, et ça ne manquait pas de lui faire plaisir à chaque fois. Même si Ray devait être le seul à le penser, c'était plus qu'assez pour que Satoshi se sente moins affreux, moins laid. Quelque chose en lui plaisait. Plus important encore, elle plaisait à Ray.

Satoshi devina son intention avant que Ray ne fasse quoi que ce soit. Ce silence subit, où vibrait la tension, était le premier présage. Soudain,  l'air manqua dans la pièce, ou c'était que dans ses poumons ? Satoshi ne suffoqua jamais, pourtant. Ray partagea son souffle avec lui. Sa bouche lui redonnait vie à chaque fois.
D'une main, Satoshi écarta - avec infini précaution - boule de poils de ses jambes et prit le visage de Ray entre ses doigts pour mieux savourer la chaleur de ses lèvres. Ray faisait reculer sa tête à chaque fois qu'il intensifiait leur baiser, le poussait à le désirer. La brûlure de sa paume blessée était insignifiante à côté du feu qui consumait son cœur à chaque fois qu'il touchait Ray, qu'il l'entendait, le sentait contre sa peau.
Son existence était la seule bénédiction que la vie lui avait accordé.

Souvenirs ( Basé sur un rôle play )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant